Selon le baromètre 2020 de Because Gus, média spécialisé, 8% des Français.es auraient une alimentation sans gluten. Parmi eux, 6% ont arrêté de consommer des produits qui en contiennent “pour des raisons qui ne sont pas médicales”. 

Car depuis quelques années, le régime sans gluten a la cote et n’est plus seulement adopté que par les malades cœliaques ou les allergiques au blé. 

Pourtant, une étude publiée en mai 2017 dans la revue scientifique BMJ avançait que le régime sans gluten pouvait, à long terme, fragiliser la santé cardiovasculaire des personnes ne présentant pas d'intolérance. 

“La suppression du gluten peut entraîner une réduction de consommation de grains entiers bénéfiques, ce qui peut affecter le risque cardiovasculaire. La promotion du ‘sans gluten’ chez les personnes sans maladie cœliaque ne devrait pas être encouragée”, écrivaient alors les chercheurs. 

Mais avant d’adapter, ou non, son régime alimentaire à cette protéine, il convient de comprendre ses effets sur l’organisme. Alors, quels sont-ils ? 

Le gluten, une protéine végétale sans intérêt nutritionnel 

Mais avant toute chose, le gluten, késako ? 

“C’est une protéine végétale qu’on retrouve dans certaines céréales, comme le seigle, le blé, l’orge ou encore l’avoine. Il y a en beaucoup dans les produits de boulangerie, les gâteaux industriels, les pâtes ect...”, répond Alexandra Murcier, diététicienne-nutritionniste et fondatrice de Silweight*.

Le gluten se retrouve donc dans de nombreux aliments du quotidien, car il est utilisé pour donner de l’élasticité aux produits. “Autrement, il n’a pas de fonction nutritive”, appuie la spécialiste. 

Et si la consommation de produits qui en contiennent ne crée pas de maux chez nous, alors, nul besoin de l’éliminer de son alimentation. 

Une protéine qui peut être perçue comme une toxine par le corps 

Alors, “il ne faut pas diaboliser cette protéine, car une éviction totale implique que l'on se prive d’aliments qui eux, ont des intérêts nutritionnels, comme les glucides”, appuie Alexandra Murcier.

Toutefois, chez les malades cœliaques - "en Europe, aux États-Unis, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Inde, la maladie cœliaque toucherait 0,7 à 2 % de la population", informe le site de l’Assurance Maladie - le gluten a des conséquences directes sur le corps. 

Attention, si les termes se mélangent souvent, il est important de différencier l’intolérance au gluten (maladie cœliaque) et l’allergie au blé (souvent nommée "allergie au gluten"), qui est une allergie alimentaire au même titre que celle à l'arachide ou à la moutarde par exemple. 

“Certaines personnes réagissent différemment au gluten, le corps le perçoit comme une toxine, provoquant une réaction excessive des cellules immunitaires et l'attaquant. Si une personne sensible sans le savoir continue de manger du gluten, cela crée une sorte de champ de bataille, entraînant une inflammation”, indique un article paru sur le site de l’école de médecine d’Harvard (Etats-Unis). 

Des troubles digestifs, des maux de tête et une fatigue inexpliquée

Chez ces profils précis, sont notés des symptômes comme “des ballonnements, des douleurs, des diarrhées et parfois des maux de tête et une grande fatigue”, liste Alexandra Murcier. 

Dans ces cas-là, il convient d'envisager un accompagnement médical et parfois même nutritionnel, parce qu’il “faut compenser ses assiettes avec d’autres sources de glucides”. 

Également, comme le gluten est “pro-inflammatoire”, il peut être recommandé de l’éviter chez les personnes souffrant de pathologies inflammatoires, comme l’arthrose ou l’endométriose.

Manger sans gluten ne fait pas mincir 

Et pour les personnes qui décident d’arrêter le gluten pour perdre du poids, là encore, la protéine n’a pas de rôle à jouer. 

“C’est la surconsommation des glucides qui fait grossir et non pas la consommation de produits qui contiennent du gluten”, nuance Alexandra Murcier. 

D'autant que cette “mode du sans gluten” n’est pas forcément saine, notamment quand on consomme ces alternatives qui pullulent dans les rayons des magasins d’alimentation. 

“Il faut se tourner vers des aliments qui sont naturellement sans gluten, comme le riz ou le quinoa, parce que la farine de maïs qui est souvent utilisée dans la composition des substituts a un indice glycémique élevé", prévient-elle, pour terminer.

*Silweight, est "un programme de rééquilibrage alimentaire basé sur la notion de plaisir, avec un suivi réalisé par une diététicienne que le patient peut choisir en fonction de son profil et ses spécialités (sans gluten, TCA...)".