Peut-on prédire l'âge de notre ménopause ?

Par Violaine Badie
Publié le
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Même si connaître l’âge auquel la ménopause va arriver ne revêt pas un grand intérêt médical, la curiosité reste légitime. Est-ce que la date des premières règles influe ? Les grossesses retardent-elles la fin des cycles ? Quels éléments peuvent donner une idée du timing de survenue de cette nouvelle étape ? Une gynécologue nous répond.

La ménopause représente une transition naturelle et obligée dans la vie des femmes, redoutée par certaines, attendue pour d’autres (adieu les inconvénients des cycles menstruels !).

"En France, la ménopause intervient en moyenne aux alentours de 50-51 ans", indique la gynécologue-obstétricienne Dr Véronique Cayol. Le site de l’Assurance maladie précise que la fenêtre se situe "généralement entre 45 et 55 ans".

La ménopause est dite "précoce" quand elle s’installe avant l’âge de 40 ans, avec une cause souvent d’ordre médical : traitements qui altèrent la fonction ovarienne, maladies endocrines auto-immunes...

En-dehors de ces facteurs favorisant les insuffisances ovariennes prématurées, existe-t-il d’autres éléments qui peuvent accélérer l’horloge biologique ou, au contraire, la ralentir ? Une fois toutes ces choses mises en équation, pourrait-on prévoir en avance l'âge de la ménopause ?

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L'âge des premières règles a-t-il un impact sur l’âge de la ménopause ?

"La ménopause est considérée comme véritablement installée après douze mois sans menstruations", définit le Dr Cayol. L’arrêt des règles marque la fin des cycles menstruels, la réserve ovocytaire étant définitivement épuisée dans les ovaires.

"Nous naissons avec un stock déterminé d’ovocytes dont le nombre ne fait que décroître au tout au long de la vie", poursuit la gynécologue-obstétricienne. Chaque cycle menstruel débute par la croissance de plusieurs follicules ovariens, renfermant chacun un ovocyte. En général, un seul follicule se développe complètement et libère un ovocyte mature au moment de l’ovulation. Les autres se dégradent, détruisant avec eux leur précieux contenu. 

D’où une question, purement mathématique mais très logique : si mes cycles ont débuté très tôt, est-ce que ma réserve ovarienne sera épuisée, elle aussi, très tôt ? "L’âge du début des règles, c’est-à-dire où les cycles menstruels se mettent en place, ne joue absolument pas sur l’âge de la ménopause", répond Dr Véronique Cayol.

Les grossesses retardent-elles l'arrivée de la ménopause ?

Même constat pour les grossesses : en théorie, ces neufs mois devraient constituer une pause dans l’épuisement progressif du stock d’ovocytes. Il n’en est rien. En réalité, le nombre total de cycles menstruels au cours d’une vie contribue de manière assez minime à la réduction du nombre d’ovocytes.

La spécialiste en gynécologie l’assure : "Chaque femme en possède plusieurs millions au moment de sa naissance et ce nombre arrive à zéro vers 50 ans. Cette décroissance est loin d’être due seulement aux cycles menstruels, un très grand nombre d’ovocytes se détruisent naturellement au fil des années."

Conclusion : trois trimestres de grossesse sans ovulation ne se traduiront pas par trois trimestres "gagnés" sur la ménopause

Les facteurs héréditaires de l'âge de la ménopause 

Seul indice qui peut donner une petite idée de ce qui vous attend : "C’est l’âge auquel votre mère a été ménopausée. L’hérédité est le seul indicateur à peu près fiable."

Votre maman et même vos mamies ont connu la ménopause assez jeunes ? Il est probable que ce soit votre cas aussi. Et inversement !

Attention toutefois, l’âge de votre propre ménopause ne sera jamais calquée précisément sur celui des membres de votre famille. Il pourrait fluctuer à un ou deux ans près, sans certitude absolue. "L’arrivée de la ménopause est conditionnée à de très nombreux facteurs individuels, que l’on ne connaît pas forcément", développe notre experte.

Influence du tabac, du poids : que dit la recherche ?

Au-delà de traitements médicaux qui détériorent les tissus ovariens et détruisent prématurément les ovocytes (comme la chimiothérapie ou la radiothérapie), certains facteurs exogènes pèsent lourdement sur le fonctionnement hormonal.

Le plus délétère ? Le tabac. "Il est clairement établi que le fait de fumer anticipe la ménopause", met en garde le Dr Cayol. Le tabac amplifie la chute des œstrogènes, caractéristique de la fin des cycles.

Une étude américaine de 2001 a même déterminé que les femmes qui fument plus d’un paquet de cigarettes par jour risquent d’avancer de un à deux ans leur ménopause. Certes, il n’existe pas de données détaillées pour des fumeuses plus modérées, mais l’effet du tabac sur les perturbations hormonales demeure non négligeable quelle que soit la consommation.

 Notre poids pourrait également jouer un rôle dans la survenue d’une ménopause précoce, spécialement pour les femmes trop minces soit avec un indice de masse corporelle inférieur à 18,5 (état de maigreur ou de dénutrition).

Cette conclusion a été révélée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, selon une étude publiée dans la revue Human Reproduction. Après avoir suivi pendant 12 ans près de 80 000 infirmières non-ménopausées, âgées de 25 à 42 ans au début de l’étude, ils ont pu observer que les femmes considérées comme "maigres", avec un IMC inférieur à 18,5, présentaient 30 % de risque supplémentaire d’être ménopausées précocement en comparaison avec des femmes d’IMC normal. Parmi les causes possibles évoquées : une dérégulation hormonale, plus fréquente chez les femmes maigres.

La pré-ménopause, le début d'un compte à rebours dont on ne connait pas la durée

Les premiers symptômes associés à préménopause ou périménopause annoncent que la ménopause approche.

"Quand la réserve ovarienne commence à faiblir, les cycles menstruels vont changer. D’abord ils raccourcissent, avec souvent des règles plus importantes, puis ils rallongent et deviennent irréguliers. Ils finissent par s’arrêter définitivement, c’est à ce moment-là que l’on est vraiment en ménopause", détaille le Dr Véronique Cayol. 

Quant à la durée de cette transition, "il est impossible de la prédire", affirme la spécialiste. "Quand les premiers signes associés à la préménopause apparaissent, en moyenne vers 45 ans, il n’y a aucun moyen de savoir combien de temps ils vont perdurer. Cela peut prendre des années avant que la ménopause ne s’installe réellement."

Entre temps, en plus de ces fluctuations menstruelles, d’autres symptômes peuvent être ressentis. La gynécologue liste : "Des douleurs plus importantes lors des règles, des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, des troubles du sommeil, des troubles de l’humeur... Il n’est pas rare que ces symptômes apparaissent au début de la préménopause, puis se calment, avant de revenir au moment de la ménopause proprement dite. Si la situation devient inconfortable, trop gênante, il ne faut pas hésiter à consulter. Il existe des solutions pour soulager ces désagréments, comme des traitements hormonaux, des traitements à base de plantes ou des compléments alimentaires."

Le Dr Cayol conclut par un argument rassurant : "Ces gênes sont fréquentes, mais ne concernent pas toutes les femmes qui traversent la pré-ménopause. Certaines ont la chance d’être épargnées."

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