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Immigration clandestine : « Les politiques prennent des positions martiales tout en sachant que tenir leurs promesses mettrait à mal des pans entiers de l’économie »

L’économiste Alice Mesnard propose, dans une tribune au « Monde », une autre voie que les promesses répressives du Rassemblement national : multiplier les permis de travail légaux, contrôler les employeurs de clandestins.

Publié le 06 juillet 2024 à 06h30 Temps de Lecture 3 min.

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La lutte contre l’immigration clandestine est aujourd’hui considérée comme une priorité par plus de la moitié des Français et le Rassemblement national a mis ce combat au cœur de son programme.

Mais combien de familles seraient dans le désarroi sans ces « illégaux » qui prennent soin de leurs enfants et de leurs parents âgés ? Combien d’exploitations agricoles, de restaurants, de services de livraison seraient contraints de stopper leur activité ? Combien de chantiers s’arrêteraient ?

Ce n’est pas un hasard si la cheffe de l’exécutif italien, Giorgia Meloni, après s’être engagée haut et fort à réduire l’immigration, a ensuite suscité la venue de 450 000 étrangers pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’Italie.

En réalité, les politiques ont intérêt à prendre des positions martiales sur ce thème de l’immigration clandestine, très porteur sur le plan électoral. Mais ils savent aussi que tenir leurs promesses et stopper vraiment ces arrivées mettrait à mal des pans entiers de l’économie et déséquilibrerait la société.

La multiplication des barrières à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, avec notamment le célèbre mur promu par Donald Trump, est un bon exemple de mesures spectaculaires prises pour impressionner le grand public, malgré une efficience discutable. Les recherches ont montré que le renforcement continu des contrôles à cette frontière avait suscité une hausse des tarifs pratiqués par les passeurs et augmenté les risques pris par les migrants, sans provoquer de diminution sensible du nombre d’entrées irrégulières sur le sol des Etats-Unis.

Un juteux business pour les mafias

De même, prôner en France, comme on le fait aujourd’hui, une multiplication des contrôles policiers aux frontières et dans l’espace public ne garantit pas des résultats probants. En effet, plus les clandestins craignent de se faire arrêter, plus ils se trouvent sous l’emprise des mafias qui leur font franchir les frontières. La peur les amène à céder à tous les rackets, permettant aux mafias de gagner davantage et incite donc celles-ci à développer encore plus leur juteux business.

Assécher le marché des passeurs nécessite une tout autre stratégie, beaucoup moins facile à « vendre » aux électeurs, et en particulier aux milieux économiques. Une des solutions les plus efficaces pour freiner l’immigration irrégulière serait en effet de multiplier les visas de travail tout en augmentant les effectifs de l’inspection du travail pour pouvoir repérer les employeurs de clandestins et les sanctionner (« Temporary foreign work permits : honing the tools to defeat smuggling », Emmanuelle Auriol, Alice Mesnard et Tiffanie Perrault, European Economic Review, vol. 160, 2023).

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