La chirurgie bariatrique est en plein essor. Le nombre d’interventions ne cesse de progresser : il a triplé au cours des sept dernières années pour atteindre les 43 000 opérations par an en France.

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), cette chirurgie s’adresse aux personnes atteintes d’obésité sévère ou massive, c’est-à-dire dont l’Indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 35 ou 40*. Si les résultats en termes d’amaigrissement sont spectaculaires, d’autres bénéfices sont également à attendre. D’où sa nouvelle dénomination : les experts ne parlent en effet plus de chirurgie bariatrique, mais de chirurgie métabolique.  

Un foie en meilleur état

Quand le foie est surchargé de graisse, une chirurgie bariatrique évite qu’il ne dégénère. "Des études très récentes effectuées à Lille ont prouvé que 85% des patients atteints de stéatose hépatique (foie trop gras) retrouvaient un foie normal après un by-pass – court-circuit entre le haut de l’estomac et l’intestin grêle - ou une sleeve – rétrécissement de l’estomac- ", précise le Pr Lawrence Serfaty, hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.

À l’occasion du dernier Congrès NASH** tenu à l’Institut Pasteur, d’autres bienfaits ont été divulgués. "La chirurgie bariatrique provoque également une forte régression de la cirrhose et de la fibrose hépatique, susceptible d’évoluer en cancer du foie", signale le Pr Philippe Mathurin, hépatologue au CHU de Lille.
Pour vérifier ce retournement de situation, une nouvelle étude sera lancée fin 2017 sur des patients pas forcément obèses mais atteints d’une fibrose hépatique très importante.

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Le diabète amélioré

La chirurgie bariatrique constitue aussi un remarquable traitement pour le diabète de type 2. "Environ 80% des diabétiques n’ont plus de diabète après une chirurgie intestinale de l’obésité", observe le Pr Serfaty. Ce bénéfice est non seulement obtenu chez les patients qui nécessitaient une forte réduction pondérale, mais aussi chez ceux sans surpoids notable.

D’ailleurs, en cas d’obésité, l’amélioration de la glycémie (taux de sucre dans le sang) intervient très rapidement après l’intervention, bien avant que l’amaigrissement ne soit significatif. Ce phénomène s’explique par la restriction alimentaire consécutive à la chirurgie et les modifications de sécrétions des hormones digestives, (ghréline, peptide YY…) impliquées dans la régulation du taux de glucose, comme l’a montré une étude réalisée par l’Institut de recherche Baker de Melbourne (Australie).

Le cœur et les reins mieux protégés

Sleeve, by-pass ou anneau gastrique protègent également le cœur dans la mesure où ils régulent le taux sanguin de lipides et réduisent l’hypertension (de 14-9 à 12-7 environ), deux facteurs de risque importants d’infarctus du myocarde.

Un an après la chirurgie, 91% des patients ne présentent plus d’excès de triglycérides et près de 60% ont une tension artérielle revenue à la normale. Les chercheurs de l’Imperial College de Londres viennent de montrer que ces interventions suscitent en outre un remodelage du muscle cardiaque, notamment une réduction du volume du ventricule gauche, prédictive d’une meilleure santé cardiovasculaire.

De même, le fonctionnement de leurs reins s’est amélioré. Cinq ans après la chirurgie, seuls 4 patients sur 461 opérés présentaient une insuffisance rénale.

*l’IMC se calcule en divisant le poids par la taille au carré (Kg/m2).
** Stéatose-Hépatique Non Alcoolique