![À l’intérieur du Bundestag, à Berlin, en 2013.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2021/09/20/0/0/5106/3330/664/0/75/0/449c3ca_65e8d3cb33f7451caec8f833de2285d9-65e8d3cb33f7451caec8f833de2285d9-0.jpg)
Dimanche 26 septembre, les Allemands se rendent aux urnes pour élire au moins 598 députés et députées au Bundestag, l’assemblée parlementaire. « Au moins », car leur nombre n’est pas fixe outre-Rhin, et selon les configurations il peut augmenter assez considérablement : ils étaient 709 à l’issue des précédentes élections, en 2017.
En effet, le système électoral allemand est mixte, avec une philosophie proportionnelle :
- la moitié de 598 députés (299, donc) est élue dans les circonscriptions au scrutin uninominal à un tour, à la majorité relative – comme si, en France, votre député était le candidat arrivé en tête au premier tour ;
- l’autre moitié est élue en passant par un scrutin de liste par parti (et par Land). La personnalité pressentie pour être chancelier est placée en tête de cette liste, puis les candidats sont élus dans l’ordre en fonction du pourcentage de votes obtenu par le parti, comme pour les élections européennes, par exemple.
Si vous êtes électeur allemand, vous votez donc deux fois dimanche : d’abord pour le député de votre circonscription (« première voix », disent les Allemands), puis pour une liste par parti dans chaque Land (« deuxième voix »), qui aura des représentants si le parti dépasse les 5 % à l’échelle du pays.
Répartition proportionnelle et gymnastique mathématique
C’est alors que le système se corse et que le nombre de députés peut augmenter au-delà des 598 prévus au départ. Plusieurs cas de figure peuvent se produire :
- si la proportionnelle (« deuxième voix ») donne à un parti autant de députés que le vote en circonscription (« première voix »), aucun siège n’est pioché dans la liste ;
- si la proportionnelle donne à un parti plus de représentants que le vote en circonscription, le nombre de sièges est complété en prenant les candidats sur la liste, dans l’ordre (c’est le « mandat direct ») ;
- si la proportionnelle donne à un parti moins de représentants que ceux qui sont élus en circonscription (avec la première voix), le Bundestag se sert dans la liste du parti et donne des « mandats supplémentaires » (überhangmandate), qui augmentent d’autant le nombre total de parlementaires.
Depuis l’entrée en vigueur du code électoral de 2013, rappelle Slate, ces mandats supplémentaires doivent représenter les résultats de la proportionnelle (la deuxième voix), ce qui peut théoriquement augmenter leur nombre de manière exponentielle : « Il est tout à fait possible que le prochain Bundestag ne compte pas 598 députés, mais plus de 700 », écrivait l’Agence fédérale pour l’éducation civique.
En effet, à l’issue des élections de 2017, le Bundestag comptait 709 députés, soit 111 de plus que le minimum théorique : « C’est le résultat des mécanismes de compensation en sièges prévus par la loi électorale fédérale », comme le détaille le Bundestag lui-même. Ce faisant, les Verts (Die Grünen, associés à l’Alliance 90) ont obtenu dix mandats supplémentaires (sur leurs 67 sièges) ; les libéraux du FDP, dix (sur 80 au Bundestag) ; la gauche radicale, Die Linke, dix (sur un total de 64), etc.
La coalition, exercice délicat mais courant outre-Rhin
Alors que le système électoral français a été conçu pour faire émerger une majorité claire à l’Assemblée nationale, celui de l’Allemagne d’après-guerre favorise le pluralisme, ce qui nécessite de créer des coalitions pour gouverner.
A l’exception de l’élection fédérale de 1957, où la CDU-CSU (conservateurs) avait raflé 277 sièges (sur 518, soit une majorité absolue établie à 260), aucun parti allemand n’est jamais parvenu à diriger seul la République fédérale d’Allemagne.
Les coalitions sont en général définies par les couleurs traditionnelles des partis. Ainsi, l’alliance entre le SPD (Parti social-démocrate) et les Verts, au pouvoir entre 1998 et 2005, était qualifiée de « rouge-verte ». La règle n’est néanmoins pas universelle, puisque la coalition sortante, constituée du SPD (en rouge) et de la CDU-CSU (en noir) est qualifiée de « grande coalition » (grosse Koalition).
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