Attablé.e depuis des heures devant foie gras, saumon et dinde, vous salivez encore à l’idée de la bûche qui arrive ? 

Il semblerait qu'à chaque repas de fêtes notre estomac s'étend de manière infinie pour nous laisser déguster des mets rarement mangés.

Mais comment expliquer cette absorption de nourriture beaucoup plus importante que d’habitude ? D'après les spécialistes, on pourrait l'expliquer en décryptant le concept du rassasiement sensoriel spécifique (RSS). Alexandra Murcier, diététicienne-nutritionniste nous explique. 

Le rassasiement sensoriel spécifique, kézako ? 

“Le rassasiement sensoriel spécifique est la diminution de la faim et du plaisir de manger pour un aliment donné. Exemple, lorsqu'on mange des tomates, au début on les trouve très bonnes, puis au fur et à mesure de l'ingestion, le plaisir diminue, alors qu'on a faim pour le plat suivant”, illustre le CHU de Montpellier

Pour Alexandra Murcier, c’est un concept qui est notamment intéressant quand on réapprend à manger. “En cabinet, je travaille beaucoup sur cette idée, afin de ressentir le point de satiété. Il est clair que le plaisir de la première bouchée s’estompe au fur et à mesure que nous mangeons”, confirme-t-elle. 

Une envie décuplée, nourrie pas des mets de fêtes

Seulement, à Noël, notre conscience de notre satiété semble inhibée par nos envies. 

“Ce rassasiement dépend de plusieurs facteurs et de la diversité alimentaire. On peut être rassasié avec des crevettes en entrée, mais retrouver du plaisir quand on va passer à la dinde. D'ailleurs, souvent, on n'a plus faim pour le plat, mais encore pour le dessert quand ce dernier est particulièrement attrayant", détaille la diététicienne-nutritionniste. 

Sauf que lors des repas de fêtes, c'est tout le menu qui nous fait généralement de l'œil. Difficile donc de réellement s'écouter en salivant sur le plat suivant. "Le rassasiement peut être faussé dans un contexte d'exceptionnalité, face à des aliments qu'on ne mange pas tous les jours", acquiesce Alexandra Murcier. 

La spécialiste le souligne : généralement, nous n'avons plus faim, mais encore envie de manger“C'est pourquoi ça peut être intéressant de faire le point sur ses sensations, notamment quand on nous propose de nous resservir. L’important est de s’écouter pour se faire plaisir, mais aussi pour éviter la crise de foie”. 

Remettre le plaisir au centre de la table 

Car Alexandra Murcier l'appuie : le but n'est pas de s’enfermer dans l'idée de “ne pas trop manger” lors des repas de fêtes. D'autant que les périodes de fêtes peuvent être angoissantes pour les personnes avec des troubles du comportement alimentaire

“Il ne faut pas se focaliser sur ça. Ce n'est pas le réveillon de Noël ou du Nouvel An qui peut nous faire prendre du poids, c'est une question d'équilibre alimentaire tout au long de l'année. L'idée, c'est de se faire plaisir régulièrement et non pas deux fois dans l'année, en lâchant tout", nuance l'experte. 

D'autant que ces repas festifs ne sont généralement pas l'idéal pour apprendre à manger en s'écoutant. "C'est compliqué à mettre en place à Noël, il vaut mieux essayer seul.e, en prenant son temps, pour ne pas culpabiliser de ne pas parvenir à décrypter ses sensations", termine Alexandra Murcier.