A comme andromaque, B comme bondage, C comme chatte… Le nouvel ouvrage de Maïa Mazaurette, La Vulve, La Verge et le Vibro (Ed. La Martinière) se présente sous la forme d’un abécédaire coquin, joliment illustré par Alex Viougas. On y trouve plus d’une centaine de mots ou d’expressions, issus du champ lexical du sexe.

Le message affiché : apprendre les mots du sexe pour déconstruire nos représentations, et par là même, faire tomber les injonctions qui pèsent encore sur la sexualité, notamment des femmes. “En sexualité, le silence a longtemps constitué la norme. D’accord. Mais nous ne sommes pas prisonniers de cette histoire-là : dans un monde de la bagatelle et des galipettes, il n’y a aucune fatalité. [...] Nous pouvons toutes et tous apprendre à parler de sexe”, écrit-elle en prologue de son ouvrage. 

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Clitoris, flaccide : connaître les mots pour se connaître soi  

Le premier avantage à connaître les mots du sexe, c’est d’abord une question de savoir. Si l’on connaît le terme “clitoris”, on a plus de chance de savoir où il se trouve et comment le stimuler. Logique. C’est la même chose pour tout ce qui a trait à l’anatomie. En apprenant les mots du sexe, on apprend en réalité le sexe, son fonctionnement, ses multiples possibilités…

  • Clitoris : organe féminin entièrement consacré au plaisir. “Le clitoris fait 10 à 12 centimètres (format haricot vert). La partie qui dépasse de la vulve n’est que le gland, poursuivi sous la peau par deux tiges enserrant le vagin”, écrit Maïa Mazaurette.
  • Flaccide : moins connu, ce terme désigne la position d’un pénis "au repos". L’autrice souligne dans cette page que le sexe masculin est généralement représenté en érection : “des petits malins ont décrété que la position anatomique standard du pénis serait l’érection, alors même que la position “courante” du pénis est la faccidité (au moins 95% du temps)”. 

Étoile de mer, allumeuse : briser les images et les injonctions 

Le second avantage à s’approprier les mots du sexe, c’est de pouvoir comprendre que certains termes utilisés renforcent en réalité le sexisme et les injonctions, qui pèsent notamment sur les femmes. C’est le cas par exemple des termes “étoile de mer” ou “allumeuse” étudiés dans l’ouvrage par la sexperte. 

  • Étoile de mer : métaphore péjorative désignant une femme apathique qui, allongée sur le dos, reste passive lors d’un rapport sexuel, généralement hétérosexuel et pénétratif. “Dans les tréfonds de ce bestiaire immergé erre l’étoile de mer, qui qualifie la partenaire sexuelle étalée en croix, passive [...] Quid des hommes qui se laissent faire ? Sans surprise les mots nous manquent”. 
  • Allumeuse : terme une nouvelle fois péjoratif qui désigne une femme qui aguiche. Maïa Mazaurette souligne là-encore le poids du sexisme qui pèse sur ce terme : le fait que la version masculine du mot ne porte aucune connotation sexuelle d’une part, mais aussi que la “logique pyromane” qu’elle contient a une incidence beaucoup plus grave. “On se retrouve à demander à des victimes de viol “ce qu’elles portaient ce jour-là”. A ce titre, l’allumeuse incarne la quintessence de la femme qui l’a bien cherché. La culture du viol commence par les mots”, décrypte l’autrice. 

Kink, vibro : profiter pleinement de tous les plaisirs

Enfin, apprendre la linguistique sexuelle permet d’ouvrir le champ des possibles pour ne pas rester coincé dans des images pré-conçues, que ce soit par son propre imaginaire ou pas la société. 

  • Kink : mot emprunté à l’anglais, le kink semble aujourd’hui un terme indispensable à s’approprier si on en croit la sexperte. “Comment vivre sans l’indispensable Kink - que l’on traduire, au plus court, par une très indigeste "excentricité fantasmatique”, écrit-elle. Dans le champ lexical qui nous intéresse aujourd’hui, le kink désigne “une préférence ou pratique sexuelle non conventionnelle”. 
  • Vibro : la définition semble peu utile, mais il était nécessaire de consacrer une page aux vibromasseurs tant leur utilisation se décomplexe. En France, selon un sondage de 2017, 49% des femmes avaient déjà utilisé un sextoy pour se masturber. Et la proportion a peut-être même augmenté en 2020 au vu de l’augmentation des ventes de sextoys dans le monde.