Il est commun de dire que, plus les couples tiennent dans la longévité, plus ils se ressemblent. D'ailleurs, en 1987, une étude publiée dans la revue Springer Link avait révélé que des décennies d'émotions et d'expériences partagées pouvaient entraîner l'apparition de rides et de traits faciaux similaires, lorsque les couples vieillissent ensemble.

"Mais qu'en est-il des similarités mentales ?", s'est ainsi demandée une équipe de chercheurs.ses de l'Université Charles, à Prague.

Publiés dans la revue Translational Psychiatry le 18 mai 2022, leurs résultats démontrent que dans le couple, la santé mentale de l'un peut influer sur celle de l'autre. 

“Dans les cas de dépression la plupart des études se concentrent sur les individus et non sur les couples. Nous avons donc voulu observer comment les symptômes dépressifs des couples évoluent dans le temps et déterminer quelles caractéristiques sont associées à leurs trajectoires distinctes”, déclarent les auteurs de l’étude.

Une "synchronisation mentale" au fil des années

Pour mener cette étude et vérifier si les couples connaissent bien "des trajectoires de santé mentale similaires" au cours de leur relation, les chercheurs.ses ont examiné le cas de 11 136 couples hétérosexuels en Europe, pendant 12 ans, en prenant comme marqueur, donc, la dépression. 

“Des informations sur les symptômes dépressifs des personnes ont été recueillies tous les deux ans”, précisent les auteurs.

Résultat, dans 76,9 % des cas, les couples ne présentaient pas de symptômes dépressifs. Et si chez 7,2 % des couples, les symptômes dépressifs ont diminué au fil du temps, dans 7,8% des cas, les couples ont connu - à deux - des symptômes dépressifs croissants.

"Ces résultats suggèrent que lorsqu'une personne, dans le couple, rencontre des difficultés psychiques, cela peut influer sur son partenaire, qui va connaître un changement similaire", rapportent les auteurs de l'étude. 

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Les femmes sont "plus influencées par la santé mentale de leur partenaire"

Autre donnée intéressante, il semble que les femmes soient plus influencées par la santé mentale de leur partenaire, que l'inverse. 

"Cela est conforme aux conclusions récentes selon lesquelles les femmes étaient plus sensibles à la contagion émotionnelle de la tristesse que les hommes (alors qu'aucune différence entre les sexes n'a été constatée pour le bonheur)", notent les chercheurs.

Bien que de nombreux couples ont montré "des hauts et des bas similaires", aucun n'a présenté de symptômes dépressifs élevés de manière constante, au cours des 12 années. 

"Nous supposons que les personnes présentant une dépression sévère n'entament probablement pas de relation l'une avec l'autre ou que ces couples ne sont pas stables, et que leur relation se dissout rapidement", ont écrit les chercheurs.

De l'importance de parler santé mentale dans le couple 

Si cette avancée permet de prouver l’hypothèse selon laquelle notre santé mentale peut avoir un impact sur celles des autres, les chercheurs précisent que d'autres travaux doivent être entrepris pour déterminer si ce phénomène est “dû au fait que les gens choisissent des partenaires ayant des antécédents similaires ou si notre santé mentale est réellement influencée par nos partenaires”.

Car, pour "évoluer dans une relation saine", les scientifiques suggèrent de comprendre comment notre santé mentale peut être liée à celle de notre partenaire, afin d'"engager la discussion" et de "ne pas s'enfermer dans un schéma dépressif à deux".