Dans l'un de ses derniers rapports, The Fashion Spot rapporte que "la saison des défilés automne-hiver 2022-2023 est la plus diverse jamais enregistrée sur le plan ethnique" avec 48,6% de mannequins racisés".

Un record qui nous fait presque oublier que deux générations en arrière, une top model aussi incontournable que Naomi Campbell a dû se battre pour obtenir des contrats avec des grandes marques.

Jadis mises à l'écart, et souvent exotisées ou utilisées pour des questions de quota, aujourd'hui les mannequins noires sont unanimement reconnues comme des canons de beauté au même titre que toutes les autres femmes.

Focus sur 19 mannequins noires qui ont changé la face du monde de la mode.

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Donyale Luna

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Ses grands yeux, son nom, et son visage ne vous disent peut-être rien. C'est bien la preuve que l'Histoire a résolument occulté le souvenir de cette mannequin noire qui a pourtant tout pour être inoubliable.

On est en 1963, dans le système ségrégationniste des États-Unis, lorsque Donyale Luna est repérée dans les rues de Detroit par le photographe David McCabe. Il lui promet qu'elle fera carrière dans la mode. À peine un an plus tard alors qu'elle s'est installée à New York, McCabe lui propose une première opportunité qu'elle ne peut refuser : signer un contrat d'exclusivité avec le photographe de mode Richard Avedon.

Elle n'a que 20 ans, est l'un des rares mannequins noires figurant à ce moment là dans des publications mainstream. C'est un ovni et en 1966, Donyale Luna devient la première mannequin noire à avoir poser en couverture du magazine de mode Vogue, toutes éditions confondues. 

Avec son physique divin et ces yeux de biche encore plus grands que ceux de Twiggy, Luna a séduit absolument tout le monde : les cinéastes qui l'invitent dans leurs films, à l'instar de Federico Fellini, et même l'artiste Andy Warhol en fait sa muse. Bref, c'était une supermodel avant l'heure.

Mais l'ascension de Donyale Luna n'était pas vue d'un bon oeil par tous. Parce que contrariés de voir une femme noire dans les pages des magazines qu'ils finançaient, plusieurs annonceurs ont commencé à retirer leurs publicités des titres de presse qui proposaient des éditoriaux au top model. Après coup, elle tenta une carrière en Europe, espérant évoluer loin des discriminations raciales, et défilera pour Paco Rabanne ou encore Fendi.

"Je sais que je suis le meilleur mannequin, alors pourquoi est-ce que personne ne me prend en photo ?" Ces mots poignants, ce sont les siens. Ils sont extrait d'une archive et on les entend dans la bande-annonce du prochain documentaire produit par HBO Max qui va bientôt lui être consacré. Il est intitulé "Donyale Luna : Supermodel". 44 ans après sa mort tragique d'une overdose, l'histoire doit retenir son nom.

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Beverly Johnson

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Dans la longue liste de précurseur.e.s dans l'industrie de la mode, il y a Beverly Johnson. Du haut de son mètre 75, la native de Buffalo a mis la mode a ses pieds dans les années 70. C'est dans ces années-là, alors qu'elle avait à peine 20 ans, que cette afro-américaine a fait son trou dans le mannequinat.

Ce qui n'était pour elle qu'une occupation en parallèle de ses études la propulse dans la lumière. Elle enchaîne alors les éditoriaux dans les pages de magazines et se glisse rapidement sur leurs couvertures. En 1974, elle devient la première femme noire à faire la Une du magazine Vogue américain.

On cite très souvent le clip de "Freedom" de George Michael car il réunit les cinq supermodels des nineties mais avant ces dernières, Beverly Johnson a sauté la frontière entre le mannequinat et la figuration dans des clips musicaux. C'était en 1982, pour la vidéo du titre "Liberian Girl" de Michael Jackson.

