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La chronique « poches » de François Angelier, spécial JO de Berlin 1936 : Jérôme Prieur, Alain Foix et Jérôme Bimbenet

Le journal des lectures en poche du journaliste.

Publié le 06 juillet 2024 à 16h00 Temps de Lecture 2 min.

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« Berlin. Les Jeux de 36 », de Jérôme Prieur, préface de Johann Chapoutot, La Bibliothèque, « En poche », 196 p., 10 €.

« Jesse Owens », d’Alain Foix, Folio, « Biographies », inédit, 288 p., 9,90 €, numérique 9,50 €.

« Leni Riefenstahl. Le Cinéma d’Hitler », de Jérôme Bimbenet, Texto, 384 p., 11 €.

En Allemagne, l’année 1936, les jeux sont faits : Hitler, autocrate fiévreux et tressautant, règne. Des chemins de fer aux bacs à ­sable, des camps de vacances aux camps de concentration, tout est à la discrétion du parti nazi. Berlin, juin 1936, les Jeux sont à faire et le seront selon les critères propres à l’hitlérisme : spectacle d’un pays où ne traîne aucun papier gras (entendez des tracts marxistes), où la politesse à poigne règne, mise en place par les légions de chômeurs d’un décorum olympique colossal, organisation de chorégraphies monstres, exercices gymniques et retraites au flambeau.

Goebbels, montreur d’ombres brunes et ministre-illusionniste, vend à la planète une Allemagne souriante, musclée et bien nattée. Albert Speer sera, lui, le concepteur de « l’Olympiastadion », grand présentoir où faire évoluer et concourir la fine fleur d’athlètes allemands devenus les mannequins cabines de l’esthétique germanique, chevaux de concours du racisme biologique. Cette parade unique, l’écrivain et documentariste Jérôme Prieur lui a consacré un film, Les Jeux d’Hitler. Berlin 1936, documentaire dont un bref volume, ­titré, lui, Berlin. Les Jeux de 36, concentre le propos et accuse le tranchant historique. Par un enchaînement nerveux de brefs chapitres, maillon après maillon, le récit nous est conté : complaisance du Comité international olympique, nazification du sport allemand, ripolinage méticuleux des rues du Reich où tout devient souriant, affable et guilleret comme un jardin de poupée, édi­fication des monuments olympiques, mise en place surtout, grâce au cinéma et à un usage révolutionnaire de sa technologie et de ses capacités visionnaires, d’un récit olympique sans fausses notes ­ (signées Richard Strauss) ni crampes aux mollets.

Néanmoins, les deux triomphateurs, dans la durée et pour des raisons certes ­contraires, des Jeux olympiques de Berlin furent un Américain et une Allemande, un Noir de l’Alabama et la fille d’un plombier berlinois : Jesse Owens (1913-1980) et Leni Riefenstahl (1902-2003). Le premier, dont la vie inouïe nous est contée avec une ferveur érudite par l’écrivain et athlète Alain Foix, grippera à jamais, par ses quatre médailles d’or en six jours, la mécanique spectaculaire de l’olympisme nazi, coiffant au poteau, avec l’élégance tranquille et le swing d’un danseur du Cotton Club, tous ses frères de cendrée, notamment l’allemand Luz Long. Il finira sa vie dans le costume du directeur du personnel noir des usines Ford puis d’un imprésario des virtuoses basketteurs du Harlem Globetrotters.

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