Dinde aux marrons, toasts de foie gras, desserts trop sucrés, coupes de champagne... la fin de l’année met généralement notre système digestif à rude épreuve.

D’après des chercheurs de l'Institut national de recherche en santé britannique (NIHR) et des universités de Birmingham et de Loughborough (Royaume-Uni) en 2018*, un individu consommerait jusqu’à 6 000 calories rien que le jour de Noël, soit trois fois plus que les besoins quotidiens recommandés**. 

"Après un repas riche, des sensations de pesanteur, de "trop-plein" ou de ballonnement accompagné d'éructations peuvent survenir", constate Déborah Ohana, diététicienne nutritionniste à Paris. Elle explique toutefois que ces gênes peuvent également être produites par les aliments jugés "sains" comme les fruits ou les légumes. 

Un appétit sur-stimulé 

Premier effet de ces repas de fêtes gargantuesques sur plusieurs jours : le dérèglement de la faim. Et ceci, à cause d'une part, du nombre de plats et de gourmandises qui sont proposés à table. On est presque conditionné à entreprendre un marathon de festins sur 2, 3, voire parfois plus de jours, pour célébrer les fêtes avec différents membres de la famille.

Cet appétit décuplé tient aussi à la quantité d'alcool consommé, qui agit directement sur notre cerveau et qui perturbe notre sensation de faim. Une grande étude datant de 2016 publiée dans la revue scientifique Health Psychology illustrait ce phénomène en expliquant que la consommation de cocktails altérait notre ressenti face à la faim, et nous poussait à manger toujours plus. 

"On va se retrouver à manger plus que ce qui est nécessaire. Cela peut ne pas se produire sur l’instant T, mais le lendemain par exemple", explique la nutritionniste.

Repas de fête : une digestion perturbée

Comme l'explique Déborah Ohana, les excès durant les fêtes ont également une influence négative sur le microbiote intestinal, notamment du fait de l'alcool ingurgité. Encore lui. Il déséquilibre notre système digestif et peut même créer une inflammation ou un ralentissement de notre vidange gastrique

En d’autres termes : on digère moins bien et on se sent plus facilement lourd.e et balloné.e

Mais l'alcool n'est pas le seul qui détériore le processus digestif. Qui dit repas de fêtes, dit enchaînement de plats et de bavardages, qui entravent le processus de mastication. De fait, l'estomac, déjà malmené, doit mobiliser encore plus d'énergie pour venir à bout de ces mets à peine mâchés. "Ballonnements, crampes intestinales ou encore des remontées acides" peuvent alors suivre ce type de repas, liste Déborah Ohana.

Et puis, lors de ces repas festifs, on mange généralement beaucoup. Là encore, cela peut in fine déséquilibrer la sphère digestive. "Lorsqu'on reste debout derrière le buffet, on mange de manière machinale et on ne réalise pas la quantité de nourriture que l'on porte à notre bouche", avertit la nutritionniste.

Un coup de mou à prévoir

Le processus digestif n'est pas le seul à être affecté par ces repas gargantuesques. Généralement, après le repas, on a les paupières lourdes et l'envie irrépressible de faire un somme, sur le divan. Selon notre experte, cela tient au fait que le corps puise énormément d'énergie pour venir à bout de ce qu'on a avalé. "La digestion est plus longue et consommatrice d’énergie, c’est pour cela que la fatigue peut survenir en sortant de table", explique la nutritionniste. 

Autre coupable potentiel de ce coup de mou : le sucre. Ce faux-ami favorise en effet la somnolence. Des scientifiques** ont constaté que l’ingestion de sucre bloque l’action des orexines (cellules responsables du sentiment d’éveil, ndlr). En désactivant ces cellules, le sucre nous rendrait ainsi somnolents, ce qui permettrait de nous endormir plus vite le soir.

Une répercussion sur la peau

Pour certaines personnes sensibles, les repas de fêtes ont une incidence sur la peau dans les jours ou semaines qui suivent. 

Encore une fois, la consommation d’alcool entre en jeu. Celle-ci peut avoir des répercussions sur le système vasculaire du visage. Alors, la peau paraîtra tendue et sèche ou au contraire trop détendue avec son lot de rougeurs, de boutons et de démangeaisons. Cela se produit notamment en raison des toxines que cette boisson sécrète et dont le corps doit se débarrasser. 

Le trop-plein d'aliments riches peuvent aussi provoquer des réactions sur la peau, notamment sur le visage. 

Préparer son corps aux repas de fêtes

Alors que le marathon des festivités va bientôt démarrer, faut-il ou non préparer son corps ? D’après notre experte, rien ne sert de se priver, car cela risque d'avoir des effets délétères et d'entraîner des pulsions alimentaires ainsi que du stress. Il est toutefois préférable d'accorder une attention particulière à l'hydratation en buvant de l'eau et des tisanes, afin de prendre soin de son foie

Ensuite, Déborah Ohana rappelle que "les fêtes, c'est d'abord un moment de convivialité", et qu'il ne faut en aucun cas focaliser sur ces effets décrits plus haut, au détriment du plaisir. 

Pour que ces repas de fêtes n'est qu'une incidence moindre sur notre équilibre alimentaire, la diététicienne nutritionniste conseille d'être à l'écoute de corps et de miser sur des fruits et légumes frais. "Afin d'optimiser un maximum l’organisme il faut ramener davantage d’antioxydants dans l’alimentation. Cela préservera l’oxydation des cellules et permettra de faire le plein de vitamines et minéraux", détaille-t-elle.

Et sur ces bons conseils, joyeuses fêtes 2021. 

* “Effectiveness of a Brief Behavioural Intervention to Prevent Weight Gain Over the Christmas Holiday Period: Randomised Controlled Trial” - Arti 

**Pour rappel, les recommandations sont de 2 400 à 2 600 calories par jour, selon l'activité, pour un homme adulte et de 1 800 à 2 200 calories par jour pour une femme adulte. Ces recommandations varient évidemment en fonction du métabolisme, et de l'activité de chacun.e. 

** "Tandem-pore K+ channels mediate inhibition of orexin neurons by glucose"