En quelques mois d'une année confinée, l'horizon de notre couple s'est réduit comme peau de chagrin. Claquemuré, notre glorieux duo d'antan échoué sur canapé s'est branché sur la VOD, devenue seule source d'interaction et d'inspiration avec le monde dit "extérieur".

Dans les soirées off de la "vie d'avant", l'un matait un film, l'autre partait bouquiner ou tricoter. Quand on n'en profitait pas pour batifoler. Las, en 2019 déjà, les spécialistes s'alarmaient des 36 % des 18-38 ans qui préféraient avancer dans leur série plutôt que de faire exulter leur corps1 et celui de leur moitié.

Rituel conjugal post-couvre-feu

Deux ans plus tard, nul n'échappe plus au "rituel" conjugal post-couvre-feu. Tadam ! Sept lettres rouges et des kilomètres d'épisodes plus tard, qu'est-il advenu de notre amour en pyjama confronté aux seuls modèles d'amants sortis de l'esprit (malade) d'équipes de scénaristes planqués au bout du monde ? Normal people, The undoing, La chronique des Bridgerton… passionnés ou déchirés, cuculs ou adultérins, nos seuls "couples d'amis", modèles ou repoussoirs, sont ainsi devenus ces inconnus offrant à notre ménage en perte de repères un reflet inédit.

Pour le meilleur ? Dans Mister Big ou la glorification des histoires toxiques2, tout juste paru, India Desjardins analyse l'impact de l'amour à l'écran sur l'idée que l'on s'en fait dans la réalité. "Je donne tous les outils pour regarder les œuvres de fiction avec d'autres petites lunettes", explique l'auteure revenue de sa quête du big love nourrie à la sauce Carrie (Bradshaw, de Sex and the City, ndlr).

Vidéo du jour

Des astuces à confier aux Netflix-addicts persuadés de la véracité des amours sérielles qui, selon les chercheurs de l'Albion College, considèrent plus volontiers leur mariage (et leur partenaire) comme décevant… Mouais.

On ne se referait pas des house parties avec des couples d'amis de la vraie vie ?

1. Wall Street Journal, 2019. 2. Éd. Eyrolles.

Initialement publié dans le magazine Marie Claire 826, juin 2021