Soleil, chaleur, congés… Le retour de l’été fait généralement le bonheur d’une bonne partie de la population. Toutefois, certain.e.s peinent à vivre cette période avec légèreté.

Car la déprime saisonnière n'est pas qu'hivernale. L'arrivée de l'été peut également provoquer, chez certaines personnes, des symptômes dépressifs et une irritabilité.

Qualifiée pour la première fois par des chercheurs en 1984, la déprime estivale concernerait 1% de la population, d'après plusieurs études

Mais comment reconnaître ce mal qui se propage lors des longues et chaudes journées d’été ?

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Un mal qui court de mai à septembre

Passer d’une saison à l’autre peut être une véritable épreuve. D’après le docteur Norman Rosenthal, psychiatre et chercheur qui a dirigé l’équipe ayant découvert le Trouble Affectif Saisonnier, l’été et l’hiver sont parfois des périodes particulièrement difficiles. Si certaines personnes se sentent déprimées en hiver en raison du manque de lumière ou des journées plus courtes, d’autres se sentent aussi irritées et cafardeuses lorsque le soleil s’installe.

Pour les personnes souffrant de déprime estivale, ce sentiment survient lorsqu’il fait chaud, en mai ou en juin et se poursuit jusqu’à ce que le temps s’adoucisse vers la mi-septembre, détaille Norman Rosenthal, auteur de Defeating SAD (Seasonal Affective Disorder) : A Guide to Health and Happiness Through All Seasons, sur son site. Elles ressentent alors davantage de tristesse, de migraines, et souffrent d’insomnies et d’une baisse de l’appétit.

Déprime estivale : quelles causes ? 

Tout ce qui constitue l’été, à savoir la chaleur et la lumière, provoquerait ainsi des réactions bien précises chez les personnes sensibles à cette saison. D’après Norman Rosenthal, cette déprime peut parfois être déclenchée par une abondance de soleil, que certaines personnes peuvent trouver agaçante et qui peut avoir des effets négatifs sur le sommeil, lui-même un régulateur de l’humeur.

Toutefois, cette réaction reste un mystère. "Personne ne sait avec certitude" ce qui provoque cette dépression estivale, ajoute le psychiatre. "Nous supposons que c’est la chaleur et l’humidité", avance de son côté Kelly Rohan, professeure de psychologie à l’université du Vermont, au magazine Slate.

Certains facteurs psychologiques peuvent toutefois entrer en jeu, comme le fait de s’inquiéter que tout le monde s’amuse contrairement à nous ou de ne pas se sentir à l’aise de retirer quelques couches de vêtements. "Si les gens s’amusent comme des fous pendant l’été et que ce n’est pas votre cas, vous avez l’impression d’être exclu d’un carnaval auquel tout le monde participe", avance Norman Rosenthal.

D’autant plus que ce sentiment est exacerbé par les réseaux sociaux sur lesquels sont régulièrement partagés des photos et vidéos retraçant les voyages et moments idylliques vécus par les personnes qui les partagent.

Comment reconnaître ce mal-être ?

Pour reconnaître cet état, il convient de se poser les bonnes questions. Comment vous sentiez-vous les étés précédents ? Comment était votre vie sociale ou votre vie amoureuse à ce moment-là ?

S’il est plus difficile de se sentir épanoui.e et de fonctionner durant l’été, il s’agit peut-être d’une dépression estivale. Pour vous soulager, il est utile d’identifier les facteurs qui provoquent cet état cafardeux et de mettre en place certaines stratégies pour l’apaiser.

Le psychiatre Norman Rosenthal recommande alors de plonger - littéralement - dans l’eau. "Une de nos patientes a découvert qu’en allant nager dans les Finger Lakes de New York, elle se sentait rafraîchie par les eaux froides et que cela l’aidait", explique-t-il. Se baigner dans une eau fraîche permettrait ainsi de faire baisser la température et, peut-être, de retrouver le moral, à la longue", en plus de demander l'aide nécéssaire, si besoin est. 

Comment se défaire de cette déprime passagère ? 

Manger équilibré et bouger sont aussi des réflexes qui ont maintes fois révélé leurs bienfaits. L’été est l’occasion idéale pour renouveler ses habitudes alimentaires en consommant davantage de fruits et légumes de saison. Norman Rosenthal recommande par ailleurs de réduire la consommation de sucre, car les personnes souffrant de dépression saisonnière sont plus susceptibles de se tourner vers cette substance pour retrouver leur énergie, met en garde l’expert.

À l’inverse, il convient de compléter, sur recommandation médicale, son apport en vitamine D pour réguler la production d’énergie et d’hormones thyroïdiennes, car le fonctionnement des thyroïdes peuvent être "anormalement bas" chez les personnes souffrant de dépression estivale. Limiter son exposition directe à la lumière est aussi une piste à envisager. Chapeau et lunettes sont ainsi de bons alliés, ainsi que les espaces situés à l’ombre.

Mais, lorsque la situation est ingérable et nuit à la capacité de travailler ou d’avoir des relations avec autrui, il est important de demander de l’aide. En discutant de cette période difficile avec des professionnels de la santé mentale, l’automne devrait laisser place à plus de sérénité.