Installés sur notre canapé, dans un bar ou sur notre bureau de travail, nous avons tendance à garder notre téléphone à portée de main. Posé sur la table, la fonction vibreur activée ou non, l’outil ne manque pas de nous rappeler ce qu’il se passe dans le monde ou de nous signaler les messages de nos proches par le biais d’innombrables notifications.

Mais ces interventions constantes, qui surgissent par le biais du vibreur, d'une sonnerie furtive ou de la simple illumination de l’écran, influencent notre activité cérébrale, modifient notre comportement et heurtent notre santé mentale d’une façon sournoise.

Les conséquences des notifications sur l’activité cérébrale

Dans notre société, la technologie ne cesse de se développer et son omniprésence a considérablement augmenté l’intensité et la fréquence des notifications au fil des générations.

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Selon les applications contenues dans le téléphone, l’ampleur des notifications varient, allant d’une cinquantaine à plusieurs centaines sur une journée. Et ces interventions constantes ne sont pas sans risque pour la santé.

Car, biologiquement, notre corps y répond. "Différentes zones du cerveau, telles que le cortex auditif et le gyrus frontal intérieur, peuvent s’activer pour réaliser l’attention sélective nécessaire pour se concentrer sur le signal sonore que nous entendons", explique le docteur Jacques Ambrose, psychiatre neuro-interventionnel et directeur médical à l’Université de Columbia (New York), à Yahoo Life.

Le cerveau s’est aussi habitué à ces notifications et a appris à les reconnaître. C’est surtout la nature imprévisible des notifications qui active le système de récompense du cerveau et qui peut renforcer le lien entre nos réactions et la notification.

En d’autres termes, lorsqu’une expérience est anticipée et qu’elle se produit, elle provoque un sentiment d’excitation. "Lorsque votre téléphone ou votre ordinateur nous prévient, une poussée de dopamine, l’hormone du bien-être dans notre circuit de récompense, inonde notre cerveau", explique-t-il.

Un boulevard pour l’anxiété

Ces notifications ont également des conséquences non négligeables sur la santé mentale. Le docteur Jacques Ambrose évoque l’augmentation du sentiment d’anxiété et l’activation de réactions physiologiques de stress de notre corps, telles que la libération de cortisol, l’hormone de stress.

Cette anxiété peut même devenir sociale. Manquer une notification peut stimuler le syndrome FOMO (Fear of missing out), qui traduit la peur de rater quelque chose et pousse les personnes à rester connectées en permanence pour être présentes à tous les événements.

Nos rapports avec autrui changent et peuvent aussi devenir compliqués à gérer. "Lorsque les gens ignorent mon message ou mettent du temps à y répondre, mon esprit s’emballe. J’oublie que les gens ont d’autres choses à faire et mes pensées anxieuses me font croire qu’ils me détestent", détaille une journaliste dans un article publié sur Refinery29.

"Parfois, le fait de penser à ce qu’il faut répondre peut être une source d’anxiété", explique Lee Chambers, psychologue environnementaliste, à Refinery29. "Dois-je répondre rapidement ? La formulation de la réponse ? Que dois-je dire ? Si je me trompe dans la formulation, est-ce que cela va affecter le lecteur ? Et bien souvent, cela peut vous amener à penser en noir et blanc et à ne pas voir les nuances de gris qui existent entre les deux", ajoute l’expert.

Aussi, les bruits et notifications constants à l’approche de l’heure du coucher ou pendant celle-ci peuvent nuire à la qualité et à la durée du sommeil, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé mentale des adultes comme des adolescent.es.

Comment se préserver des notifications au quotidien ?

Le concept des notifications ne devrait pas disparaître de sitôt, mais il existe des moyens de les empêcher de prendre le contrôle.

Jacques Ambrose suggère en premier lieu "d’autoriser les notifications professionnelles pendant les heures de travail afin de ne pas répondre aux alertes sonores du travail à la maison". N’hésitez pas non plus à fixer une plage horaire "Ne pas déranger" pour les moments durant lesquels vous souhaitez rester tranquille.

La démarche peut être salvatrice : Lauren Dudley, ancienne éditrice numérique de la version britannique de Vogue, a tenté l’expérience de désactiver pendant six mois les notifications de son téléphone. "Pendant un moment, je me suis sentie anxieuse, j’en parlais à tout le monde de façon semi-désespérée, m’assurant qu’ils savaient qu’ils pouvaient m’appeler s’ils avaient besoin de moi", raconte-t-elle sur X. Plus apaisée et plus concentrée, elle s’est dit davantage "dans le moment présent" après cette expérience.

About 6 months ago, I turned off every single notification on my phone. Nothing lights up my screen now.

Looking at others doing it, I used to think "fuck no, I obviously need to be able to see at least whatsapp. and maybe work emails..."

Here's the difference it made ??

Au quotidien, il est aussi possible de prendre certaines mesures comme éteindre son téléphone lors des repas ou pendant la nuit, de placer l’appareil hors de vue ou de réduire le nombre d’applications qu’il contient pour réduire le volume des notifications.

Essayez également d’être moins accessible. Même s’il est difficile de résister au "bip" émis par son téléphone, il n’est pas toujours nécessaire de répondre immédiatement. Deborah Serani, professeure à l’Université Adelphi et autrice de Living with Depression souligne d’ailleurs à Yahoo Life : "Rappelez-vous que pour être dans l’instant présent, il faut que votre esprit, votre corps et votre âme soient présents en temps réel, sans interruption et sans distraction".