Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« On tue les petites filles », de Leïla Sebbar : le feuilleton littéraire de Tiphaine Samoyault

Notre feuilletoniste a lu la réédition d’un essai saisissant de 1978 à l’aune de l’année 2024, lecture qui en révèle la dimension politique.

Publié le 11 juillet 2024 à 16h00, modifié le 11 juillet 2024 à 17h40 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

« On tue les petites filles. Une enquête sur les mauvais traitements, sévices, meurtres, incestes, viols contre les filles mineures de moins de 15 ans, de 1967 à 1977 en France », de Leïla Sebbar, préface d’Anne Schneider, Le Manuscrit, « Genre(s) et création », 348 p., 19,90 €, numérique 10 €.

DEHORS, LES TIGRES

J’ai commencé la saison 2023-2024 du feuilleton en parlant de Triste tigre, de Neige Sinno (P.O.L, prix littéraire Le Monde 2023), qui s’est révélé en être l’événement littéraire : ses résonances sociales et émotionnelles ont été immenses et ont témoigné d’un véritable changement de la société à l’endroit des crimes commis contre les enfants, et de l’écoute que celle-ci leur porte. Avant les vacances et en attendant la rentrée, je boucle donc cette saison en parlant d’un livre paru pour la première fois en 1978, chez Stock, que la publication de Triste tigre permet de lire de façon bien différente aujourd’hui : On tue les petites filles, de Leïla Sebbar, réédité aux éditions Le Manuscrit.

Lorsque Leïla Sebbar publie cette enquête conduite pendant dix ans, de 1967 à 1977, sur « les mauvais traitements, sévices, meurtres, incestes, viols contre les filles mineures de moins de 15 ans », elle n’est pas encore l’écrivaine prolifique, à l’aise dans tous les genres, que l’on connaît au­jour­d’hui. Elle n’est pas encore l’autrice de ces très beaux récits d’exil, d’intégration difficile, de mémoire de la guerre d’Algérie que sont la trilogie des Shérazade (Stock, 1982, 1985, 1991), La Seine était rouge (Thierry Magnier, 1999) ou Je ne parle pas la ­langue de mon père (Julliard, 2003). Elle est une parfaite inconnue qui vient de terminer ses études de lettres et commence à militer dans les groupes et les revues du mouvement féministe que l’on a appelé « de la deuxième vague », notamment dans la revue Histoires ­d’elles, aux côtés de Nancy Huston, de Luce Pénot, de Carmen Castillo, de Geneviève Brisac et de bien d’autres…

Alors que Leïla Sebbar commence à enseigner au collège et au lycée, elle se lance dans la longue collecte des témoignages et documents relatant l’ordinaire des violences faites aux enfants et, pour le cas qui l’occupe, aux filles. Elle rencontre des femmes en prison, en foyer, en PMI (protection maternelle et infantile). Elle se plonge dans les archives de la ­police judiciaire, parle à des juges, à des assistantes sociales, à des éducatrices, à des médecins. Elle croit à la puissance des récits. Expliquant sa méthode dans un avant-propos, elle précise n’avoir jamais été maltraitée elle-même ni s’être jamais trouvée en présence d’un corps maltraité. Mais elle écoute et elle retient.

Il vous reste 52.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.