"Et maintenant, agissons !" : après son discours aux César, Judith Godrèche attend des actes

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Judith Godrèche
Samedi 24 février 2024, au lendemain de la cérémonie des César, Judith Godrèche est revenue sur le discours fort qu'elle y a prononcé. L'actrice et réalisatrice relate que peu de personnes du milieu lui ont après coup apporté leur soutien. Elle attend aujourd'hui que le cinéma prenne de vraies mesures afin que chacun, lors des tournages, se sente en sécurité.

Vendredi 23 février 2024, Judith Godrèche disait son rêve d’une "possible révolution" devant l'Olympia. Lors de la cérémonie des César, l'actrice et réalisatrice qui a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viol et violences sur mineur au début du mois, a livré un discours aussi poignant qu'important.

Au lendemain, elle revient pour Le Parisien sur cette prise de parole forte, adressée à cette "curieuse famille" du cinéma assise face à elle.

Des soutiens qui se comptent "sur les doigts de la main"

Judith Godrèche précise au Parisien avoir "beaucoup hésité" avant d’accepter de tenir un discours au César. "C’était très angoissant, j’avais l’impression d’entrer dans une forteresse complètement fermée, d’arriver dans un dîner où certains auraient préféré que je ne sois pas là", confie-t-elle. Elle poursuit : "Après avoir parlé dans les médias et sur Instagram, il fallait que j’aille au bout de ma démarche. Que je regarde ce milieu droit dans les yeux, lors d’une cérémonie qui célèbre le cinéma français. C’était symboliquement important".

Il y a un silence que je vis au jour le jour.

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Interrogé sur le soutien reçu ou non par le milieu du cinéma depuis son discours, elle répond que le nombre de messages "se comptent sur les doigts de la main" : "Il y a un silence que je vis au jour le jour. D’abord, le silence des adultes de l’époque où j’étais adolescente, qui se cachent dans les bois (…) Ensuite, le silence du milieu du cinéma en général", constate-t-elle.

Elle assure en revanche recevoir "énormément de soutien de la part de jeunes actrices, de victimes et de l’ADA", l’Association des acteurices créée courant 2023, dont Zita Hanrot et Anna Mouglalis font partie. Elle ajoute que la prise de parole de Juliette Binoche dans la presse l'a "aussi beaucoup touchée". Et liste le nombre d'(invités à qui elle a énormément parlé lors du dîner après la cérémonie. "Justine Triet, Virginie Efira, Mona Achache, Bérénice Bejo, Ariane Ascaride" ou encore, Thomas Cailley, réalisateur du film mutlicésarisé Le Règne Animal.

Judith Godrèche attend maintenant des actes

Au micro de Marie Claire, juste après son discours, Judith Godrèche était aussi interrogée sur le soutien des présent.es dans l'assemblée. Elle avait alors précisé que la salle était un "endroit particulier", très éclairé et grand. "Il est difficile de se sentir vraiment soutenu. Moi j’étais un peu ailleurs dans ma tête, dans mes mots, dans mon propos, dans ma vérité (…)", a-t-elle expliqué, émue, avant d’appuyer sur son désir que le cinéma "réagisse enfin".

Judith Godrèche raconte être allée dans la salle quelques jours auparavant afin de repérer où se trouverait Tess Barthélémy, sa fille, et qu'elle avait dans sa poche une petite statuette d’ange doré donnée par son fils.

Elle revient ensuite sur les applaudissements de la salle, debout. "J’ai été très touchée par le fait que les gens se lèvent. Mais ce que veut vraiment dire cette standing ovation, on le saura dans les jours qui viennent. Si c’est l’expression d’un sentiment commun, alors ça se traduira par des actes", affirme-t-elle auprès du Parisien.

La réalisatrice de French Icon of Cinema insiste : elle ne veut pas qu’on la "couvre de crème chantilly". "Je veux savoir ce qu’on va faire maintenant. Mon propos, c’était : 'Et maintenant, agissons !'", martèle-t-elle. Aujourd’hui, elle espère que de réelles mesures seront prises afin que les techniciens comme les acteurs, puissent aller sur un lieu de tournage en sécurité. Un souhait qu’elle vit comme un engagement, un combat : "Pour moi, l’étape suivante, c’est de m’entourer de gens et de réfléchir à des solutions concrètes. Je continuerai, je ne lâcherai pas."

Concernant son future dans le cinéma, Judith Godrèche se demande si certains réalisateurs voudront encore travailler avec elle : "Je soulève des questions sur la manière dont ce milieu s’organise… Est-ce que cette déconstruction est souhaitée par tout le monde ? Je n’en suis pas sûre. Mais on verra."

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