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Bethann Hardison

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Quand on parle de légende du mannequinat, on parle de personnalités du calibre de Bethann Hardison. Si d'autres peuvent dire que la mode leur est tombée dessus, Hardison elle a toujours rêvé de mannequinat. Elle a étudié la mode puis à la fin des années 60, la new-yorkaise a travaillé pour de petites maisons de création avec la conviction profonde qu'elle se retrouverait un jour sur les podiums.

C'est en 1967 qu'elle tape dans l'oeil de Willi Smith, un designer afro-américain qui la choisit comme mannequin cabine. Ce dernier la présente à un certain Bruce Weber, photographe professionnel en devenir, et de séances photos en séances photos : Bethann Hardison fait son nid dans le milieu.

Elle défile pour les marques stars de l'époque telles que Perry Ellis, Ungaro, et des griffes internationales comme Issey Miyaké. Si les magazines de mode grand public commencent doucement à considérer les mannequins noires, ils honorent souvent des femmes noires au teint clair. Résultat, la carnation ébène de Bethann Hardison est un bol d'air frais et vient célébrer une autre représentation de la femme noire.

Hardison a grandi avec un père proche du militant anti-racisme Malcolm X, c'est sans doute de là que lui vient sa force de conviction. En 1988, elle co-fonde avec Iman la Black Girls Coalition : un programme destiné entre autres à mettre en lumière toutes les mannequins noires et à dénoncer les discriminations raciales dont elles souffrent malgré leur popularité grandissante.

En 2014, cette légende vivante ans a reçu le CFDA Founders Awards attribué par le conseil des créateurs américains (CFDA) pour récompenser sa carrière et ses engagements.

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Naomi Sims

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Comme sa contemporaine de six ans son aînée Bethann Hardison, Naomi Sims est de celles qui ont pris part dans la reconnaissance de la beauté des peaux foncées. Ce n'était pourtant pas gagné.

Au milieu des années 60, celle qui a étudié la mode à l'université Fashion Institute of Technology de New York frappe à la porte de plusieurs agences de mannequins mais se voit refuser l'entrée. Son mètre 77 ne l'aidera point car sa carnation foncée dérange.

"Le Noir n'était pas beau à cette époque" racontait Naomi Sims dans une interview accordée au magazine Black Enterprise. "Plus votre peau était foncée, moins vous étiez considéré beau, et j'étais trop grande et trop mince."

"Plus votre peau était foncée, moins vous étiez considéré beau" -Naomi Sims

Sims fait appel à des photographes pour se constituer un portfolio et en 1967, elle décroche une première couverture d'envergure puisqu'elle fait la Une de Fashions of the Times, le spécial mode du célèbre quotidien New York Times. Deux ans plus tard elle pose en Une du LIFE qui titre "Les mannequins noires prennent la place centrale" et en 1973, on la retrouve sur la première page du Cosmopolitan.

Si des décennies plus tard des femmes noires comme Iman et Rihanna ont participé à rendre l'industrie de la beauté plus inclusive, Naomi Sims a été une pionnière. Pour cause, en 1986 celle qui a été la muse d'Halston a lancé lançait sa propre ligne de cosmétiques pour peaux noires et le succès ne s'est pas fait attendre. En véritable entrepreneuse pluridisciplinnaire, elle continua de faire des étincelles dans le secteur de la beauté en devenant créatrice de perruques.

Elle s'est éteinte en 2009 à l'âge de 61 ans.

Vidéo du jour
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Iman

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"Iman est la femme de mes rêves", "La personne avec laquelle j'ai eu l'honneur de partager le podium, c'est Iman. C'est la personne la plus élégante à voir sur le podium". Ces louanges qu'ont un jour prononcé Yves Saint Laurent et Naomi Campbell au sujet d'Iman Abdulmajid disent tout de sa grandeur.

Le mannequin somalien repérée à Nairobi par Peter Beard a quitté le continent africain pour gagner la Grosse Pomme dans les années 70 et a immédiatement pris la mode d'assaut. Son physique l'a bien aidé : un long cou qui laisse tout le monde bouche bée, des jambes interminables, et une démarche est pleine d'élégance. Cette aura divine a forcément conquis Azzedine Alaïa, Monsieur Saint Laurent, Thierry Mugler... Tous les amoureux du glamour.

