Ce dispositif médical à coller sur la peau était initialement destiné à favoriser la cicatrisation ou à diffuser des molécules de façon prolongée et continue, parfois localement, parfois dans tout le système sanguin. La cosmétique s'est inspirée de cette technique pour créer des patchs de beauté.
Sheet masks en tissu ou biocellulose, soins contour des yeux ou versions liquides et même patchs pour le corps, ils se déclinent sous toutes les formes.
Les atouts de ces formules
"Elles permettent de traiter une problématique locale grâce à un produit de quelques centimètres carrés", explique Lionel de Benetti, cosmétologue. Les patchs ciblent de petites zones comme le contour des yeux, les boutons, les lèvres. Grâce à ces soins qui adhèrent parfaitement à la peau, celle-ci devient plus perméable aux principes actifs contenus dans le support. "Il n'y a pas de problème de stabilité ou de compatibilité que l'on pourrait avoir dans un sérum ou un masque crème", ajoute l'expert.
On peut trouver des patchs aux textures hydrogel, des polymères à base d'eau et de gélifiants comme les alginates, qui leur donne cet effet jelly et leur assure une parfaite adhérence. Souvent dédiés au contour des yeux ou aux lèvres, ces patchs super hydratants sont infusés d'actifs (collagène, acide hyaluronique, etc.).
Autre option, la biocellulose, issue des biotechnologies par fermentation enzymatique du lait de coco par exemple. Utilisé en milieu hospitalier, ce support actif favorise la régénération cutanée. En cosmétique, il est associé à d'autres ingrédients, comme l'acide hyaluronique, le miel, etc. Les fibres sont aussi une option. Chez Thalgo, on utilise des fibres d'algues, dont les propriétés augmentent l'effcacité des formules.
Enfin, certaines marques ont mis au point des patchs dits "micro-cônes" ou "micro-aiguilles" inspirés de la mésothérapie. C'est le cas chez 111Skin. Dotés de mini-picots, ils favorisent la pénétration des actifs comme l'acide hyaluronique, le rétinol ou la vitamine C.
Dernière révolution en date ? Les patchs liquides. "Leur texture filmogène se solidifie au séchage pour se métamorphoser en un film invisible, tandis que les principes actifs restent", détaille Lionel de Benetti. Idéal pour traiter un bouton incognito. Le produit se dissout au démaquillage.
Le patch, chouchou du regard et des peaux acnéiques
Champion pour défroisser, décongestionner ou défatiguer le contour des yeux, il s'applique en un éclair. "Il est très intéressant, car il procure une hyper-hydratation grâce à son action occlusive", souligne Lionel de Benetti. De ce fait, il offre un effet visible quasiment immédiat. Si vous choisissez une texture hydrogel que vous rangez au frigo, l'action décongestionnante est encore plus bluffante. Le principe est le même sur les rides et les sillons nasogéniens, que le patch gorge d'actifs repulpants.
De jour comme de nuit, l'intérêt du patch est double. D'une part, il agit comme une super protection. Caché sous ce "bouclier", le bouton est à l'abri des bactéries. Cela empêche de le tripoter, de l'écorcher et de stimuler la dégradation due aux bactéries, ou de déplacer celles-ci sur le reste du visage. D'autre part, le patch contient des actifs qui absorbent l'excès de sébum, purifient, luttent contre l'inflammation et favorisent la cicatrisation. "Comme l'acide salicylique, qui débouche le pore et élimine les bactéries à l'origine de l'inflammation", souligne Lionel de Benetti.
Les principes actifs utilisés dans les masques peuvent aussi être tenseurs, notamment grâce à des polymères ou des peptides. On en retrouve dans des masques capables de lifter l'ovale du visage et de le décongestionner grâce à la menthe poivrée. Les soins corporels ne sont pas en reste. Il en existe spécialement pour les fesses, comme le dernier-né de Somatoline, qui associe un extrait d'agrume (le ponkan) aux vertus tonifiantes et des peptides d'amande liftantes.
Un geste beauté piqué aux Japonaises
C'est une habitude des Japonaises qui a inspiré les sheet masks. Pour doper l'efficacité de leur sérum, elles en imprégnaient un mouchoir en papier, le posaient sur leur visage et le laissaient agir pendant une vingtaine de minutes. C'est ce qui a donné aux marques l'idée de créer des masques sous forme de feuille. Ils renferment parfois l'équivalent d'un flacon de sérum, épousent les courbes du visage et le font profiter de leurs vertus anti-âge, hydratantes, purifiantes...
Pour éviter les patchs à usage unique, certains laboratoires ont mis au point des versions réutilisables, en silicone ou en fibre naturelle, en affinité avec l'environnement. Il suffit de mettre son soin sous le patch et de laisser travailler, puis de le laver à l'eau et au savon avant la prochaine application.