Les Françaises, de moins en moins satisfaites sexuellement. C’est le constat dressé par une étude Ifop pour The Poken Company* intitulée Panorama de la sexualité des Européennes à l’heure du Covid-19. Le but affiché de cette enquête ? Faire un bilan sur la sexualité des femmes européennes, après plus d’un an et demi de pandémie mondiale. 

En tout, ce sont 5025 femmes résidant en Espagne, Italie, France, Allemagne et au Royaume-Uni, qui ont été interrogées. Premier constat : ce sont les Françaises qui semblent les moins satisfaites par leur vie sexuelle

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Une vie sexuelle et affective en berne 

Les chiffres sont clairs : 35% des Françaises déclarent une insatisfaction latente sexuellement parlant, contre 23% des femmes allemandes et 27% des Britanniques. Une insatisfaction qui ne date pas d’hier mais qui tend à se creuser : selon les chiffres, en 2016, la proportion des Françaises insatisfaites au lit n’était “que” de 31%, soit 4 points en 5 ans, tandis que pour les autres pays européens, la hausse n’est que d’un point en moyenne. 

Ce mécontentement dépasse d’ailleurs largement la chambre à coucher : les chiffres de l’étude montrent que la vie affective des sondées est aussi en berne. 28% des Françaises et des Britanniques se disent déçues de leur vie sentimentale, contre 21% des Espagnoles et 24% des Italiennes, et seulement 16% des Allemandes.

Injonction à la performance et fatigue pandémique

Pour expliquer ces chiffres et cette insatisfaction chronique sexuelle et sentimentale, François Kraus, directeur de l'expertise "Genre, sexualités et santé sexuelle" à l'Ifop, avance que "la plus forte insatisfaction mesurée en France tient sans doute à des éléments culturels - comme l'injonction à la performance qui pousse à des pratiques qui ne sont pas les plus épanouissantes - mais surtout à une pluralité de facteurs (forte consommation d'antidépresseurs, chômage élevé, stress lié à la vie professionnelle, conditions de confinement...) qui s'avèrent défavorables à cet épanouissement sans pour autant relever de leur sexualité stricto sensu."

D’autres études préalables avaient par ailleurs montrer que - notamment lors du premier confinement de 2020 - les couples français n’avaient pas eu une sexualité débordante, du fait du stress inhérent à la situation de crise, mais aussi au télétravail “forcé” et à la présence des enfants. 

"Cette contraction de l'activité sexuelle des femmes paraît somme toute logique. Les principaux effets de la crise sur la santé psychologique des populations (stress ou anxiété, états dépressifs, alcool) sont tous de nature à altérer la libido et l'épanouissement sexuel", estime François Kraus, cité par La Dépêche.

La satisfaction sexuelle, une question d’écoute ?

L’étude s’est également penchée sur l’évolution des pratiques sexuelles. “87 % ont déjà fait une fellation à leur partenaire. Elles étaient 55 % en 1970. Autre chiffre : 51 % des Françaises ont déjà pratiqué la sodomie. Elles étaient 14 % en 1970”, recense La Dépêche. Avant de citer les conclusions de l’Ifop : “la sodomie s'est fortement banalisée ces cinquante dernières années, mais reste occasionnelle. Néanmoins c'est un chiffre record et supérieur aux autres pays européens”. 

Dernier chiffre de (très) haute importance : parmi les Françaises insatisfaites sexuellement, “64% se plaignent que leur conjoint n'est pas attentif à leur plaisir”. Sans doute l’une des pistes les plus concrètes pour expliquer ce mécontentement affectif et sexuel. 

*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 5 025 femmes, composé d’un échantillon représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (âge, profession de la personne interrogée, état matrimonial légal) après stratification par région. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 1 au 5 mars 2021.