Voir la beauté d'Iman transposée sur les panneaux publicitaires et dans les magazines a permis à de nombreuses femmes racisées de se sentir représentées. D'autant qu'elle est un role modèle pour bon nombre de mannequins africains qui quittent leur pays pour aller à la conquête de la mode occidentale. 

Iman a toujours eu à coeur de représenter et d'agir pour la communauté noire, raison pour laquelle elle a co-créé la Black Girls Coalition avec Bethann Hardison.

Le top model arrête le mannequinat en 1994 et lance sa marque de cosmétiques inclusifs adaptés à toutes les carnations, dont les plus foncées. Un projet révolutionnaire dans l'industrie de la beauté qui ne fait qu'étoffer sa légende. 

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Grace Jones

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Elle est la définition même d'une icône. Grace Jones, top model jamaïcain, a révolutionné le milieu de la mode. Signée dans une première agence de mannequinat à New York en 1966, sa carrière décolle quand elle s'installe dans le Paris des années 70. Elle en a fait son terrain de jeu et son tremplin, elle qui côtoyait des designers, danseurs, artistes et même des politiciens lors de soirées parisiennes.

Grace Jones incarne justement l'effervescence des seventies-eighties. Sous l'oeil de Jean-Paul Goude elle devient une iconique et le duo donne naisance à des clichés légendaires qui mettent l'emphase sur son mètre 88 et sa beauté androgyne. À peine trois mois après son arrivée dans la capitale, elle fait la une de magazines et elle est habillée des plus iconiques créations d'Azzedine Alaïa qui l'a choisit comme égérie.

Devenue chanteuse, comédienne, muse de Jean-Paul Goude et d'Andy Warhol, elle a mis le monde entier à ses pieds.

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Pat Cleveland

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Elle compte parmi les mannequins noires les plus célèbres des années 60 à 80. Pat Cleveland a travaillé avec les meilleurs. Posant devant l'objectif de Richard Avedon et Irving Penn, choisie comme mannequin de choix par Roy Halston qui fait à l'époque sensation aux États-Unis avec sa maison de mode éponyme, mais longtemps la mannequin aura du mal à obtenir des couvertures de magazines.

Elle prend alors une décision radicale : quitter les U.S pour un ailleurs où les mannequins noires sont plus respectées et honorées. La promesse qu'elle se fait à elle ? Ne pas revenir aux États-Unis tant que Vogue US n'aura pas offert une couverture à une femme noire.

Comme pour son amie Grace Jones, il faut attendre son arrivée à Paris pour que sa carrière explose. 1973, seulement deux ans après son emménagement en France, elle participe à la Bataille de Versailles, le défilé historique dans lequel des créateurs Américains affrontent des créateurs de mode Français. Elle retournera aux États-Unis dans les années 80. Promesse tenue puisque Beverly Johnson a entre temps fait la une du célèbre magazine de mode américain.

Cleveland signera pour la grande agence Ford Models et elle ne s'arrêtera pas. Enchaînant les défilés Chanel, Moschino, Fendi, Valentino... en 2023, du haut de ses 72 ans, elle a défilé à l'occasion d'un show exceptionnel organisé par LuisaViaRoma et le British Vogue.

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Alek Wek

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Alek Wek. 1m78, mannequin sud-soudanais, statut ? Légende. Celle qui a commencé le mannequin à l'âge de 18 ans dans l'Angleterre des années 90 a renversé les codes avec sa beauté jusqu'alors rare dans l'industrie.

Si les modèles noires aux carnations claires ont eu plus de facilité à intégrer l'industrie, la mode a tardé avant de donner de la considération aux peaux très foncées. À ses débuts "il y avait des mannequins noirs mais aucun aussi foncé et avec des traits Dinka (une ethnie sud-soudanaise, ndlr), ça c'est certain" a dit Alek Wek dans une interview au Guardian en 2014.

