Depuis l’Antiquité et la naissance de l’écriture, la plume de certains auteurs caresse langoureusement les corps des personnages et les amène à toucher du doigt un érotisme littéraire des plus affriolants.

Des prémices de la sensualité antique à l’avènement du “new romance”, retour sur la grande histoire (non exhaustive) de la littérature érotique.  

Sous la toge de Platon, la naissance de l’érotisme littéraire

Difficile de dater précisément la naissance de l’érotisme dans la littérature, pourtant il semblerait que dès lors que les hommes se sont mis à écrire, ils ont voulu aborder les plaisirs de la chair dans leurs récits. Ainsi quand Platon aborde “Le Mystère des Sphères” et la sexualité magnifiée, Ovide aborde “L’art d’aimer” et la passion des sentiments. Dans le même temps de l’autre côté du globe, Vatsyayana signe avec délectation le célébrissime Kamasutra qui se veut être un recueil “des aphorismes du désir”.

Tes seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle

On retrouve aussi des traces de cet érotisme sous-jacent dans le Tanakh (la Bible hébraïque) avec le “Cantique des Cantiques” ou le “Chant de Salomon”. Longtemps considéré comme profane, ce texte d’une poésie sans pareille a malgré tout été intégré dans les traductions de l’ensemble des textes sacrés et se différencie de tous les autres par son traitement de la sexualité et de la sensualité.

S’en suit la période chaste du Moyen-Âge qui porte aux nues ce que l’on nomme l’Amour Courtois et qui n’a d’amour que le nom. Cet art frigide de la séduction relate avec une extrême pudeur les sentiments et les us et coutumes en matière de couple. Seul ovni érotique de cette époque qui est parvenu jusqu’à nous ? La correspondance d’Héloïse et Abélard aussi sulfureuse que passionnelle, qui avait finalement tournée court au vue de l’époque des dits faits (et de leur différence d’âge).

1/3

Les mots polissons de Sade, le tournant lubrique de la littérature érotique

Kreatiw - Katie Edwards - Getty Images

Il faudra attendre le XVIIIe siècle et son esprit libertin pour que la littérature de la fesse acquiert ses lettres de noblesses (tiens, ça rime). La séduction devient une chasse érotique où la femme est une proie à entreprendre et celui qui la courtise un chasseur qui sait parfaitement manier son fusil.

Parmi les auteurs (et leurs écrits) les plus célèbres de cette époque libertine, on retiendra par exemple “Les Liaisons Dangereuses” de Choderlos de Laclos qui raconte la relation épistolaire, perverse et libidineuse de la Marquise de Merteuil et de Valmont. Autre auteur qui tire son épingle du jeu ? Le Marquis de Sade qui n’hésite pas à faire de la femme un simple objet sexuel que l’on peut mépriser (et baiser) à l'envie. Si son oeuvre a longtemps été censurée du fait de la pornographie affichée, elle a pourtant changé définitivement la manière d’aborder l'érotisme dans la littérature.

La censure émanant principalement du catholicisme très puritain qui s’est installé en France, oblige les auteurs à la plume salace à publier leurs écrits en Belgique. Pour autant, le nombre d’oeuvres ne se tarit pas et c’est à cette époque par exemple que Pierre Louÿs publiera “La Femme et le Pantin”, un roman qui aborde autant la sexualité que les sentiments qui l’enrobent.

2/3

Dans le lit de Freud, l’érotisme psychanalytique du XXème siècle

Katie Edwards - getty images

Au XXème siècle, la littérature érotique se pare d’une dimension psychanalytique et intellectuelle. Ainsi Freud ou Lacan par exemple, n'hésitent pas à mettre le phallus au centre de leurs recherches. De même à la fin des années 40, le docteur Alfred Kinsey publie son fameux rapport en deux tomes sur les comportements sexuels des hommes et des femmes. Ces données scientifiques publiées libèrent vraisemblablement la parole et les mots sur la question du sexe.

Le fait que l’on puisse nommer les choses de l’amour (et du sexe) avec des mots, utilisés eux-mêmes par des spécialistes décomplexe donc le grand public et inspire les auteurs qui redoublent d’imagination pour mettre l’érotisme au centre de leurs oeuvres : Guillaume Apollinaire et ses “Onze Mille Verges” (1907), Aragon et “Le Con D’Irène” (1928) ou encore Anaïs Nin et sa “Vénus Erotica” (1940).

3/3

Sous la couette d’Harlequin, l’avènement d’un érotisme assumé

Universcience-Camille Lebris BLOB7_SEXE

La littérature érotique est donc passée d’art censuré à genre à part entière en moins d’un siècle. Après l’intellectualisation de la sexualité, place à la diffusion (à grande échelle). En 1953, le premier roman coquin Harlequin est publié et c’est le début d’une vague érotique qui s’installe pour de bon sur les étals des librairies et dans les gares. D’autres collections voient ainsi le jour à l’instar des SAS ou de San Antonio, le célèbre détective à la libido en feu.

Plus qu’un effet de mode, la littérature sensuelle s’est peu à peu muée en véritable style de roman, s’inscrivant même dans ce que l’on nomme très largement la pop culture. Des maisons spécialisées (La Musardine) ou plus généralistes (Hugo&Cie) publient ainsi des dizaines d’ouvrages tous les ans, faisant naître dans l’imaginaire des lectrices avides de récits aphrodisiaques qui les font gambader entre fantasmes et fouets.

Et c’est finalement en 2012 que la littérature érotique connaît son avènement avec le succès - pas toujours explicable - du batifolage SM de Christian Grey et de on apprentie sexuelle Anastasia Steele, depuis adapté au cinéma. Un engouement sans pareil pour les mots du sexe et le plaisir qu’ils procurent.

Et huit ans plus tard ? Fort heureusement, la littérature érotique a changé, en même temps que la société. Les langues se délient, au sens propre comme au figuré. La pénétration n'est plus (ou de moins en moins) le firmament de la sexualité hétérosexuelle. Les femmes revendiquent leur droit au plaisir. Bref, un vent de fraicheur et d'ouverture souffle sur les rayons "sexo" des librairies, pour notre plus grand plaisir. 

[Dossier] Érotisme : réveillez votre désir - 6 articles à consulter

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.

Les avis des internautes

Tous les avis

De anonyme
le mec qui à passer une année sextatique tu te reconnaitras surement cordialement