La contagion émotionnelle, un transfert de ressentis qui épuise les hypersensibles

Publié le
contagion émotionnelle
Difficile d’être apaisé quand on ressent puissance dix nos émotions, mais aussi celles des autres. Cette "contagion émotionnelle" dont sont généralement victimes les personnes particulièrement sensibles peut même, à la longue, heurter durablement notre santé mentale. Mais comment s'en défaire ?

On connaît les méta émotions, ou émotions secondaires, ces ressentis doubles qui se traduisent par une honte d’être triste ou encore une culpabilité à être en colère. 

Parfois même, ces émotions ne sont pas les nôtres, mais il n'empêche qu'elles s'ajoutent à notre montagne de ressentis. C’est ce que l’on appelle la contagion émotionnelle (ou affective). 

"C’est un processus psychologique où une personne est influencée par les émotions d’une autre. Avant, cela avait une fonction de survie, puisque les émotions servaient directement à communiquer - si quelqu'un est dégoûté, tout le groupe va arrêter de manger - mais aujourd’hui cela peut être un réel fardeau pour les personnes sensibles", décrit Delphine Py, psychologue et psychothérapeute spécialisée en thérapies cognitives et comportementales, à la tête du compte TikTok @psynergy_delphinepy et auteure de Le guide de ta santé mentale (Ed. Marabout). 

Un transfert d'émotions relativement courant

Toutefois, cette contamination d’émotions est commune - c’est quand elle est poussée à l’excès qu’elle devient problématique -.

"Nous en avons tous fait l’expérience, on voit qu’un proche ne va pas bien, on va adapter son comportement, on va se recentrer sur lui. C'est un mélange d'empathie, de sympathie et de compassion", assure la spécialiste. Si la nuance peut paraître fine, la contagion émotionnelle se différencie de l'empathie par le fait que la première implique un "transfert" des émotions, des mimiques ou encore des expressions d'une personne à une autre.

Vidéo du jour

"Notre cerveau possède (cela a été mis en évidence chez le primate non humain dans les années 1990 et plus tard chez l’humain en 2010) des neurones 'miroirs' qui, en quelque sorte, photographient l’action de l’autre et l’imite. Si un ami est triste, nos neurones miroirs nous permettent d’imiter inconsciemment ses expressions de tristesse. Et cette manifestation corporelle va provoquer la même émotion dans notre cerveau limbique. Cela peut se faire à distance", explicitait, pour Sciences et Avenir, Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale en 2019.

Quelles sont les personnalités les plus touchées par cette contamination ? 

Mais alors, si ce phénomène est courant, à partir de quand peut-il poser problème ? "Quand on se laisse réellement contaminer par les émotions de l’autre et qu'on en ressent les symptômes", répond Delphine Py.

"Si l'on porte son stress, cela peut nous être nuisible. On connaît les effets du stress sur le corps et si l'on est déjà angoissé de base, cela va nous ronger plus vite et nous marquer profondément", illustre-t-elle. Selon l'experte, si la contagion émotionnelle se fait sur un large éventail d'émotions, elle est plus rapide face aux ressentis étiquetés comme désagréables. "Une étude a démontré qu'entre la joie et la colère, c'était la joie qui s'effaçait le plus rapidement".

Delphine Py explique que les personnes sensibles à leurs émotions, ou hypersensibles sont plus à risque. "Quand on a une intelligence émotionnelle élevée, ou quand on fait partie du même groupe social qu'une personne qui est affectée, nous allons également être plus facilement touchés", complète-t-elle.  

Comment s'en préserver ? 

Et pour se protéger de cette contamination, il ne convient pas de fuir les autres, mais plutôt de se remettre au centre de ses préoccupations. "Si on veut aider les autres, il faut être bien soi-même. Si l'on va mal, on ne pourra rien faire pour l’autre", rappelle la psychologue. 

La clé selon Delphine Py ? Apprendre à faire la part des choses et rendre conscient ce qu'il se passe à l'intérieur de nous, lorsque nous sommes confronté.es aux émotions des autres. "C'est faire une pause, ressentir, ne pas se rendre responsable des émotions des autres". 

Et dans la pratique, quand on est face à un proche qui vit une situation difficile, on peut d'abord procéder par étapes en exprimant : "je comprends ta peine et je la ressens un peu, je suis désolée pour toi, je vais t’aider". Ainsi, la personne saura que vous êtes là pour elle, que vous comprenez sa situation, sans vous rendre malade avec elle. "Soutenir l'autre, ce n'est pas souffrir avec lui", termine Delphine Py.

[Dossier] Hypersensibilité : un spectre de personnalités plurielles et souvent mal comprises - 14 articles à consulter

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.