En 2023 encore, l’injonction à être en couple à la dent dure. 

S’ils sont moins pointés du doigt - et plus nombreux - qu’auparavant, les célibataires sont encore souvent vus comme des personnes qui "subissent" leur solitude en attendant l’arrivée de leur âme soeur.

Mais cette pression de la société à devoir rentrer dans le moule, ou cette envie de passer la cuffing season avec quelqu’un à ses côtés pour mieux supporter l’hiver, nous détraque peu à peu. 

Car si être toujours prêt.e à accueillir l’amour est une bonne chose, le faire sans forcément se pencher sur ses envies et ses ressentis peut cacher une indisponibilité émotionnelle, qui viendra saboter nos relations futures, tant qu’elle ne sera pas adressée. 

Toutefois, il est parfois difficile de prendre assez de recul sur soi-même pour s’en rendre compte. Voilà donc pourquoi il n’est pas rare de tomber sur des "tests de disponibilité", comme l’a relevé un article de Well and Good en juillet dernier, mettant en avant un quiz proposé par marriage.net. 

Mais pour éviter de tirer des réponses hâtives d’un questionnaire non-basé sur des fondements scientifiques, Catherine Demangeot, thérapeute de couple et sexologue, nous explicite cette indisponibilité particulière. 

Vous ne savez plus écouter vos émotions

Si le quiz susmentionné peut paraître futile, la spécialiste tient à appuyer que le point de départ - questionner sa disponibilité affective plutôt que sa compatibilité avec son partenaire - est le bon. 

"La plus grande méprise, c’est qu’en règle générale, on pense toujours que le problème vient de l’autre", commente-t-elle. 

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Ce qui nous rend émotionnellement disponible pour embrasser une relation, "c’est la capacité de questionner ce que l’on est et ce que l’on veut, ce que l’on va demander à l’autre - pas en matière d’affect, mais en termes de qualité relationnelle", répond Catherine Demangeot. 

Seulement, nous avons aujourd’hui tellement l’habitude d’être divertis (par les autres, les réseaux sociaux, la télévision ect…), qu’écouter ses émotions et besoins affectifs n’est pas forcément chose simple. 

Et, "quand on se coupe de ses ressentis, on ne prend plus le temps de se comprendre et on est plus à risque de se laisser guider par les scripts sociétaux, selon lesquels il faudrait absolument être en couple, avoir des enfants…", appuie la thérapeute de couple. 

Vous ne parvenez pas à communiquer vos attentes à votre partenaire

Et Catherine Demangeot tient à rappeler qu’il n’y a pas qu’une manière de vivre en couple. Le plus important reste de savoir si on peut co-construire avec sa/son partenaire.  

Pour cela, il faut aussi profiter des périodes de célibat pour apprendre à se recentrer sur ses propres envies. Mais aussi pour apprécier de vivre avec soi-même. 

"Cela nous permettra d’être honnête quand on entrera dans une nouvelle relation, en exposant à l’autre où on en est sur le plan affectif", explicite la spécialiste.

Une habilité à être présent.e pour nous-même qui va nous aider à nous libérer du carcan de l’indisponibilité émotionnelle. Sinon, "je vais demander à l’autre de faire ce que je ne fais pas pour moi et je vais ensuite lui reprocher le déclin de la relation". 

Vous ne vous posez pas les bonnes questions

Toutefois, nul besoin de vous flageller si cela vous est déjà arrivé. "Le couple et la sexualité, la confiance en soi… Tout s’apprend et la plupart du temps, on fonctionne par ‘essai - erreur’ jusqu’à ce que la coupe soit pleine", rassure Catherine Demangeot. 

Une fois la coupe pleine donc, vous questionnerez sûrement la source du problème. 

"Et là, c’est intéressant de s’interroger. Est-ce que j’ai réellement envie d’une relation en ce moment ? C’est capital d’être sincère avec l’autre. Sinon, on lui tend un piège et on va se servir de lui, même si ce n’est pas conscient”. 

Vous avez été blessée par l'amour

Bien sûr, l'indisponibilité émotionnelle découle souvent de notre vécu. "Cela dépend de la manière dont on a construit nos styles d’attachement", confirme la thérapeute. 

De même, "on a sûrement tous essuyé les plâtres de Bridget Jones, qui questionnait la place d’une célibataire dans la société. Quand on est déçu par une relation, c’est un peu la politique du pire et ça nous fait souffrir de rêver tout le temps à l'amour et on se blinde", poursuit-elle. 

Toutefois, Catherine Demangeot rassure : "c’est rare que l'on ne soit pas disponible à vie. Ce qu’il faut reconnaître, c’est quand on est dans des périodes d'indisponibilité, pour ne pas leurrer l'autre et pour en apprendre plus sur soi". 

Comment se sortir de l'indisponibilité émotionnelle ? 

Et au lieu de laisser notre répondeur de l'amour sonner dans le vide et notre boîte vocale se saturer, il existe des solutions pour s'extirper d'une situation qui nous empêche d'avancer. 

"L’important, c’est de rencontrer la personne qui a un projet commun avec nous, de prendre soin de l’amour et de la relation. On apprend avec les casseroles de chacun et on fait notre tambouille à nos goûts, à deux", métaphorise l'experte. 

Pour cela, il peut être intéressant de se questionner à chaque grande étape de la relation, et ce, dès ses prémices : est-ce que j’ai envie d’aller un peu plus loin ? Est-ce que j’ai envie d'en donner un peu plus ? Est-ce que j’ai confiance ?... "On ne cherche pas à remplir un vide", rappelle la sexologue. 

"On peut aussi dire à son partenaire qu'il nous alerte - avec bienveillance - quand il remarque qu'on s'oublie. Parce qu'il faut penser à soi pour imaginer l'avenir à deuxLa disponibilité, c’est écouter les besoins émotionnels de tous", termine-t-elle.