Insomnie, comment faire pour (re)trouver le sommeil ?

team hibou insomniaques
Près de 18% des Français sont insomniaques, selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Les répercussions sont importantes : fatigue, manque de concentration, irritabilité, prise de poids ... Et les somnifères ne sont pas la solution.

L’insomnie correspond à une insuffisance de sommeil en quantité ou en qualité. Elle se manifeste de différentes manières selon les personnes : difficultés d’endormissement, éveils nocturnes multiples (plus d’une heure au total par nuit) ou réveils matinaux trop précoces, avec le sentiment d’être encore fatigué.

Certaines insomnies sont transitoires, liées à un évènement perturbant (période de stress intense, déménagement, deuil…), d’autres sont récurrentes. On parle aussi d’insomnie chronique lorsque ces troubles surviennent plus de trois fois par semaine depuis au moins trois mois.

Des causes médicales ou psychologiques

Certaines maladies chroniques, sources de douleurs ou de difficultés respiratoires (asthme, apnées du sommeil…), sont génératrices d’insomnies régulières. Les maladies neuro-dégénératives, comme Parkinson ou Alzheimer, peuvent aussi nuire au sommeil bien avant que les symptômes ne soient diagnostiqués. "Une dépression est également souvent associée à l‘insomnie", constate le Dr François Duforez, du Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu, à Paris. Plusieurs études ont en effet montré que les patients dépressifs ont un risque d’insomnie 7 à 10 fois plus élevé que les autres.

Mais dans nombre d’insomnies sévères, une trop grande activité cérébrale est en cause. Les sujets restent même le soir en état d’hyper-éveil, ce qui les empêche de basculer facilement dans le sommeil. Et lorsqu’elles y parviennent, leurs phases de sommeil profond sont écourtées, d’où un repos peu récupérateur. Ce mécanisme serait du à une mauvaise réponse de l’organisme au stress.

Insomnie chronique ou occasionnelle, comment les diagnostiquer ?

Si la prise de plantes sédatives (valériane, passiflore,…) et de mélatonine ne suffit pas, il faut consulter un médecin spécialiste du sommeil. "Le diagnostic s’apparente à une véritable enquête, remarque le Dr Français Duforez. Interroger le patient est fondamental pour différencier les insomnies des problèmes d’horloge biologique (retard de phase ou avance de phase) et identifier une éventuelle cause organique de type respiratoire ou neurologique".

Tenir un agenda du sommeil durant 3 à 4 semaines permet de mieux cerner les conditions de survenue des troubles, leur fréquence et leur sévérité car le ressenti est parfois différent de la réalité. Le contexte familial et l’environnement (chambre à coucher trop bruyante, lumière trop vive, température de la pièce trop élevée…) doit aussi être passé au crible.

Quelques examens peuvent être réalisés dans des centres spécialisés (polysomnographie, polygraphie ventilatoire,…) pour évaluer précisément la structure du sommeil ou en cas de suspicion d’apnée du sommeil.

Pas de somnifères à long terme

La prise de somnifères est le traitement le plus prisé des Français contre l’insomnie*, mais leur usage ne doit être que ponctuel : deux à trois semaines maximum (ou quelques jours dans la semaine en traitement discontinu). S’ils sont efficaces contre les insomnies occasionnelles, leur consommation au long cours est néfaste car ils induisent une accoutumance psychologique et une dépendance physiologique.

En outre, ils génèrent des effets indésirables, en particulier des pertes de mémoire et un risque accru de démence cérébrale. Une étude de l‘université de Bordeaux a clairement montré en 2014 que consommer des benzodiazépines plus de trois mois d’affilée augmente de 51% le risque de développer une maladie d’Alzheimer. "Le sommeil chimique provoqué par les somnifères n’apporte aucun des bénéfices du sommeil naturel, estime le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences. Il induit même des troubles du sommeil dont des pauses respiratoires néfastes pour la santé".

Il est désormais établi que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont aussi efficaces que les médicaments sur le moyen terme, et plus efficaces sur le long terme. "Elles permettent de reprogrammer le sommeil et d’assurer une bonne consolidation des nuits", explique le Dr Duforez.

Revoir son hygiène de vie

Quelques ajustements simples de son mode de vie permettent d’améliorer considérablement la qualité de son sommeil. Un dîner trop copieux, la consommation abusive de caféine ou d’alcool, la pratique d’une activité sportive après 19h00 ou une chambre surchauffée perturbent le sommeil. Mieux vaut donc y renoncer. De même, les smartphones et les jeux vidéo sont à bannir au-delà de 20 heures quand on est insomniaque, car la lumière bleue qu’ils émettent dérègle notre horloge biologique.

Il est donc préférable d’oublier son portable et d’instaurer un temps de détente avant de se coucher pour faciliter le lâcher-prise préalable à l’endormissement. Avoir des heures de sommeil irrégulières – surtout celle du lever – est aussi une mauvaise habitude dont il faut se sevrer pour renouer avec les bras de Morphée.

* Plus de 6 millions de boites environ sont vendus chaque année selon la Caisse nationale d’assurance maladie.

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