Impossible pour vous d’annuler un rendez-vous sans fournir une myriade d’excuses ? De dire “non” à une invitation sans expliquer le comment du pourquoi de votre décision ? D’assumer sans autre explication de vouloir passer la soirée seule devant “Rendez-vous en terre inconnue” ? Mais pourquoi se sent-on toujours le besoin de se justifier ?

Evidemment, il existe des contextes spécifiques dans lesquels “se justifier” prend tout son sens. Que ce soit au travail ou quand on est lié(e) par un contrat, tout manquement aux impératifs qui nous incombent demande une justification (auprès d’un client ou de notre supérieur hiérarchique). Jusque là, c’est tout à fait logique. La dérive apparaît quand la justification s’invite dans des contextes où on ne “doit rien” à notre interlocuteur. Ou encore qu'elle découle d'un biais sociétal qui pousse les femmes à se justifier d'être elles-mêmes. 

Qu’est-ce qu’on entend par justification (exagérée) ?

Pour Aurore Le Moing*, psycho-praticienne en région parisienne, “se justifier, c’est donner une explication sur un acte, fait, qui s’est produit et qui est jugé moralement contestable par la personne qui va demander cette justification.”

L’experte détaille ainsi une situation où la justification n’est pas nécessaire : “prenons le retard, je dois me justifier car je ne suis pas à l’heure car toi, tu estimes qu’il y a faute, ce qui est différent par exemple de prévenir que l’on aura du retard, pour ne pas inquiéter l’autre, mais sans en donner la raison”. Le psychothérapeute Hervé Magnin** ajoute une autre dimension à cette définition de la justification : “se justifier, c’est donner à son interlocuteur des éléments pour qu’il puisse juger par lui-même du bien-fondé de notre décision, comme si on se déniait le droit d’en être seul juge”, explique-t-il.

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Pourquoi certaines personnes se justifient continuellement ?

“Lorsque la justification devient un besoin compulsif, c’est souvent qu’elle vient compenser un manque d’estime de soi : on cherche coûte que coûte à remporter l’assentiment de l’autre, à lui montrer qu’on est quelqu’un de bien car finalement, on n’en est pas vraiment convaincu soi-même”, analyse le psychothérapeute Hervé Magnin.

Une analyse partagée par Aurore Le Moing qui explique que “les justificatifs naissent du besoin que l’on a de s’assurer et de se réassurer”. Oui mais à propos de quoi ? “Sur la personne que l’on est, sur l’amour que l’on nous porte, amour qui est en rapport direct avec nos relations parentales. Sur notre valeur, notre beauté, notre séduction. Se justifier revient à accepter que l’on a fait quelque chose de mal, c’est à ce moment que vont apparaître la culpabilité, le manque de confiance en soi, la honte même”, décrypte l’experte.

Avant d’ajouter que cette justification peut-être le signe d’une marginalisation (“la différence est le comble de la défense”) ou un moyen de s’affirmer et de se conforter dans ses propres choix, qui peuvent différer de la norme.

Comment on arrête de se justifier à tout bout de champ ?

Pour en finir avec ces justifications intempestives, il existe des méthodes pour apprendre à se satisfaire de ses propres choix.

  • S’écouter

Première étape pour apprendre à ne plus se justifier pour tout (et surtout pour rien), c’est d’apprendre à s’écouter et à comprendre ce qui nous amène à faire nos choix ou à prendre telle ou telle décision. Ainsi, si on arrive à “s’auto-justifier” à soi-même ses propres décisions, on ressentira moins le besoin de les expliquer aux autres.  

  • Apprendre à expliquer sa décision sans se justifier

Seconde méthode pour en finir avec les justifications à tout va ? Apprendre à expliquer sans se justifier. Comme le rapportait Aurore Le Moing dans son décryptage, “on prévient du retard mais on ne justifie pas le pourquoi du comment”.  

  • Attendre qu’on vous demande une explication avant de la donner

Si vous n’arrivez pas à ne pas collecter les arguments pour expliquer vos choix aux autres, attendez seulement qui vous questionne à ce sujet. Souvent, ils ne le feront pas… Du coup, plus de justifications à apporter.  

  • Faire du temps son allié 

Si ce comportement touche majoritaire les femmes et ce au début de leur vie d’adultes, il semblerait que le temps qui soit un allié pour apprendre à en finir avec les justifications. Il faut donc prendre son mal en patience et attendre que le temps fasse son oeuvre.  

*Aurore Le Moing, psychopraticienne et conseillère en relations conjugales en région parisienne

** Auteur de « C’est décidé, je m’aime ! » Ed. Jouvence, 7,70 euros