Cela ressemble à s’y méprendre à une mauvaise blague. Pourtant, cette décision du tribunal de Rome (Italie) est tout à fait sérieuse. Alors qu’il comparaissait pour des faits d’agression sexuelle sur une adolescente de 17 ans dans l’école de cinéma où il travaille comme agent d’entretien, un homme de 66 ans a été relaxé. La raison ? Son geste n’a duré qu’une "poignée de secondes" et ne peut donc constituer un crime, selon la justice italienne.

Un "acte maladroit sans désir sexuel"

D’après les journaux italiens Il Corriere della Serra et Il Giornale, les faits se sont déroulés en avril 2022. Une étudiante de l’école de cinéma et de télévision Roberto Rossellini, située à Rome, se trouvait dans une cage d’escalier, lorsqu’elle a senti une main pénètre dans son pantalon et lui toucher les fesses, la soulevant au-dessus du sol. L’agent d’entretien ne s’est pas caché d’être à l’origine de ce geste, indiquant à la jeune fille qui s’est empressée de s’éloigner : "Chérie, tu sais que je rigolais". Une version confirmée par une amie de l’étudiante, qui a assisté à toute la scène.

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Malgré ce témoignage et les dires de l’accusé, ce dernier - qui nie toutefois avoir glissé sa main sous les vêtements de l’adolescente de 17 ans - ne sera pas condamné. Le jury a conclu qu’il s’agissait d’un "acte maladroit sans désir sexuel". "La soudaineté de l'action, sans contact insistant, et qui peut être considérée 'presque comme une brève palpation' ne permet pas de caractériser l'intention libidineuse (…) généralement requise par le droit pénal", ont expliqué les juges. Pour ces derniers, l’acte, d’une durée de "cinq à dix secondes" selon l’étudiante, n’a pas été réalisé avec l’intention d’agresser. L'homme n'a donc pas été condamné pour agression sexuelle.

"Je ressens tellement de colère. Ce n’est pas la justice"

Une relaxe qui a bien entendu révolté la jeune adolescente, qui ne compte pas en rester là. Elle espère que le parquet, qui avait requis trois ans et demi de prison pour le sexagénaire, fera appel. "Je ressens tellement de colère. Ce n’est pas la justice. (…) Je me sens trahie deux fois : d’abord à l’école, où ce qui s’est passé s’est passé, et maintenant par le tribunal", a-t-elle déclaré au journal romain le Corriere della Serra, repris par nos confrères de BFMTV. "Après cette décision, si une fille est tripotée, elle finira par penser qu’il ne vaut pas la peine de dénoncer la violence", a-t-elle ajouté.

L'affaire n’a pas manqué d’indigner de nombreux Italiens et de nombreuses Italiennes, qui se sont emparé·e·s du verdict pour le détourner sur les réseaux sociaux, en créant notamment le hashtag #10secondi sur TikTok. Un mot-clé lancé par Paolo Camilli, star de la série The White Lotus, qui rappelle les 10 secondes évoquées par le jury pour justifier la relaxe.

@paolocamilli Lo Stato non dovrebbe proteggere? ????‍?? #10secondi #molestie #reato #attualità ? suono originale - paolocamilli

De nombreuses vidéos ont été publiées sous ce hashtag, où des internautes se palpent les parties intimes durant dix secondes. Une durée qui peut être longue, contrairement aux apparences, et un moyen de dénoncer à quel point la violence des agressions sexuelles reste trop souvent minimisée.