Après l'amnésie digitale et la nomophobie, un nouveau syndrome gagne du terrain dans nos sociétés, entièrement occasionné par notre (sur)exposition quotidienne aux écrans : le "popcorn brain".

Nommé par le chercheur David Levy en 2011, le syndrome du "cerveau popcorn" se définit par la tendance de l'organe à passer d'une information à une autre, alors qu'il imite le rythme frénétique du monde numérique, calquant son fonctionnement sur celui d'internet. 

Les conséquences ? Stress, fatigue mentale mais surtout perte d'attention progressive voire détérioration des capacités d'apprentissage et de mémoire. Heureusement, il est possible de se libérer du "popcorn brain syndrome" et de rétablir ses fonctions cognitives, grâce à quelques techniques. 

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Les réseaux sociaux à l'origine du "cerveau popcorn"

Bien qu'il ne soit pas une maladie ou un trouble en soi, le syndrome du "popcorn brain" a bien ses propres symptômes, allant d'une simple attention fragmentée, à des pensées constamment dispersées jusqu'à un esprit totalement impatient. Mais son origine est, elle, unique : nos smartphones. 

"Le syndrome du cerveau en pop-corn décrit un état mental où notre cerveau est constamment surstimulé, sautant d'une pensée à une autre comme le pop-corn qui éclate dans la casserole. Ce n’est pas un trouble mais il est exacerbé par l'utilisation des écrans. Exposé en permanence à des stimuli numériques (notifications, vidéos courtes, fils d'actualités…), notre cerveau finit par adopter un mode de fonctionnement similaire à celui des algorithmes des réseaux sociaux", commence la psychologue Delphine Py

Désormais notre troisième main, notre téléphone vient altérer le bon fonctionnement de notre psyché. Mais comment l'expliquer ? 

"Les plateformes sont conçues pour capter notre attention en permanence, nous bombardant de nouveautés et de distractions, nous zappons et cela rend de plus en plus difficile la concentration sur une seule tâche à la fois. Cela active le système de récompense en libérant de la dopamine, une hormone associée au plaisir et à la gratification instantanée. À long terme, cela peut entraîner une diminution de notre capacité à nous concentrer, à mémoriser des informations et à rester attentifs et une fatigue mentale", selon l'experte.

Une hyperactivité cérébrale due aux réseaux sociaux qui vient l'épuiser et dont il est (très) dur de se libérer. "Cette demande constante d’attention, associée au système de récompense basé sur la dopamine, crée un cycle difficile à briser”, explique à Forbes le psychologue Mark Travers. 

Une réduction de la capacité du cerveau à s'engager dans une attention profonde, concentrée et soutenue

Et les conséquences sur notre vie sociale, professionnelle, amoureuse, amicale, émotionnelle, sont multiples. 

"Au fil du temps, cette demande constante d'attention et le passage rapide d'une tâche à l'autre peuvent entraîner un sentiment d'agitation mentale ou de ‘rebondissement’ du cerveau, qui s'efforce de rester concentré sur une tâche donnée pendant une période prolongée [...] Le cerveau n'est pas nécessairement endommagé, mais ses voies neuronales sont réorientées ou adaptées pour répondre aux exigences du multitâche et du traitement rapide de l'information”, détaille la psychologue Dannielle Haig à Glamour UK.

À l'image de l'amnésie digitale, le "popcorn brain" vient endommager notre cognition, nous empêchant de mener à bien une tâche, de penser correctement et donc d'aiguiser notre esprit, alors incapable de rester concentré.e.

“Cela peut conduire à une réduction de la capacité du cerveau à s'engager dans une attention profonde, concentrée et soutenue [...] si la plasticité du cerveau lui permet de s'adapter à ces nouvelles exigences, il est à craindre que ces adaptations se fassent au détriment de notre capacité à nous engager profondément et de manière réfléchie dans un contenu, ce qui pourrait avoir un impact sur l'apprentissage, la mémoire et la régulation émotionnelle au fil du temps”, continue l’experte. 

Des méfaits qui s'établissent sur le long terme, venant dégrader durablement notre santé mentale et notre quotidien.

“Le besoin constant de stimulation et de gratification immédiate peut entraîner une diminution de la patience et de la persévérance, ce qui rend plus difficile la réalisation d'objectifs à long terme. Il existe également un risque d'augmentation des niveaux d'anxiété et de stress, car l'incapacité à se déconnecter peut entraver la relaxation et les processus mentaux réparateurs, contribuant ainsi à un cycle d'engagement mental constant et d'épuisement professionnel”, précise la psychologue à Glamour UK.

Comment se libérer du "popcorn brain syndrome" ?

Un cerveau perturbé, un esprit embrumé, des pensées éparpillées, qu'il est heureusement possible d'éviter. 

Technique la plus efficace : "réduisez votre exposition et bloquez certaines applications après une période déterminée” et “désignez des moments ou des zones sans téléphone”, propose le psychologue Mark Travers à Forbes. En effet, "limitez le temps d’écran et de réseaux sociaux, en ayant des digital detox ou des moments sans écran", reprend Delphine Py.

Deuxième tips : établir une routine structurée loin des écrans afin de détourner l'attention de notre cerveau. "Investissez-vous dans des activités plaisantes, qui ont du sens et qui demande de l’attention, pour éprouver du plaisir autrement et simplement. Enfin, pratiquez la pleine conscience, pour prendre du recul sur ses pensées, profiter de l’instant présent, accepter l’inconfort que peuvent générer l’ennui ou l’impatience", déclare toujours la psychologue.

Des habitudes à instaurer progressivement dans son quotidien, en faisant preuve d'autocompassion, alors que nous sommes aujourd'hui entouré.es d'écrans.

"L’effet pop corn est un défi, il est la conséquence de notre interaction avec les technologies numériques. Nous pouvons adopter des stratégies pour limiter les distractions, réapprendre à nous concentrer et à utiliser notre temps de manière plus efficace et enrichissante. Sans oublier de tirer parti de ces nouvelles compétences", conclut Delphine Py.