Kintsukuroi ou l’art de réparer ses fêlures émotionnelles

assiettes linsukuroi
Comme une porcelaine brisée, on peut reconstruire sa vie après des épreuves émotionnellement difficiles, et se servir de ces expériences pour avancer. C’est ce que l’on appelle le “Kintsukuroi” ou l’art de réparer ses blessures psychologiques.

Il existe au Japon, un art bien particulier - le Kintsukuroi - qui consiste à réparer la porcelaine cassée en appliquant de l’or ou de l’argent sur les brisures. Symboles de fragilité (ou de malheur) dans un premier temps, ces fêlures - renforcées par le métal précieux - deviennent alors des éléments indissociables de l’objet en question.

Pour Tomás Navarro, psychologue et auteur*, il existe une analogie intime entre notre expérience et le Kintsukuroi. Tout au long de notre vie, nous devons affronter toutes sortes d’épreuves, comme des ruptures, des deuils, etc. Savoir les dépasser, c’est comme “ mettre de l'or sur nos fêlures, en prenant en compte notre passé, notre histoire, les accidents éventuels que nous avons pu connaître”.

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Kintsukuroi et la résilience

L’un des ingrédients nécessaires pour user du Kintsukuroi dans notre vie est la résilience. Par définition, elle désigne “la capacité d'un corps, d'un organisme, d'une espèce, d'un système à surmonter une altération de son environnement”. Si nos expériences ne nous définissent pas, elles influencent notre personnalité et nos choix.

Lorsqu’une expérience nous abîme, nous pouvons décider de nous cacher ou nous pouvons décider d'embrasser ces expériences qui nous ont façonnés de façon modeste. Le fait de surmonter cet “accroc” représente notre résilience. “Les processus qui permettent de reprendre son développement après un coup du sort nous concernent tous, car ils obligent à penser la vie en termes de devenir, d’évolution”, explique Boris Cyrulnik interrogé par Psychologies.com sur cette question de la résilience.

S’il semble que chaque être humain soit capable de faire preuve de résilience, quel que soit le traumatisme qu’il ait connu, l’expert du Kintsukuroi prodigue deux conseils indispensables pour surmonter les fêlures de la vie : “n’attendez pas de toucher le fond” et surtout “ne restez pas figé dans la douleur”.

Kintsukuroi : comment réparer ses fêlures émotionnelles ?

Au fil des pages de son ouvrage, Tomás Navarro décrypte le concept même de Kintsukuroi et liste par là même les différentes étapes nécessaires pour réparer nos blessures émotionnelles.

  • Recollez les morceaux

Première étape quand on subit une blessure émotionnelle ? Recollez rapidement les morceaux. Si on attend, “que l’on cache les morceaux” dans un tiroir, on risque de les abimer ou d’en perdre un : pour ne pas se laisser aller dans la torpeur et la douleur, il faut tout recoller, le plus tôt possible.

  • Analysez la situation

Avec le temps et le recul, tout est plus limpide. C’est pourquoi il faut se forcer à faire un pas de côté pour mettre en perspective la situation, trouver son Ikigaï (son point d’équilibre entre nos envies et nos émotions), et tenter de tirer les leçons de ce qui nous a fait du mal, en regardant la réalité sans filtre.

  • Connectez-vous à votre résistance émotionnelle

Troisième étape importante : se connecter à sa résistance émotionnelle. C’est le moyen le plus efficace de trouver la force de se reconstruire et de dépasser sa douleur. Et comme le quotient émotionnel, les résistances émotionnelles peuvent se développer.

  • Reconstruisez ce qui détruit

Pour Tomás Navarro, “il y a une différence entre réparer et reconstruire”. Si la réparation est une sorte de rafistolage - physique ou émotionnel - la reconstruction, demande du temps et un travail au niveau des fondations. On va alors se consacrer sur ce que l’on aime et non, sur ce qui nous a fait du mal.

  • Magnifiez vos cicatrices

“Mon corps est plein de cicatrice”, raconte Tomás Navarro dans son ouvrage. Avant d’ajouter: “elles m’ont toutes appris quelque chose”. Et c’est sur ce point précis que l’art du Kintsukuroi prend tout son sens : pour reconstruire sa vie avec des blessures émotionnelles, il ne faut pas qu’elles disparaissent, bien au contraire : il faut mettre de l’or dessus, pour qu’elles deviennent de véritables bijoux qui orneront votre moi-profond.

*Pour aller plus loin, “Kintsukuroi : l’art de guérir les blessures émotionnelles” de Tomás Navarro, Ed. de la Martinière, 19,90 euros

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