Familièrement appelée “grossesse chimique”, la grossesse biochimique ne concerne pas uniquement les personnes engageant une procréation médicalement assistée (PMA), et n’est pas synonyme de fécondation in vitro (FIV).

Au contraire : “La grossesse biochimique est en fait une fausse couche ultra précoce. On dit qu’elle est chimique, parce qu’elle n’est visible que dans le sang”, explique le Dr Georges Levy, gynécologue obstétricien. 

Cette fausse-couche a lieu lorsque l’embryon ne parvient pas à se développer après son implantation dans les muqueuses utérines. “Une grossesse biochimique apporte la certitude aux femmes qu’elles ont été enceintes, mais très peu de temps”, détaille le Dr Georges Levy. 

Une fausse couche avant cinq semaines de grossesse

Pendant près d’un cycle entier, la grossesse non-évolutive a tout d’une grossesse normale. Dans les 10 premiers jours après la fécondation, le test de grossesse urinaire est positif, et les prélèvements sanguins viennent le confirmer. Le taux de bêta-HCG, hormone sécrétée par l’embryon, est supérieur à 10 mUI/ml, ce qui confirme sa nidation dans l’endomètre.

Mais moins d’une semaine après le retard des règles, l’embryon qui était supposé se développer se décroche. “On demande aux patient.e.s de faire une échographie après avoir fait leurs tests. Si l’on voit une poche vide sans embryon, c'est un oeuf clair : la grossesse s’est arrêtée”, affirme le Dr Georges Levy.

Cette fausse-couche ultra-précoce survient avant la cinquième semaine suivant la date des dernières règles, et qui se diagnostique souvent avec le retour inopiné des règles.

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Les facteurs prédisposants à la grossesse chimique

“Dans l’immense majorité des cas, la grossesse biochimique est un accident fortuit, et arrive lors de la première grossesse d’une femme”, assure le Dr Georges Levy. 

Les causes précises d’une grossesse non évolutive sont mal connues. Comme pour les autres types de fausses-couches, cela peut notamment être dû à des anomalies génétiques ou des malformations. Lorsqu’elles sont génétiques, elles empêcheront l’embryon de se développer. Quand elles sont utérines, alors l’embryon ne parviendra pas à s’implanter.

Un âge avancé peut aussi augmenter aussi les chances de faire une grossesse chimique. “Les risques de malformations génétiques des ovocytes augmentent à partir de 35 ans”, souligne l’Institut Vasco de la fertilité. 

L’absence de symptômes de la grossesse chimique

Pour une personne désireuse de concevoir, la grossesse non-évolutive peut être traumatisante. “Cela peut être un véritable faux-espoir, notamment pour les femmes engageant une PMA, qui ont tant attendu de voir du positif sur leur test”, confirme le Dr Georges Levy. 

D’autant que cette fausse-couche n’est le plus souvent accompagnée d’aucun symptôme. “On peut potentiellement s’en inquiéter lorsque le taux de béta-HCG est très faiblement positif lors des tests sanguins”, précise le gynécologue. La grossesse biochimique passe le plus souvent complètement inaperçue.

Toutefois, l'embryon s’évacuant naturellement, cette fausse-couche n’entraînera aucune conséquence sur le corps, et n’est pas une fatalité. “C’est même plutôt un indicateur positif quant à sa fertilité. Cela veut dire que l’implantation embryonnaire est possible chez cette femme, et ouvre l’espoir d’une future grossesse”, rassure le gynécologue. 

Ce qui est vrai aussi pour les femmes ayant mis en place un processus de PMA ou de FIV, qui pourront commencer un nouveau traitement hormonal sans risque.