Si des prises anarchiques de nourriture dans le temps entraînent un surpoids, ce n'est pas parce qu'elles nous incitent à manger plus. Mais parce que, absorbé au mauvais moment, le même nombre de calories n'est pas métabolisé de la même façon.
La ronde des hormones
"Les êtres vivants ont une activité cyclique (exemple : le jour et la nuit)", explique Alain Géloën, directeur de recherches au CNRS et conseiller en communication pour Beiersdorf.
"Le cerveau joue le rôle d'un chef d'orchestre car il possède une horloge biologique qui synchronise les cycles de chaque tissu de notre organisme. Or une étude vient de montrer qu'il est possible de stopper le cycle journalier du tissu adipeux en empêchant un gène de ce tissu (Arntl) de s'exprimer sans toutefois changer l'horloge biologique située dans le cerveau. On observe alors que les souris dont on a modifié le gène ont des adipocytes qui grossissent bien plus que ceux des souris témoins. Plus extraordinaire encore, le cycle de prise de nourriture est très altéré."
Les animaux se nourrissent alors à n'importe quelle heure, ne recevant plus de signal de satiété envoyé traditionnellement vers le cerveau par le tissu graisseux.
L'importance du rythme biologique
"Ces travaux prouvent donc l'importance des rythmes biologiques dans le développement de l'obésité", ajoute le Pr Géloën. Exemple concret : la plupart des journalistes obligés de se lever très tôt pour les émissions du matin, et donc de prendre leur petit déjeuner en pleine nuit, grossissent sans rien ajouter à leur menu. "Cela démontre que les cycles de certains tissus (comme ici le tissu adipeux) sont capables d'influencer fortement l'activité du cerveau. En fait, celui-ci est loin d'être le chef d'orchestre totalitaire que l'on croyait."
"Certains organes en effet ont également leur propre horloge locale, explique Étienne Soudant, directeur scientifique de Peaux-Cibles. Toutes ces horloges sont sous la dépendance de synchroniseurs qui sont chez l'homme l'alternance jour-nuit et les impératifs de notre vie en société. Si on décale ces synchroniseurs qui règlent nos horloges sur un rythme circadien (plus ou moins vingt-quatre heures), les sécrétions hormonales se font à contretemps et notre organisme fonctionne mal.
On se rend compte de l'importance du phénomène quand il s'agit de prendre des médicaments, de gérer la douleur ou de favoriser des performances physiques. On a encore beaucoup à apprendre en ce qui concerne la gestion du poids. Mais on sait déjà que les horaires de repas font office de synchroniseur pour la lipogenèse (stockage) ou la lipolyse (déstockage). On doit les prendre à la bonne heure (toujours approximativement la même)... et non pas n'importe quand."
D'autres voies de recherche
"Les adipocytes peuvent peut-être fonctionner comme notre moral et souffrir de dépression saisonnière, poursuit Étienne Soudant. Celle-ci est provoquée par des sécrétions hormonales incorrectes quantitativement et qualitativement au niveau du cerveau."
Pourquoi l'adipocyte ne serait-il pas lui aussi "déprimé" ? Et pourquoi cela ne le ferait-il pas grossir ? La luminothérapie pourrait alors aider à le resynchroniser. Isabelle Benoît, directrice scientifique d'Esthederm, pense que si l'on régule ses heures de repas afin que deux hormones, celle qui stimule l'appétit (la ghréline) et celle qui gère la satiété (la leptine), aient le temps de faire remonter ce message au maître horloger du cerveau, le poids devrait rester stable.
Vous l'avez compris : pour maintenir un équilibre pondéral, en attendant d'en savoir un peu plus, les nutritionnistes déclarent avec une belle unanimité l'importance de repas structurés et écouter son corps. Plus facile à dire qu'à faire !
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