Ce jeudi 7 juillet 2022 au soir débutent les vacances scolaires en France. Et si pour beaucoup congés riment avec farniente, pour les femmes, il semblerait que le répit estival ne soit pas une réalité.

Dans une nouvelle étude de l’IFOP pour VoyageravecNous.fr dévoilée ce même jour, l’institut de sondage s’est intéressé "à la répartition des différentes tâches liées à l’organisation et au déroulement des vacances au sein des couples". 

Le constat est sans appel : la charge mentale des femmes ne s’allège pas en vacances. Même en congé, elles restent celles qui, dans le couple, prennent en charge le plus de responsabilités quant à l’organisation des départs et aux tâches ménagères sur le lieu de villégiature. 

“Cette étude montre une nette continuité dans l’inégale distribution des rôles au détriment des femmes, quand bien même leurs conjoints sont censés être plus disponibles, quand bien même cette période de l’année est synonyme de détente et de repos. Ainsi, 66% d’entre elles disent en avoir fait plus que leur partenaire dans l’organisation des vacances 2022, vacances au cours desquelles elles assumeront souvent seules ménage, repas et attention portée aux enfants”, résument les chercheurs. 

Une charge mentale supplémentaire qui naît dès l'organisation des vacances

L’étude en question a été conduite du 22 au 24 juin 2022 via un questionnaire auto-administré. “1099 personnes en couple, issues d’un échantillon de 1503 personnes et représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, y ont répondu”, précise l’écrit. 

Vidéo du jour

Et elle note que la répartition inégale des tâches débute des mois avant le départ. 56% des femmes affirment ainsi être à l’origine de l'organisation des vacances (contre 31% des hommes), 48% s’occuper de réserver le lieu d’hébergement (contre 26% des hommes) et 37% gérer le choix de la destination et du trajet ( contre 26% des hommes). 

À l’approche du départ, la charge mentale s'accroît. Presque 8 mères sur 10 révèlent préparer les valises des enfants, contre 1 père sur 10. Majoritairement, elles sont aussi celles qui prévoient et achètent les vêtements en amont du départ (75%), qui organisent et emportent la trousse à pharmacie (86%) et qui pensent à à prendre les jouets des enfants (56%).

Sur le lieu de villégiature, les tâches ménagères quotidiennes restent assumées par les femmes

Une fois le départ amorcé, le seul chiffre de l'étude qui détonne atteste d'une répartition des tâches toujours plus genrée. Alors que 18% des femmes se chargent de conduire le couple la famille jusqu'au lieu de vacances, ce sont 58% des hommes qui déclarent le faire. 

Arrivés sur place, la balance ne s'équilibre toujours pas. 53% des femmes déclarent entretenir leur lieu de villégiature tout au long du séjour, contre 15% des hommes. 54% disent également préparer les repas en vacances, contre 24% des hommes.

Et même à l'extérieur, elles restent celles à qui revient la charge de tout organiser : 28% déclarent choisir les lieux de restauration, contre 19% des hommes, mais elles sont aussi 49% à gérer le budget familial et à 53% à engranger souvenirs et photos de vacances.

L'étude précise que cette tendance n'est pas nouvelle. "Les vacances 2022 s’inscrivent dans l’exacte continuité des précédentes : d’une manière générale, 67% des femmes interrogées par l’IFOP indiquent que c’est à elles que revient habituellement la responsabilité de se préoccuper de la préparation des  estivaux au sein du couple", peut-on y lire.

“Les femmes ne sont jamais en vacances”

Et si cette tendance reste la même parmi toutes les tranches d'âge, les écarts semblent se resserrer chez les jeunes couples (moins de 25 ans), où 29% des femmes déclarent s’occuper de l’entretien du lieu de vacances, contre 28% des hommes.

Mais pour François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualité et santé sexuelle à l’IFOP le constat est alarmant : "il apparaît clairement que les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes", déclare-t-il dans un communiqué de presse publié par VoyageravecNous.fr.

"Cette enquête montre que les vacances, qu’il s’agisse de leur préparation ou de leur déroulement, n’échappent pas au privilège de genre qui veut que les hommes en fassent globalement moins que les femmes dans la plupart des tâches liées à la vie de couple et aux enfants. En ce sens, il apparaît clairement que les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes, puisque durant cette période, pourtant associée à la détente et au repos. Malgré la plus grande disponibilité du conjoint, la trêve estivale ne parvient donc pas à rompre les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires", regrette-t-il.

En 2020, Chiara Piazzesi, sociologue à l'Université du Québec (Canada), évoquait déjà une "culture de la disponibilité des femmes en vacances", auprès de Slate. "C'est comme s'il y avait une perméabilité du temps des femmes. On le voit très bien au moment des congés où les vacances libèrent le temps de tout le monde mais où le temps des mères ou des femmes devient un temps pour l'autre, un temps où l'on se fait dorloter par sa maman ou sa compagne", dénonçait-elle.