À travers elle, les femmes dites dark-skinned (à la peau très foncée, ndlr) ont enfin été représentées et perçues comme des canons de beauté sur la scène mode. Ce qui n'a pas été une mince affaire quand on sait que les personnes racisées à la peaux foncés ont depuis toujours été d'autant plus sujettes aux persécutions que leur pairs plus clairs. Une discrimination qui porte un nom, le colorisme, et le microcosme de la mode étant une société dans une société n'a fait que refleté ce procédé.

Du haut de ses 45 ans, le top model a un CV historique. Elle a fait la couverture de plus de 50 magazines de mode, dont le très populaire CR Fashion Book de Carine Roitfeild, et comptabilise plus de 200 défilés à son actif. Alek Wek a été la première mariée noire de Chanel en 2004, choisie par Karl Lagerfeld. Un rôle privilégié et surtout important puisque la mariée clot les défilés haute couture.

Déconstruisant l'idée que les mannequins sont passifs, on se souvient tous de ce jour de 1998 lorsqu'elle a envoyé valser sa perruque blonde sur le podium du show Betsey Johnson. Un coup de gueule mémorable contre les standards de beauté occidentaux qui dit tout de l'importance des mannequins racisés dans l'industrie. 

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Naomi Campbell

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Naomi Campbell est dans le top 3 des mannequins les plus célèbres de l'Histoire. Et elle n'est pas numéro 3.

La mannequin anglaise d'origine jamaïcaine a débuté sa carrière à l'âge de 15 ans. Signée chez l'agence Elite, gros empire du mannequinat, elle pose pour des titres de presse et devient à 16 ans la première femme noire à faire la couverture du Elle anglais puis la première femme noire en une de Vogue Paris (aujourd'hui Vogue France).

Sa moue est immortalisée par les photographes les plus importants et sur les podiums, la démarche inimitable de Campbell qui fera grandir sa légende. Dans les années 90, Gianni Versace caste systématiquement Cindy Crawford, Linda Evangelista, Christy Turlington, Helena Christensen, et Naomi Campbell dans ses campagnes et ses shows. Ce groupe sélect deviendra "les supermodels" et avec elles naît la nouvelle vague de starification des mannequins.

Malgré sa super-popularité le top n'a pas été exempte de discriminations. C'est seulement en 2019 qu'elle obtient son premier contrat avec une marque de cosmétiques, en l'occurrence NARS.

Il faut aussi dire que Campbell n'a pas toujours été très solidaire avec les femmes qui lui ressemblent. On peut citer sa rivalité avec Tyra Banks qui serait née d'une intidimation que l'anglaise a fait subir au mannequin afro-américain de trois ans sa cadette lorsqu'elle faisait ses premiers pas à la Fashion Week de Paris. 

En 2019 dans un entretien au Wall Street Journal, Naomi Campbell a affirmé : "Je sais ce que c'est d'être la caution noire et ça n'a jamais été une partie de plaisir d'être la seule mannequin noire dans un show de 70 filles." Une manière de se défendre pour celle qui a longtemps été accusée de se complaire dans le fait que certaines marques ne collaboraient qu'avec elle et aucun autre mannequin noire à son époque.

De Michael Kors, à feu Azzedine Alaia qu'elle appelait affectueusement "papa", à Gianni et Donatella Versace, et Virgil Abloh... Toutes les générations de designers qu'elle a connue l'ont vénéré et adoubent encore aujourd'hui celle qui du haut de ses 53 ans n'a rien perdu de sa superbe.

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Tyra Banks

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La fashionsphère ne lui a pas attribué le titre de supermodel mais elle en a toutes les qualités. Aujourd'hui actrice, entrepreneuse, chanteuse, en plus d'être mannequin, Tyra Banks a débuté sa carrière à l'adolescence en tant que modèle photo et c'est en 1990, à ses 17 ans, que sa carrière prend un tournant lorsqu'elle signe dans l'agence Elite Model Management.

