Beaucoup de regards étaient tournés vers l’Olympia, ce vendredi 23 février 2024. Secoué par des affaires de violences sexistes et sexuelles depuis plusieurs semaines, le cinéma français s’est retrouvé le temps d’une soirée pour la 49e édition des César. Si Anatomie d’une chute a dominé le palmarès, la cérémonie a été marquée par de nombreux temps forts, certains drôles, d'autres (très) émouvants.

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Le discours puissant de Judith Godrèche

Quelques jours avant la cérémonie, le Parisien révélait que Judith Godrèche, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viol et violences sur mineur au début du mois, allait prononcer un discours sur la scène de l’Olympia. En début de soirée, l’actrice s’est tenue debout, face à une assemblée silencieuse, après s'être levée et l'avoir longuement applaudie. "Depuis quelque temps, la parole se délie, l’image de nos pairs idéalisés s’écorche, le pouvoir semble presque tanguer”, a-t-elle notamment lancé.

“Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ? Prendre nos responsabilités ? Être les acteurs, les actrices d’un univers qui se remet en question ? Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ?”. Un discours puissant, suivi d’une seconde standing ovation pour la comédienne.

@marieclairefr Judith Godrèche après son discours puissant et ovationné. #cesar#cesar2024#judithgodreche @AcademieDesCesar #academiedescesar? son original - Marie Claire France

Après la cérémonie, au micro de Marie Claire, la courageuse actrice partage : "C'est un endroit un peu particulier, parce que la salle est entièrement éclairée et que c'est un très grand lieu. (...) Le soutien de la salle, on va attendre de voir comment il s'exprime", désormais, dit celle qui espère maintenant une réaction.

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César d’Honneur pour Agnès Jaoui : l’hommage touchant de Jamel Debbouze

L’actrice, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui a reçu un César d’honneur, récompensant l’ensemble de sa carrière. Pour lui remettre, son ami, l’humoriste et comédien Jamel Debbouze, a pris la parole dans un discours bouleversant. "La première fois que j’ai rencontré Agnès, c’est Jean-Pierre Bacri qui me l’a présentée en me disant : 'Au début elle est un peu distante, mais au bout de quatre cinq ans elle va t’adorer', l'imite-t-il avec nostalgie. Et il avait raison. Quand elle vous aime, c’est pour la vie", a-t-il confié, très ému.

"Elle fait même du ukulélé, elle ukuléle tout le temps, c’est la seule femme du cinéma français à avoir remporté six César et qui ukulèle !" a-t-il ajouté, provoquant l’hilarité de la salle.

Jamel Debbouze a ensuite expliqué combien l’actrice défendait toujours "les plus faibles", en "tordant la gueule à la condescendance et au mépris". "Agnès Jaoui m’a élevé, m’a permis de prendre de la hauteur. Elle m’a appris à respirer au cinéma, mais pas qu’au cinéma". Touchée, la récompensée est tombée dans ses bras à la fin de ce discours. “Vous saluez aussi le travail que j’ai accompli avec Jean-Pierre Bacri, votre geste me touche, je le prends comme un signe d’estime et d’amitié”, a-t-elle ensuite déclaré en guise de remerciements… Avant de sortir son ukulélé, elle qui a toujours “rêvé de faire l’Olympia”.

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L’introduction percutante de Valérie Lemercier

Après avoir animé trois fois les César, avoir remporté trois statuettes, Valérie Lemercier a présidé cette 49e cérémonie. L’actrice et réalisatrice a débarqué sur la scène de l’Olympia en s’appropriant la chanson Si j’étais président de Gérard Lenormand, puis a déroulé un discours d’introduction piquant. "Vous êtes 163 à être nommés pour un César, cela veut dire qu’une centaine d’entre vous va partir bredouille, s’est-elle amusée. Pour les acteurs bredouilles, c’est le moment rêvé de tester votre art dramatique et jouer celui qui n’est pas trop déçu !"

Au milieu des blagues, Valérie Lemercier n’a pas manqué de faire allusion aux violences sexuelles et sexistes qui secouent le milieu du cinéma français, et de saluer les actrices qui les ont dénoncées. Et d'annoncer, clairement : "Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres."

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Le triomphe de Justine Triet, seconde réalisatrice de l'Histoire des César à remporter celui de la meilleure réalisation

Justine Triet a décroché le César de la meilleure réalisation pour son inarrêtable Anatomie d'une chute. Elle est alors devenue la seconde femme lauréate de ce César, depuis la création de la cérémonie, il y a presque un demi-siècle. 24 ans après Tonie Marshall, pour Vénus beauté (institut). Dans son discours de remerciement, la cinéaste a salué le courage des femmes qui ont dénoncé les violences sexistes et sexuelles du cinéma français. 

"Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes, celles qui se sentent coincées dans leurs choix, dans leur solitude, celles qui existent trop et celles qui n’existent pas assez, à celles qui réussissent et à celles qui ratent, et enfin celles qu’on a blessées et qui se sont libérées en parlant. Et à celles qui n’y arrivent pas", énumère-t-elle.

Nommé à douze reprises, Anatomie d’une chute est reparti avec six statuettes au total : meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur acteur pour Arieh Worthalter, meilleur acteur dans un second rôle pour Swann Arlaud, meilleur scénario original pour Justine Triet et Arthur Harari et meilleur film.

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