Stigmatisée, connotée négativement et assimilée à la fainéantise, la sieste n'est pas aimée de tous.tes. Toutefois, la micro-sieste s'est, elle, popularisée auprès de celles et ceux désireux.ses de se donner un petit shot d'énergie, tant est si bien qu'on trouve désormais, dans de nombreuses entreprises, des salles de micro-siestes. 

"Une micro-sieste, c'est une sieste inférieure à 20 minutes. Mais elles peuvent aussi durer quelques minutes, comme on les utilise dans la relaxation par exemple", commence Didier Cugy, médecin somnologue. Des siestes courtes qui sont bénéfiques à notre vitalité. "Quand on fait une sieste flash, on va de suite mettre en œuvre les processus de récupération du sommeil et on va limiter la croissance du besoin de sommeil. Cela va permettre de réduire la pression du sommeil et l'accumulation des facteurs hypnogènes", continue l'expert. 

Alors que les bienfaits de la sieste classique sont nombreux - lutte contre la somnolence, réduction de la douleur, du stress et de l'anxiété, humeur reboostée et même lutte contre certaines maladies, notamment cardiovasculaires -  les micro-siestes, davantage accessibles dans un monde toujours plus speed, nous tiennent en alerte.

Logiquement, "elles permettent de maintenir la performance et la compétence. Car quand on est somnolent, qu'on commence à être en dette de sommeil, on fait des erreurs", ajoute le spécialiste Didier Cugy. 

La micro-sieste et le flash de créativité

Dans ce sens, "et si quelques minutes de sommeil pouvaient agir comme un déclencheur de créativité ?". Voilà ce que se sont demandés des scientifiques de l'INSERM et de l'Université de la Sorbonne. L'équipe s'est penchée sur les bienfaits des micro-siestes pour notre psyché, mais surtout pour nos aptitudes cognitives. Et les résultats, publiés dans Science Advances en 2021, ont révélé que les individus exposés à une sieste d’une vingtaine de minutes s'étaient avérés plus inventifs que le groupe n'ayant pas pris de pause. 

Pendant leur sommeil, "les participants tenaient une bouteille en plastique dans la main, afin que la chute de l’objet les réveille avant qu’ils ne s’endorment trop profondément. Enfin, après cette pause, les volontaires travaillaient sur 330 problèmes, ce qui leur prenait un peu plus d’une heure [...] 83% des participants qui avaient somnolé (groupe N1) découvraient la règle cachée contre seulement 31% des volontaires restés éveillés pendant la pause", explique l'équipe de scientifiques, dans un article pour The Conversation

Car le secret d'une créativité boostée serait de ne pas tomber dans un sommeil profond, où les effets disparaîtraient subitement. "Ces techniques sont utilisées en hypnose ou dans le cadre de la relaxation, grâce au relâchement musculaire : on se réveille lorsque notre tonus musculaire chute. Ainsi, on demande aux gens de tenir quelque chose dans leur main. On se laisse aller au sommeil et dès qu’on lâche, l'objet va tomber et nous réveiller", confirme Didier Cugy. En usant de la micro-sieste, vous pourrait alors booster votre énergie et votre flux créatif

Les bienfaits expliqués de la micro-sieste 

Mais comment expliquer ces bienfaits ?

"Une fois que le sommeil est installé, les processus de récupération se mettent en œuvre", explique toujours le médecin somnologue. Une récupération de l'organisme durant le sommeil qui s'apparente à une courbe. "Quand on a un mécanisme qui se met en route, ce mécanisme a une courbe linéaire ou non. Et la courbe de récupération n’est pas linéaire, la pente est plus importante au début de la récupération qu’en fin de récupération. C'est une courbe décroissante. Et c'est pour ça que les micro-siestes fonctionnent".

Alors qu'il existe différentes étapes composant le cycle du sommeil, "pendant une courte sieste, une personne peut ne pas dormir assez longtemps pour passer beaucoup, voire aucun, de temps au stade 3 ou au sommeil paradoxal [les phases profondes du sommeil]. Cela peut en fait faciliter le réveil rafraîchi d’une sieste rapide", prévient la Sleep Foundation. Ainsi, les micro-siestes, de vingt minutes maximum, seront bénéfiques à votre état d'éveil et à votre mental, mais ne vous permettront pas de vous reposer véritablement.

En effet, "les micro-siestes permettent une certaine récupération psychique mais la récupération physique ne se fera pas forcément très bien. Ce sera rafraîchissant mais pas réparateur", précise le médecin. Cela s'explique par le fait que les processus de réparation physiologiques demandent davantage de temps pour s'activer.

Ainsi, en cas de dette de sommeil, il est utile d'user de siestes plus longues, ayant, elles, un caractère régénérateur. Attention toutefois au risque de ne pas (ou plus) dormir la nuit, si vous faites des siestes trop souvent (ou trop longues). 

Comment se mettre à la micro-sieste ? 

Alors comment se mettre de la bonne façon à la micro-sieste ?

Contrairement aux siestes plus longues et véritablement réparatrices, "les micro-siestes, on peut en faire quand on veut, cela ne pose pas de problème. Bien que l'idéal est de jamais être en privation de sommeil et de ne pas en faire", précise toujours Didier Cugy. Néanmoins, pour booster votre créativité ou pour vous sentir rafraichi.e dans un moment demandant une certaine concentration, vous pouvez allégrement user de la micro-sieste. Et quelques tips pourront vous aider.  

"Quand on est stressé ou anxieux, on aura tendance à sortir aller fumer une cigarette ou à manger. Pourtant, on peut faire une micro-sieste. Pour cela, on se pose dans un fauteuil ou on s'allonge, on se met dans une position confortable dans une pièce où il y a peu de stimuli, de la pénombre et où il ne fait pas trop chaud. On se relaxe, à l'aide de sa respiration. Et on se laisse aller au sommeil", propose-t-il. Et que ce soit à l'aide de son téléphone ou d'un objet dans la main, on se réveille au bout de 20 minutes maximum. 

Finalement, "dans des situations où l'on accumule une pression de sommeil, où on a un besoin de sommeil, il est préférable de faire des micro-siestes contrôlées car elles vont permettre de bien récupérer. On évitera aussi de se retrouver dans une situation d'endormissement spontané, de micro-siestes non-contrôlées, qui vont favoriser la possible survenue d’un accident, comme en voiture. Donc en vacances, on fait des petites siestes avant les grands départs et on s'arrête toutes les deux heures", rappelle le médecin somnologue Didier Cugy.