On le retrouve dans toutes les armoires à pharmacie : le paracétamol est un médicament extrêmement courant. Qu’il apparaisse sous la forme de comprimé 500g, 1000g, effervescent ou en suppositoire, c’est même l’antalgique le plus prescrit en France.

Actif en trente minutes sur la douleur, le paracétamol est disponible sans ordonnance à la pharmacie. Toutefois depuis le 15 janvier 2020, il n’est plus disponible en accès libre dans les rayonnages. 

Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le paracétamol est plus dangereux qu’on ne le croit, notamment parce qu'il est généralement pris en automédication. 

Décryptage avec Matthieu Castelle, préparateur en pharmacie et le médecin généraliste et propriétaire du compte Instagram de vulgarisation médicale @docamine.

Le paracétamol est un anti-douleur

De la famille des antalgiques et des antipyrétiques, le paracétamol a effectivement un pouvoir d’action contre la douleur, mais aussi contre la fièvre

Mais, contrairement aux opioïdes, plus puissants, "cette molécule n’agit qu’à l’encontre des douleurs faibles à modérées”, précise Matthieu Castelle. Il est, par exemple, peu efficace sur les migraines chroniques.

Actif très rapidement, le paracétamol est efficace jusqu’à 3 ou 4 heures. “On sait que cela fonctionne, mais la science ne sait pas encore comment bien l’expliquer”, ajoute Doc Amine.

Ainsi, certaines théories arguent que le paracétamol pourrait agir positivement sur le système nerveux central en bloquant la synthèse des prostaglandines. D’autres voudraient qu’il délivre de la sérotonine, la molécule associée au bonheur, permettant de soulager l’effet désagréable liée à la douleur.

Le paracétamol ne soigne pas

Pertinent contre les maux de tête, les douleurs dentaires ou articulaires, les états grippaux ou les règles douloureuses, le paracétamol ne soigne pas. “Son but premier, c’est le confort contre la douleur”, explique le médecin.

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Ne prendre que du paracétamol dans le cadre d’une pathologie ou d’une blessure, sans la soigner par des traitements adaptés, peut même en aggraver l’état. 

“Si on se casse le bras, le Doliprane va soulager. Mais le bras sera toujours cassé !”, illustre le préparateur en pharmacie. 

Le paracétamol n’a pas (beaucoup) d’effet secondaire

Le paracétamol fait partie des rares “médicaments” à ne pas provoquer d’effets secondaires. 

Cependant, dans des cas très rares, le paracétamol peut provoquer, chez des personnes allergiques, une éruption cutanée ou de l’asthme.

Il n’est d’ailleurs contre-indiqué que pour les personnes atteintes de maladies du foie : “Pour les personnes alcooliques, en dénutrition ou pesant moins de 50kg, il peut éventuellement également être déconseillé”, souligne Doc Amine. 

Le paracétamol est toxique pour le foie

Faible dans son action, un surdosage au paracétamol être fatal. “La prise en excès de paracétamol est la première cause médicamenteuse de greffe du foie”, alerte le médecin généraliste.

C’est dans le foie, “l’usine du corps”, que sont métabolisés les médicaments que l’on ingère. Et lorsqu’on dépasse la dose indiquée, à savoir 1g toutes les 6h et 4g par jour maximum, le paracétamol délivre des métabolites toxiques pour le foie. “Pour les personnes ayant besoin d’en prendre souvent, on préfère leur prescrire du 500mg”, étaye Matthieu Castelle.

Raison pour laquelle le Doliprane et ses pairs ne sont plus vendus en accès libre dans les rayons des pharmacies, et que les plaquettes ne sont plus composées que de 8 comprimés. "À partir de 10g ingérés d’un coup, le paracétamol devient létal”, affirme le pharmacien.

À noter également que le paracétamol n'est pas recommandé pour soulager une "gueule de bois". “Le foie est déjà occupé à métaboliser l’alcool, c’est difficile pour lui de transformer le paracétamol en même temps”, explique Doc Amine.

L’ibuprofène et l’aspirine peuvent se substituer au paracétamol

L’ibuprofène, qui est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), possède également des propriétés antalgique, antipyrétique, anti-inflammatoire et inhibitrice de courte durée. “Mais il possède aussi plus d’effets secondaires notamment gastriques. Il peut aussi fluidifier le sang”, prévient Matthieu Castelle. 

Prendre de l’ibuprofène n'équivaut donc pas à ingérer du paracétamol, et là aussi, un dosage de 400 mg par prise toutes les 6h (soit 3 comprimés par jour), doit être respecté. Mieux vaut demander l'avis d'un professionnel de santé avant la prise. 

Concernant, l’aspirine, qui est le nom générique de l’acide acétylsalicylique, il agit sensiblement comme le paracétamol. Anti-inflammatoire comme l’ibuprofène, elle peut, elle aussi, causer certains effets indésirables tels que des saignements du nez ou des gencives.

“Pour des douleurs légères, prendre de l’ibuprofène et de l’aspirine à la place du paracétamol n’est pas dangereux, mais pas neutre pour autant”, conclut le préparateur en pharmacie. En cas de doute, l'avis du pharmacien ou d'un médecin en amont est recommandé.

Toutes les marques de paracétamol se valent

C’est faux. Tout du moins scientifiquement parlant. Car des patient.e.s, aussi bien rencontré.e.s par Matthieu Castelle que par Doc Amine, affirment observer des effets différents entre le Doliprane pris le jour, et le Dafalgan, la nuit. "Un pur effet placebo”, table Doc Amine.

La formule étant sensiblement la même dans toutes les plaquettes, les effets sont les mêmes, quelle que soit la marque.

Concernant la forme, même combat. En comprimé, gélule ou poudre : l’efficacité ne change pas. “Il est possible que le paracétamol sous forme effervescente, comme il est déjà dissous, passe plus vite dans le sang et puisse agir plus rapidement”, d’après Matthieu Castelle.

À noter, toutefois, que lors d'une prise, il est primordial de ne pas mélanger les différentes marques. “Un comprimé Dafalgan plus un Doliprane, ça crée du surdosage”, insiste le préparateur en pharmacie.

Attention aux mélanges !

Nous le disions plus haut, un comprimé de paracétamol est trop peu dosé pour être dangereux. En revanche, l’additionner avec un autre médicament qui en contient déjà peut le devenir. “L’Ixprim, par exemple, est un mélange de tramadol, un opioïde, et de paracétamol. Comme il en contient déjà, il ne faut surtout pas prendre ce médicament en plus d’un Doliprane, au risque de surdoser”, prévient Doc Amine. 

De même pour de nombreux autres médicaments comme le Dolirhume, l’Humex, l’Actifed rhume ou le Fervex qui contiennent aussi du paracétamol.

Ainsi, seuls les opioïdes bruts peuvent être associés au paracétamol. “Et l’ibuprofène également”, ajoute Matthieu Castelle.

“C’est le rôle du ou de la professionnelle de faire de la prévention, et de ne pas forcément délivrer de paracétamol à l’achat de ce type de médicament combiné", plaide le médecin.

Dans tous les cas, l'auto-médication étant fortement déconseillée, veillez à vous référer à un médecin ou un pharmacien, avant toute prise de médicament.