En parallèle de ses études, elle enchaîne alors les défilés pour des marques notoires : Perry Ellis, Oscar de La Renta, Azzedine Alaïa et même Chanel. L'américaine défilé dans les quatre capitales de la mode occidentale et en 1992, elle prend la pose aux côtés de deux mannequins noires phares de l'époque : Naomi Campbell et Beverly Peele pour un édito paru dans Vogue.

Tyra Banks séduit les marques avec ses yeux verts, sa peau noire et sa poitrine généreuse qui la différencie des mannequins filiformes qui sont en majorité numérique dans l'industrie.

Si une discorde survenue dans les nineties en coulisses aurait créé une longue rivalité entre elle et Naomi Campbell, l'afro-américaine connaîtra comme sa collègue britannique un succès à plusieurs niveaux.

Pour cause, Tyra Banks a marqué l'histoire en devenant la première femme afro-américaine à signer un contrat avec Victoria's Secret et la première afro-américaine à avoir fait la Une des incontournables magazines GQ et Sports Illustrated pour son édition maillot de bain.

Très populaire aux États-Unis, elle poursuivra une carrière au cinéma et apparaîtra dans des productions de jeunes réalisateurs afro-américains de l'époque qui deviendront ensuite majeures comme Love & Basketball de Gina Prince-Bythewood & Fièvre à Colombus de John Singleton. Banks jouera aussi aux côtés de Lindsay Lohan dans le film Grandeur Nature.

Et s'il y a bien une production qui l'a faite entrer dans la culture populaire ? C'est America's Next Top Model. Cette émission de télé-réalité/concours de mannequins qu'elle a créé aura notamment révélé les tops models Eva Marcille et Winnie Harlow.

Diffusée dans de nombreux pays, dont la France qui la diffuse sur les chaînes du câble Teva et Direct Star, ce show permet à un large public d'en apprendre davantage sur les différents rouages de l'industrie de la mode. Comment poser ? Comment défiler ? Qui sont les photographes de mode à connaître et quels sont les critères à prendre en compte avant de tenter une carrière dans le mannequinat.. Top Model USA (nom français de l'émission, ndlr) aura permis à un grand nombre de personnes de construire ou d'enrichir leur culture mode. 

Bien que populaire et pédagogique, on retient néanmoins les comportements tyranniques de Tyra Banks envers les participantes de cette émission et les commentaires insultants qu'elle a pu leur faire. Des comportements problématiques que l'on garde en tête malgré son statut de légende.

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Katoucha Niane

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On l'appelait la "princesse Peule". Katoucha Niane est une des mannequins noires Françaises les plus mémorables de l'Histoire. La native de Conaky en Guinée s'installe en France au début des années 80 et entame dès lors sa carrière dans le milieu de la mode.

Nous sommes dans une décennie qui voit fleurir une jeune génération de créateurs aux codes visuels déjantés. Mais Katoucha elle est repérée par Lanvin avant d'évoluer aux côtés d'une pointure de la haute couture : Yves Saint Laurent, son mentor qui l'a choisit comme égérie. Un privilège dans ces temps où les couturiers choisissaient une seule égérie à la fois.

Pendant les Fashion Weeks, temps fort du calendrier mode, la mannequin était sur tous les catwalks : de Gianfranco Ferré à Valentino en passant par Givenchy et Christian Lacroix.

Katoucha Niane, c'est plus qu'un CV mode prestigieux et une belle silhouette. C'était une mannequin engagée qui a tendu la main à la nouvelle génération de mannequins en participant à l'émission "Top Model" diffusée sur M6 en 2005. Son plus grand combat reste celui de la lutte contre l'excision. Elle fonde l'association Katoucha Pour la Lutte Contre l'Excision (KPLCE) visant à soutenir les victimes de ce crime qu'elle a elle même subit alors qu'elle n'avait que 9 ans.

