Vous en connaissez forcément. Vous savez, ces personnes victimes de tout (et de rien), celles qui se dédouanent constamment et qui n'assument pas grand chose. Dans un conflit ? Elles n'ont pas leur part de responsabilité, ce n'est même jamais leur faute.

Que ce soit au travail ou dans leur vie personnelle, ces individus se braquent à la moindre de friction, à la moindre remarque. Un reproche et les voilà partis dans une cascade de justifications pour ne pas porter la casquette du coupable. Cela vous agace au plus au point, vous qui subissez ces discussions si peu constructives. Mais pourquoi réagissent-ils ainsi ?     

"Jamais de ma faute" : l'origine de ce comportement

"Le but de ce comportement est de se tenir à l'écart d'un affect, d'un traumatisme. On évite de revivre une culpabilité, un sentiment de honte que l'on a déjà vécu", analyse Boris Charpentier, psychologue et coach émotionnel dans la capitale.

Quand ce n'est jamais notre faute, c'est que l'on ne possède pas la confiance en nous nécessaire pour supporter une responsabilité. "Cette attitude témoigne d'une fragilité narcissique, d'un manque de confiance. La structure psychologique de la personne n'est pas assez solide", complète la psychologue Veronica Olivieri-Daniel.

Il s'agit finalement d'une posture de victimisation, en effet, se faire passer pour la victime de l'histoire est une sorte de mécanisme de défense. Quand certains boudent ou crient, d'autres se victimisent pour faire face.   

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Manque de confiance et quête de valorisation 

Quand l'on se met dans une posture de victime, cela ne concerne généralement que le négatif, c'est-à-dire les reproches : "On s'attribue les choses positives qui nous arrivent, et pour les choses négatives, on se dédouane", indique Boris Charpentier. "Ces personnes sont persuadées qu'elles n'ont pas les ressources pour se défendre, la position de victime est la seule solution qu'elles perçoivent", ajoute-il. Le psychologue analyse également que l'impression de se sacrifier en permanence pour les autres entraîne aussi un rejet des responsabilités. 
 
Il est donc finalement assez logique que les "victimes" ne supportent pas les reproches. "Elles remettent toujours en question les critiques qu'on peut leur faire. Elles sont en quête de valorisation", témoigne le coach émotionnel. "Ces gens ne sont pas capables d'interagir normalement avec les autres, c'est-à-dire d'égal à égal", complète Veronica Olivieri-Daniel.

Une faille de maturité sans rapport avec l'âge 

Ne rien assumer, c'est fuir les disputes et les réprimandes. "C'est pas moi c'est mon frère", tout le monde connaît cette phrase, cette parade pour rejeter sa propre faute sur quelqu'un d'autre. Ce comportement est associé aux enfants et aux adolescents, qui ne sont pas jugés comme "mûrs".
 
Pourtant, la victimisation touche beaucoup d'adultes. L'âge ne change rien à cette faille de maturité. "Les victimes se perçoivent plus comme des enfants que comme des adultes. On constate une forme d'immaturité, elles deviennent victimes d'elles-mêmes", indique la psychologue Veronica Olivieri-Daniel.

Il est important de savoir que nous décryptons dans cet article l'attitude de personnes ne souffrant pas de troubles pathologiques. "Dans la victimisation il y a différents aspects : cela peut être pathologique lorsque la personne se sent persécutée, lorsqu'elle devient paranoïaque. Elle ne joue pas à la victime, elle se sent vraiment victime", explique Veronica Olivieri-Daniel. Ces problèmes relevant du domaine psychiatrique sont donc à distinguer de notre sujet.