Comment inculquer la notion de consentement dès l’enfance ?

Par Manon Delcourt
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Depuis plusieurs années, les scandales et les débats prouvent que dans l’inconscient commun, la notion de consentement reste floue. Comment l’intégrer à son éducation ? Explications avec la psychologue clinicienne Maïté Tranzer.

La vague de protestations et d'indignations qui a suivi l'affaire Weinstein et #MeToo, a mis en lumière le fait que la notion de consentement restait floue pour beaucoup de personnes. Pour de nombreux spécialistes de l'enfance et de l'éducation, cette notion de consentement est alors devenue un sujet primordial à aborder avec eux et à intégrer dans leur éducation. Bien loin de l'embarrassante première conversation autour de la sexualité, pour la psychologue Maïté Tranzer*, il s’agit ici d’un passage important pour l’épanouissement de l’enfant.

Consentement : une discussion inévitable dès le jeune âge

Généralement, les parents attendent l’école primaire pour parler du thème de la procréation avec leurs enfants (la question de la sexualité est généralement abordée plus tard, au prémices de l’adolescence). En revanche, pour la spécialiste Maïté Tranzer, la notion de consentement devrait quant à elle être abordée dès l’âge de trois ou quatre ans. C’est à ce moment que la majeure partie des enfants commencent à avoir une compréhension du corps (surtout du leur) et un début de curiosité sexuelle. Mais pas d’inquiétudes, aborder ce thème - même jeune - n’influe en rien un attrait pour la question ou une envie d’expérimentation.

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Pour procéder en douceur, la psychologue dit “qu’il est important d’en parler sans tabou ni gêne, avec des phrases et des mots simples. Le parent peut par exemple demander à son enfant s’il est d’accord pour un bisou, un câlin… C’est ainsi que l’on peut gentiment initier au consentement.” Attention, il est aussi important que les parents respectent le "non" de l'enfant que celui-ci refuse par exemple de faire la bise à un adulte. Respecter "son consentement" est essentiel pour qu'il intègre cette notion. Dans ce processus, elle ajoute que des supports vidéos ainsi que des livres ont été créés pour accompagner le dialogue. C’est ainsi qu’il y a deux ans une vidéo britannique a comparé le consentement à une tasse de thé pour aider les jeunes générations à l’assimiler.

Notion de consentement : créer des limites à son enfant

Maïté Tranzer souligne que “pour que l’enfant puisse dire non, il est d’abord important de lui apprendre à dire non.” Pour la spécialiste, s’il y a bien une règle que l’on doit inculquer dès le début, c’est tout simplement de “ne pas faire aux autres ce que l’on aimerait pas que l’on nous fasse.” Il est possible qu’au cours de l’adolescence l’influence groupale prenne le dessus sur la volonté personnelle, voilà pourquoi elle met l’accent sur la création de bonnes bases dès la petite enfance.

La thérapeute considère qu’il est alors temps de donner son importance au “non” quelques années après avoir débuté la démarche vers l’apprentissage du consentement. “C’est lors de la pré-adolescence que l’enfant peut se montrer le plus réceptif, et tout en restant dans la bienveillance (sans projeter de craintes sur lui), il faut lui faire comprendre que son corps est sa propriété, que personne n’a le droit de le forcer à quoi que ce soit”, ajoute-t-elle. Maïté Tranzer voit la communication parent-enfant comme la clé de voûte de cette question d’éducation. Pour poser les bases de son avenir sexuel en toute sérénité, elle conseille de “mettre des noms sur les parties de son corps et les fonctions anatomiques qui vont avec”. Cela lui permettra alors de mieux se rendre compte de lui-même, mais aussi de faire preuve d’empathie auprès des autres, sans jamais dépasser les limites.

Apprendre le consentement aux enfants, c’est d’abord leur montrer de quelle manière se protéger, mais aussi comment écouter les autres et savoir recevoir leur “non”.




*Maïté Tranzer, psychologue clinicienne à Paris

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