Sur cet espace de parole aux 55 k abonné(e)s, la vulnérabilité se partage, ouvre la porte aux petites et grandes questions de l’existence et inscrit nos chers réseaux sociaux dans un nouvel élan d’écriture-lecture très loin du prêt à scroller, prêt à penser.

Émotion(s) & création(s)

Production d’albums (Grand Corps Malade, Christine and the Queens), formations en soins biodynamiques, reiki, thérapie émotionnelle, analyse transgénérationnelle : de rebonds en ricochets, Angelo Foley a tracé sa route entre musique et psychothérapie, conjuguant les deux à travers un accompagnement protéiforme.

De l’artiste qui "accouche" d’un album aux personnes en chemine- ment qu’il rencontre via son métier de psychothérapeute, Angelo place la créativité au centre de sa démarche et la présente ainsi : "Inspirer des hommes et des femmes à intégrer leur histoire, développer leur intelligence émotionnelle et leur créativité."

Il y a une sorte de pudeur, de tabou autour de la peur.

Vidéo du jour

Séances individuelles, ateliers en groupe ou conférences... En 2018, grâce au compte Instagram @Balancetapeur, Angelo ajoute un nouveau medium à ses divers outils d’échange et d’exploration. Pourquoi la peur ?

"Je voyais émerger de nombreux comptes Instagram avec des contenus en lien avec le yoga, la méditation, le coaching à l’américaine. Je trouvais très intéressant cette vocation à remettre en question et réfléchir collectivement, tout en s’éloignant de la valorisation par l’image, mais il n’y avait quasiment pas de contenu évoquant les mécanismes psychologiques. Tout le monde parlait de tout, sauf de la peur. Il y a une sorte de pudeur, de tabou autour de celle-ci, alors que derrière de nombreuses réactions, ce qui se cache, c’est la peur. Les gens ont souvent l’impression de tourner en rond, car ils ne cessent de se poser les mêmes interrogations et de répéter des schémas : telle ou telle situation ne me convient pas ( familiale, professionnelle...), cela me met en colère, je n’aime plus cette relation amoureuse mais n’arrive pas à la quitter... Autant de problématiques qui sont en fait des manifestations de peurs non identifiées. Pas les peurs archaïques qui relèvent de notre système de survie mais celles, plus intimes, qui durent des années bien qu’il n’y ait pas de danger concret, et qui nous bloquent, nous éloignent des surprises et des incertitudes, de la prise de risque et, a fortiori, de notre créativité."

Les maux comme fil d’écriture

Sur le feed de Balance ta peur, pas de photos, mais des mots blancs sur fond noir, parfois ponctués par les dessins de l’illustratrice Maliv, auxquels s’ajoutent en caption des textes écrits par Angelo (que l’on ne se lasse pas de lire et relire).

Un format épuré et efficace pour un sujet net et précis qui a clairement trouvé sa résonance. Beaucoup de femmes, un peu d’hommes, quelques désabonnements, une flopée de nouveaux ou nouvelles abonné(e)s. Depuis sa création il y a presque deux ans, le compte Balance ta peur grandit de façon organique et affiche aujourd’hui un 55K.

Le principe est simple : afin d’être publié(e) anonymement, vous écrivez un message privé à Angelo, lui confiant votre histoire, votre ressenti, votre peur. Mais ce n’est pas parce que vous lui écrivez que vous serez publié(e). Une fois vos peurs écrites blanc sur noir, à quoi ça sert de les avoir balancées ?

"Cet espace qui se base sur les principes de la communication non violente (exprimer plutôt que porter un jugement), est une invitation à ‘déposer’. Formuler ses peurs et savoir que des personnes vont lire cette confidence légitime ce que l’on ressent, aux yeux des autres mais aussi à nos propres yeux. Ainsi, c’est une manière de s’avouer, de se représenter à soi-même ce dont nous avons peur. La parole libère et permet de travailler sur nos processus pour ensuite éventuellement transformer, dépasser ces peurs"

Zéro injonction, flot de réflexion

"Dans la peur, je sacrifie mes besoins et fais passer les conditions de l’autre en priorité" ; "Quand je me sens abandonné(e) par l’autre, c’est avant tout le signe que j’ai abandonné une partie de moi" ; "La seule peur qui nous empêche réellement de vivre est la peur d’avoir peur. Accepter nos émotions, c’est commencer à vivre"...

D’un message anonyme exprimant une peur, Angelo Foley répond souvent à une question par une ou des pistes de questionnement. Il tisse ainsi un vocabulaire de réflexion s’épanouissant largement au-delà du cadre initial et dans lequel il parle d’amour, d’engagement, de liberté et de responsabilité, de sexualité, de quête de soi.

Balance ta peur évolue au gré des posts et des mots, des inspirations, et diversifie les modes de partage : un podcast, des lives Instagram en écho aux commentaires suscités par les posts, des visioconférences thématiques afin de favoriser l’accès à un plus large public et, bientôt, un livre aux éditions Albin Michel qui abordera entre autres 21 peurs (parution le 30 septembre).

Moins de culpabilité, plus d’autonomie : sans les injonctions, modes d’emploi miracles et promesses illusoires du développement personnel – du style "lève-toi à 5 h du matin, ta vie va changer" –, sans conseil, ni rigidité ou vérité absolue, Angelo Foley propose ce précieux pas de côté. Celui qui nous mène sur un chemin où l’on peut se réapproprier nos histoires personnelles différemment, où l’on embrasse davantage le mouvement de la vie, ses ombres et ses lumières, cette "vulnérabilité qui est notre force".

Retrouvez Angelo Foley sur Instagram @balancetapeur et sur son site angelofoley.com

Rendre à l'humain ce qui est à l'humain

"Le compte Balance ta peur s’inscrit dans la remise en question du patriarcat et la métamorphose sociétale que nous vivons. Une métamorphose impliquant l’essor du féminin en chacun(e) de nous, que l’on soit un homme ou une femme. Le féminin, c’est la puissance intérieure, l’empathie et la vulnérabilité qui est tout sauf une faiblesse". Grégory Pouy de @vlanpodcast

"Parmi toutes les propositions qui émergent sur les réseaux sociaux, Angelo Foley est l’une des rares figures ‘ressource’ qui, avec pédagogie et sincérité, ne promet pas de transformation mais invite à cheminer à travers soi. En posant des questions sur un sujet universel et en évitant de formuler des réponses, il insuffle un changement de regard comme en philo, finalement, et crée un espace de liberté où chacun(e) peut trouver ses réponses. Il rend à l’humain ce qui est à l’humain et ça fait du bien!". Marie Robert de @philosophyissexy