Chaque été, Marie Barraco, 42 ans, sélectionne les meilleures fictions télé européennes pour le festival Série Séries, à Fontainebleau. Événement qu'elle pilote avec des auteurs et des producteurs. La prochaine édition aura lieu du 1er au 3 juillet 2019. 

Marie Claire : Votre tenue de combat ?

Marie Barraco : Tout en noir, pantalon, T-shirt, veste ou blouson de motard. Et peu de maquillage.

Qu'est-ce qui vous fait peur dans votre travail ?

La veille d'un festival, j'ai peur de décevoir. Parce que Série Séries, c'est une programmation, mais c'est aussi des gens que l'on réunit, une atmosphère, et tout cela produit – ou pas – une alchimie qui ne dépend pas uniquement de nous.

Prenez-vous un petit-déjeuner ?

Oui, copieux, des tartines beurrées ou à la confiture de ma grand-mère : abricots, mirabelles. Avec thé et orange pressée.

Quel est le meilleur conseil professionnel que l'on vous ait donné ?

Quand je travaillais chez Le Public Système Cinéma, son président Lionel Chouchan m'a dit : "Lance-toi, mets-toi à ton compte."

Quelle drogue en cas de période extrême ?

Des chewing-gums à la menthe. Une consommation excessive.

Qu'est-ce qui vous procure le plus de plaisir au travail ?

J'aime valoriser le métier de scénariste alors que je ne me sens pas capable d'écrire.

En quoi êtes-vous la plus douée ?

Porter attention aux gens, pour qu'ils se sentent bien.

Et votre faiblesse ?

J'ai des idées assez arrêtées. Je ne suis pas assez politique, pas assez souple et parfois il faut vraiment insister pour me faire fléchir… Et je me laisse facilement porter par mon enthousiasme, ma spontanéité que je dois aussi savoir pondérer.

Avez-vous déjà connu la misogynie ? Le sexisme ?

Vidéo du jour

En montant mon entreprise, Kandimari, à 27 ans, j'ai subi des remarques désagréables sur mon âge. Je me souviens d'une rencontre avec un cadre important de l'audiovisuel qui m'avait dit, dubitatif : "Oh, je ne vous voyais pas si jeune."

Que faites-vous pour tenir le coup ?

Je jardine, je taille mes rosiers, j'en ai un jaune grimpant magnifique. Je joue au tennis une heure par semaine avec une copine. Je me mets au piano (en ce moment des Impromptus de Schubert). Je me change les idées dans les dîners "rescue" avec mes amis, apéritif, bon vin, fromages et rigolade.

Où déjeunez-vous ?

Notre cantine à Levallois-Perret, c'est L'Allumette, pour sa cuisine familiale simple.

Quelle est la place de votre vie privée au regard de votre vie professionnelle ?

Organiser un festival, c'est sacrifier son temps. Je ne vois que mon bureau et mon lit. Mais il y a des limites que je ne franchirai pas, comme rater le spectacle de fin d'année de l'école, quitte à faire un aller-retour. Il m'arrive aussi de me lever à 6 h du matin pour faire des crêpes pour la fête de l'école. Je m'appuie beaucoup sur mes deux filles de 10 et 14 ans, et mes amis.

Pensez-vous, comme Sheryl Sandberg, que pour faire carrière il faut choisir le bon partenaire de vie ?

Oui. C'est dur d'être cheffe d'entreprise, donc on ne peut y arriver qu'avec des alliés, et le meilleur, c'est souvent son compagnon. Le mien m'encourage et me pousse à me poser les bonnes questions. C'est une forme de coaching, et comme il ne travaille pas dans mon domaine, c'est plutôt objectif.

Avez-vous déjà été atteinte par le syndrome de l'imposteur ?

Oui, quand j'étais plus jeune. Après un DESS de droit mais aucun diplôme lié à l'audiovisuel ou au cinéma, je ne me sentais pas légitime et je me disais : "Finalement, qui suis-je pour faire ce métier ?" 

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