Mardi 6 février 2024, devant la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris, elle a déposé plainte contre Benoît Jacquot pour "viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité". Judith Godrèche l'a annoncé au Monde, qui a publié, le lendemain, une dense enquête sur l'emprise que le réalisateur, de 25 ans son aîné, exerçait sur elle, "entre 1986 et 1992", comme le précise le parquet de Paris, après l'ouverture d'une enquête préliminaire.

Invitée ce jeudi 8 février au matin, au micro de Sonia Devillers, Judith Godrèche a témoigné de "sévices sexuels" et "sadisme sexuel" du cinéaste qui, de son côté, nie les faits. "Au début, j'étais tellement docile, complètement endoctrinée... C'est comme si j'avais rejoint une secte", livre-t-elle sur les ondes de France Inter.

Deux agressions sexuelles évoquées, une plainte déposée

Au fil de cet entretien, l'actrice et réalisatrice de l'autofiction Icon of French Cinema, sur Arte, accuse un autre réalisateur, Jacques Doillon, d'avoir abusé d'elle à deux reprises, lorsqu'elle avait 15 ans. À la fin des années 80, il l'avait choisie pour le premier rôle de son film Elle avait 15 ans. Après son témoignage sur France Inter, Me Laure Heinich, l'avocate de Judith Godrèche, a indiqué à FranceInfo que sa cliente avait également porté plainte contre le réalisateur pour "viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité", en même temps que son dépôt de plainte contre Benoît Jacquot.

Pour l'heure, Jacques Doillon n'a pas réagi publiquement à ces accusations.

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"Mais qu'est-ce qu'il veut de vous Doillon ?", interroge la journaliste de France Inter. "La même chose." "Que Benoît Jacquot ? Votre corps ?", relance Sonia Devillers. Judith Godrèche acquiesce. "Et donc il abuse de vous ?" Elle acquiesce de nouveau, presque dans le silence. 

L'intervieweuse demande si ces violences sexuelles qu'elle évoque, émue, ont été perpétrées "au su et au vu de 'la grande famille du cinéma'" comme dans le cas de Benoît Jacquot, qui d'ailleurs, aurait toléré cette situation, parce qu'il se sentait "envié par Doillon", comme si, en étant le "compagnon" de cette jeune adolescente, il avait "un truc que les autres veulent", selon les mots de la plaignante sur France Inter.

"Je suis torse-nu, il me pelote"

"Ce qu'il s’est passé dans la maison de Jane [Birkin, à l'époque en couple avec le réalisateur], dans le bureau de Doillon, bon, ça, personne ne l'a vu, et puis j'en ai parlé à personne", répond-t-elle d'abord, sans en dire davantage, et avant de raconter une scène "hallucinante", sur le tournage d'Elle avait 15 ans.

"D'abord il a pris mes écrits pour un faire un film. Bon, il les a réadaptés, etc. Mais, il a engagé un acteur (...), on a commencé le tournage, et il l’a viré. Et il s’est mis à la place. Et puis après, à Ibiza, il me faisait écrire des scènes la veille pour le lendemain… Bon." Judith Godrèche poursuit douloureusement : "Et puis, tout d’un coup, il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi, et là on fait 45 prises. Et j’enlève mon pull, et je suis torse-nu, et il me pelote, et il me roule des pelles… Et il y a Jane qui est là derrière le combo, et c’est une situation extrêmement douloureuse pour elle", partage l'actrice, se remémorant de son malaise.

En 2017, Judith Godrèche fut l'une des premières femmes à témoigner publiquement, dans le New York Times, des agissements Harvey Weinstein, et ainsi, à lancer le mouvement #MeToo. Elle avait dénoncé un harcèlement sexuel de sa part, lorsqu'elle avait 24 ans.