Alors que l’on dénonce les nuisances de la lumière bleue et de la prolifération des écrans sur la santé et le sommeil, de nouveaux appareils - ainsi que la science - plébiscitent la lumière rouge pour contrer ces méfaits. Jusqu'à quel point ?

Les méfaits des spectres lumineux tronqués 

Nous passons près de 90% de nos journées enfermés entre quatre murs sous éclairage artificiel, donc déconnectés des variations des rayonnements du soleil. Or celles-ci sont importantes pour notre bien-être, dans la mesure où elles régulent le fonctionnement de l’organisme. 

Les lampes de bureau, les spots des magasins et les luminaires des maisons ne distillent pas en effet l’intégralité du spectre lumineux. "Certaines longueurs d’ondes sont tronquées, explique le Dr Jacob Liberman, auteur de Lumière médecine du futur (Ed. Le courrier du livre). En outre, leur intensité est constante, ce qui perturbe à notre insu notre équilibre physique et psychique". Sans compter la multiplication des lampes à LED qui amplifie le phénomène : celles-ci diffusent davantage de lumière bleue et moins de lumière rouge que toutes les autres sources lumineuses, selon un rapport d’expertise d’avril 2019 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)

Ne faudrait-il pas s’exposer régulièrement à une lumière rouge pour pallier en partie ce manque et ainsi gommer les méfaits d’un excès d’éclairage artificiel ?

Une alliée contre le stress et l’insomnie

Si le manque de lumière impacte notre corps et notre humeur, la lumière rouge pourrait bien rétablir certains équilibres. Diffusée dans une pièce obscure, elle semble apaiser les symptômes anxieux et dépressifs. Il y a quelques années, des chercheurs américains de l’université de l’Ohio ont en effet montré que des hamsters soumis à une lumière rouge la nuit sont beaucoup plus paisibles et détendus que les rougeurs exposés à une lumière bleue ou blanche. Des modifications ont même été observées dans leur cerveau au niveau de l’hippocampe, une région cérébrale impliquée dans la mémorisation et la perception des émotions. Et ce n’est pas une surprise : un esprit apaisé est fondamental pour espérer une nuit réparatrice. 

Les ondes lumineuses rouges, distillées de manière pulsées, distraient en outre le mental et dissipent les ruminations qui entravent l’endormissement. Leur mode d’action a été décrypté en mars 2018 par des médecins suisses de la clinique universitaire de Lausanne. La lumière rouge diffusée selon un rythme précis modifie les ondes cérébrales et réduit le débit sanguin d’une petite zone du cortex pré-frontal, qui régit les capacités d’attention et de concentration. Les lunettes de chromothérapie PSIO sont basées sur ce principe pour lutter contre le stress et rompre le cercle vicieux de l’insomnie.

La lumière rouge semble par ailleurs moduler la production cérébrale de mélatonine, l’hormone du sommeil, en neutralisant les méfaits de la lumière bleue émise par les écrans et nombre d’éclairage artificielle. Une étude scientifique de l’université de Pékin, publiée dans la revue Journal of athletic training, suggère qu’une séance de lumière rouge par jour - simulant la lumière d’un coucher de soleil - booste le taux de mélatonine présent dans le sang. Les expérimentations ont été menées sur des basketteuses professionnelles, dont la durée et la qualité du sommeil ont été nettement accrues. Pour en bénéficier à la maison, vous pouvez poser un petit diffuseur de lumière rouge sur votre table de nuit (Helight Sleep) qui facilite le lâcher prise propice à l’endormissement.

Un bouclier protecteur

Mais les pouvoirs de la lumière rouge ne se limitent pas aux effets sur le sommeil. Elle agit également sur l’acuité visuelle et pourrait réduire certaines inflammations.  

Réceptionnées par les yeux, ses impulsions sont acheminées depuis la rétine jusqu’au cerveau où elle régule l’horloge biologique du corps. Elle peut également se propager à travers la peau pour agir en profondeur et réduire ainsi l’inflammation. 

Quel que soit le chemin emprunté, elle stimule l’activité des mitochondries, de minuscules structures situées à l’intérieur des cellules qui jouent le rôle de petites centrales énergétiques. La lumière rouge protège ainsi les yeux du vieillissement. Quelques minutes d’exposition quotidienne semblent suffisantes pour freiner la dégénérescence de la rétine, selon une étude britannique de juillet 2020, réalisée à l’University College de Londres. 

Elle active également les processus naturels d’autoréparation. C’est pourquoi certains kinésithérapeutes et médecins du sport l’utilisent en prévention – pour améliorer la souplesse articulaire - ou en récupération chez les athlètes de haut niveau.

Les recherches sur la lumière rouge restent toutefois récentes et celle-ci semble ne pas encore avoir livré tous ses secrets. Pour l’heure, ses pouvoirs apaisants et facilitateurs d’endormissement pourraient bien devenir une aide précieuse pour celles et ceux souffrant de troubles du sommeil