Dans son livre NASH : la maladie de la malbouffe (éd. Flammarion) paru le mercredi 14 mars 2018, le gastro-entérologue Dominique Lannes tire la sonnette d'alarme sur une épidémie silencieuse qui concernerait environ 3 millions de personnes en France actuellement, et qui est amenée à progresser dans les années à venir : la stéatose hépatique non alcoolique ou maladie du foie gras.

Boire trop de sodas et ingérer trop d’aliments gras et sucrés ne détériore pas uniquement la silhouette. Cela surcharge en effet le foie en triglycérides. Or un foie graisseux est susceptible de générer une cirrhose, voire un cancer, sans consommer même une goutte de vin ou de whisky.

Selon une étude publiée en 2015 dans Journal of Hepatology, un soda quotidien élève de 55% les risques de développer une stéatose hépatique, la maladie chronique du foie la plus répandue chez les enfants. 20% des cirrhoses ne sont ainsi ni liées à l’alcool ni aux hépatites virales, estime l’Association française d’étude du foie (AFEF).

La NASH, une maladie grave des temps modernes

Le nombre de stéatoses non alcooliques (ou Nash pour "Non Alcoolic Steato Hepatitis") ne cesse d’augmenter. Cette épidémie est "étroitement corrélée à l’épidémie de diabète et d’obésité dans les pays développés", constate le Dr Christophe Bureau, hépatologue au CHU de Toulouse.

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Quand on avale beaucoup d’aliments gras et sucrés, le foie est surchargé. Confronté à des réserves trop abondantes, il transforme le sucre excédentaire en lipides qu’il accumule. Du coup, il fatigue et engraisse. Il peut finir par peser jusqu’à 5 % du poids du corps, contre 2 % à l’état normal.

"Ce phénomène peut entraîner une inflammation chronique susceptible de dégénérer en fibrose*, explique le Dr Christophe Bureau. En quelques années, on peut ainsi développer une cirrhose qui peut évoluer en cancer".

"Une alimentation malsaine, à base de fast-food par exemple, peut entraîner des lésions hépatiques en seulement 7 jours", remarque le Dr Michael Greger, auteur de Comment ne pas mourir : Les aliments qui préviennent et renversent le cours des maladies (éd. Belfond).

Des symptômes silencieux

La détérioration progressive du foie se réalise en catimini, sans que les patients ne ressentent de symptômes spécifiques. Seul un bilan hépatique peut alerter : dosage sanguin des gamma GT, des transaminases et des phosphatases alcalines, qui reflètent l’état de santé des cellules hépatiques.

Car quand la NASH s’est installée, il est souvent déjà trop tard. Le foie malmené est à bout de souffle. À l’inverse, cette pathologie est réversible lorsqu’elle est dépistée précocement (stéatose et cirrhose débutante). Chez les personnes obèses, une perte de poids de 8 à 10% et la reprise d’une activité physique améliore beaucoup la fonction hépatique.

Pas de médicaments si ce n'est stopper la malbouffe

Cette maladie n’est pas nouvelle, mais elle défraie la chronique depuis que le journaliste sportif Pierre Menès a révélé en avoir été atteint. Et le décès du chanteur George Michael, lui aussi touché, a créé un effet boule de neige.

Il n’existe pas encore de médicaments capables de guérir la maladie du soda. Seul un mode de vie sain permet de la prévenir et d’inverser son cours au stade débutant.

Pour chouchouter votre foie, mettez le frein sur les boissons sucrées, le pain blanc et les pâtes, ainsi que les biscuits et les pâtisseries industrielles, qui recèlent en outre des additifs que le foie devra éliminer.

Réduisez également votre consommation de café et de thé. "La caféine et la théine sont des alcaloïdes poisons pour le foie, au même titre que la nicotine du tabac", estime le naturopathe Christian Brun, auteur de Nettoyer et drainer son foie naturellement (éd. Guy Trénadiel).

* durcissement de certaines cellules du foie du à un processus de cicatrisation, en réaction à une inflammation hépatique.