Victime d'excision et d'abus sexuels, réfugiée guinéenne ayant fuit la dictature d'Ahmed Sékou Touré... La vie privée du top aura été marquée par de nombreux traumatismes. 

Katoucha Niane est retrouvée morte le 28 février 2008 après avoir été portée disparue pendant plus de 20 jours. Sa disparition tragique endeuille le mannequinat Français et aujourd'hui, sa légende est honorée par sa fille Aiden Curtiss qui prend la relève, défilant elle aussi à la Fashion Week.

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Liya Kebede

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Elle a débuté sa carrière à une heure où "il ne pouvait y avoir qu’un seul mannequin noir par runway et personne n’y trouvait à redire" comme elle l'a confiée au média Sabato. Avec son mètre 79, le top éthiopien Liya Kebede oeuvre dans la mode depuis près de trois décennies.

Partie de l'Éthiopie pour tenter une carrière de mannequin à Paris, en 2000, Tom Ford lui propose un contrat exclusif et sa carrière décolle au lendemain du défilé Gucci automne-hiver 2001. Elle travaille par la suite avec Alexander McQueen, défile pour Moschino, Louis Vuitton, et fait la Une de magazines à 54 reprises, dont celle de l'édition française de Marie Claire en 2019 sur laquelle elle pose avec ses enfants.

Ce que l'on retient notamment c'est qu'elle fera la couverture de magazines de mode français à une heure où ces publications ouvraient davantage leurs bras aux mannequins noirs étrangers.

Liya Kebede a transcendé le monde de la mode et est aujourd'hui la créatrice de la marque de vêtements Lemlem. Plus encore, elle a apporté un vent nouveau dans le secteur de la beauté en devenant la première mannequin noire à prêter son visage à la marque Estée Lauder.

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Noémie Lenoir

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Noémie Lenoir est l'une des mannequins noires Françaises les plus incontournables des années 2000. Réunionnaise de par sa mère, elle intègre l'univers du mannequinat après avoir été repérée.

Représentée par la grande agence new-yorkaise Ford (et aujourd'hui par Muse Management), elle a investi les campagnes publicitaires de marques renommées, les éditoriaux de magazine, et a défilé pour de grandes griffes comme Jean Paul Gaultier et Ralph Lauren.

En 2005, elle rejoint le cercle très restreint de modèles Français ayant défilé le Victoria's Secret Show, défilé incontournable jusque dans les années 2020 et dont tous les tops models ont rêvé.

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Winnie Harlow

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D'une part réticente à ouvrir ses portes aux personnes marginalisées, parfois l'industrie de la mode est la première à se réjouir de découvrir des profils qui donnent une autre définition à la notion de beauté. En 2014, une certaine Winnie Harlow native de Toronto d'origine jamaïcaine commence à faire grand bruit dans le milieu après son passage dans le concours de mannequin télévisé America's Next Top Model. Elle ne le remporte pas mais cela n'empêche qu'un avenir lumineux l'attend dans la mode.

Elle fait 1m80 et sa peau recouverte de taches de vitiligo, une maladie qui se traduit par une dépigmentation, est son plus bel atout.

Enfant, cette maladie lui a valu les moqueries de ses camarades de classe mais au sein de la modosphère ? Le physique de Winnie Harlow lui ouvre les portes des plus grandes marques comme L'Oréal, Richard Hudson, Tommy Hilfiger et bien d'autres.

Victoria's Secret l'accueille en 2018 dans son très sélect casting, résultat elle devient la première personne atteinte de vitiligo à défiler pour ce rendez-vous iconique.

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Joan Smalls

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"Je ne suis pas simplement une seule chose : je suis noire ET latina." Joan Smalls est un des visages qui, par sa présence dans la fashionsphère, a donné de la visibilité aux beautés afro-hispaniques. Le top signé chez IMG Models a à coeur de représenter sa communauté et elle n'a jamais eu peur de prendre la parole à ce propos.

