Une bonne partie de mon enfance, j’ai été réveillée par ma sœur qui allait visiter le petit coin au moins une fois par nuit. Pourtant, moi, je ne me levais (et ne me lève) presque jamais. 

Alors, même si quitter les bras de Morphée pour aller se soulager à moitié endormi.e semble être une habitude que beaucoup ont, est-ce bien normal de se faire réveiller par une envie d’uriner ? 

“Non, ce n'est pas un problème”, rassure d’entrée Dr Sarah Beurrier, chirurgienne urologue à Paris, exerçant notamment à l’Institut de la femme et de l'endométriose. “Cependant, au-delà de deux levers par nuit, il faut se poser des questions”, prévient-elle. 

La nycturie, un symptôme handicapant 

Comme l’explique la spécialiste en urologie, quand les réveils causés par l’envie d’aller faire pipi sont multiples, on parle alors de nycturie (ou de polyurie nocturne). 

“La polyurie nocturne correspond à une hausse du volume d'urine produit la nuit, par inversion du rythme habituel (normalement 2/3 des urines sont produites le jour et 1/3 la nuit). Cette affection survient notamment chez les personnes âgées”, explicite le site de l’Assurance Maladie

“Attention, ce n’est pas une pathologie en soi, mais bien un symptôme”, nuance Dr Beurrier, avant de préciser que c'est un mal qui se retrouve notamment chez les personnes avec une vessie hyperactive ("la survenue d’urgenturies avec ou sans incontinence urinaire", traduit la Revue Médicale Suisse) ou présentant des pathologies telles l'hypertension, le diabète ou encore l'apnée du sommeil.

Réelle envie d'uriner ou habitude ?

Mais Dr Beurrier tempère, dans la plupart des cas, il s'agit surtout d'une habitude intégrée par notre cerveau.

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"Beaucoup de levers sont secondaires au besoin d’uriner. En réalité, c’est rare de se réveiller parce qu’on a envie. Généralement c'est plus 'je suis réveillé.e, donc je vais en profiter pour y aller'", partage-t-elle.

Selon la spécialiste, c'est notamment un phénomène bien connu des mères de familles. "Elles se lèvent plusieurs fois par nuit pendant des mois, voire des années pour s'occuper des enfants. Forcément, elles passent par les toilettes. Le corps mémorise ces levers caractérisés par les WC et en fait une habitude".

Et si ces réveils ne sont pas des habitudes ancrées, ils surviennent alors généralement chez des "personnes qui consomment des boissons diurétiques en fin de journée comme les tisanes", illustre l'experte (si aucune pathologie sous-jacente n'est existante).

Se retenir pour dormir : la mauvaise idée

Mais quel que soit la cause de ces levers et que l'envie soit secondaire ou non, il est tentant d'essayer de retrouver le sommeil rapidement afin d'oublier ce besoin et d'y répondre seulement une fois le matin arrivé.

Mauvaise idée, répond Dr Beurrier. "La nuit ou la journée, ce n'est jamais bon de se retenir d'uriner. C'est une mauvaise habitude que beaucoup de personnes ont", rappelle-t-elle.

"Si vous ne videz pas votre vessie régulièrement, les bactéries sont plus susceptibles de s'y loger et de s'y multiplier. Cela peut éventuellement se transformer en une infection urinaire. Dans de rares cas, l'urine peut même remonter dans les reins et entraîner une infection ou des lésions rénales", prévient Healthline.

Envie soudaine d'uriner la nuit : un changement qui doit alerter

De même, si vous n'avez pas l'habitude de vous lever pour aller aux toilettes la nuit, mais que soudainement la situation s'inverse, il est important d'aller consulter.

"Comme pour tout, si c'est un symptôme qui apparaît de nulle part, on doit s'alerter. C'est rare, bien sûr, mais il est bien de vérifier que ce ne soit pas un polype de vessie (une tumeur, ndlr). L'idée, c'est de toujours consulter un.e professionnel.lle de santé pour éliminer une cause grave", souligne Dr Beurrier. 

Enfin, la chirurgienne assure qu'on peut remédier à ces réveils nocturnes, s'ils perturbent trop le sommeil (quand ils ne répondent pas d'une pathologie).

"Pour oublier les envies pressantes la nuit, on peut réduire nos apports en diurétiques à partir de 17h. Je recommande également d'éviter les activités physiques intenses en fin de journée. Elles favorisent la déshydratation et n'offrent pas un sommeil réparateur", termine l'urologue.