Si elle commence à apparaître dans les éditoriaux à la fin des années 2000, c'est à partir de la décennie suivante qu'elle gagne en popularité. Elle effectue à ce moment-là ses premiers shows : Naeem Khan, Oscar de La Renta, Tom Ford... Et elle explose davantage lorsque que l'un des rares directeurs créatifs officiant dans une maison de luxe l'intègre dans sa "Balmain Army". On parle évidemment d'Olivier Rousteing, et son armée n'est autres qu'un groupe de mannequins que le styliste considère comme ses muses et sollicite pour tous ses défilés et campagnes. 

En 2014 et 2015, Joan Smalls a été nominée pour devenir la mannequin de l'année. À 35 ans, elle a fait la couverture de 102 magazines et a été booké pour près de 400 shows.

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Anok Yai

Qui aurait cru qu'une photo virale ayant circulé sur internet lui offrirait une telle trajectoire ? En 2017 alors qu'elle se rend à une fête organisée à l'université Howard à Washington, Anok Yai est prise en photo par un photographe street style et le cliché fera le tour de la toile. Si bien qu'elle fait flasher le radar de plusieurs agences de mannequins, et c'est l'agence Next Management qui l'a signe.

Par la suite, elle marque à nouveau marqué les esprits en devenant la seconde mannequin noire à ouvrir un show Prada en 2018, soit 21 ans après Naomi Campbell.

Anok Yai est un des mannequins noires de la jeune génération qui s'est imposé en peu de temps parmi les plus demandés et les incontournables. On la retrouve chaque saison dans les quatre plus importantes capitales de la mode occidentale et elle comptabilise plus de 300 défilés à son actif.

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Slick Woods

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Si vous feuilletez un appel à candidatures rédigée par une agence de mannequin, vous verrez sûrement : une taille supérieur à 1m70, de petites mensurations, des cheveux longs et lisses, et de straits de visages particulièrement fins. Slick Woods, de son vrai nom Simone Thompson, est de celles qui ont renversé ces codes avec son look détonnant.

Cheveux rasés et décolorés, sourcils teintés et dents du bonheur. La jeune femme originaire de Los Angeles est d'abord révélée par Instagram à une heure où une génération d'instagrammeuses deviennent célèbres grâce à leur feed. Par la suite, elle tape dans l'oeil des enseignes émerveillées par cette beauté différente.

C'est Kanye West qui lui offrira son premier défilé, c'était en 2016 pour le show Yeezy printemps-été 2017 et depuis, elle a travaillé avec Marc Jacobs, Jeremy Scott, Miu Miu, Fendi, mais aussi Rihanna qui a également été parmi les premières à collaborer avec Slick Woods. 

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Precious Lee

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1m80, à peine la trentaine, et Precious Lee est déjà considérée comme un supermodel des années 2020. L'américaine commence à défiler à la Fashion Week en 2017 avec le créateur reconnue pour ses lignes inclusives Christian Siriano pendant deux saisons avant d'intéresser d'autres designers.

Depuis, elle a foulé le podium de Moschino, Prabal Gurung, ou encore Versace. Une démarche affirmée, une vingtaine de Unes de magazine en moins de 10 ans d'activité dans l'industrie. Precious Lee est un modèle désormais incontournable.

À une heure où les amateurs de mode demandent à ce que tous les types de corps soient mis en avant, la présence de Precious Lee est nécessaire. Considérée grande taille, elle offre de la visibilité aux femmes rondes qui ont toujours été invisibilisées dans les magazines, dans les magasins de vêtements, et sur les défilés.

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Adut Akech

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"[Naomi Campbell] est comme ma mère, mon mentor, mon modèle, un soutien indéfectible qui m'aime inconditionnellement, et je l'aime de la même façon." Deux générations les séparent et leurs histoires personnelles sont assez distinctes mais de nombreux points communs rapprochent Naomi Campbell et Adut Akech. Leur ascension fulgurante, l'admiration que leur porte le directeur artistique de Valentino Pierpaolo Piccioli, et leur omniprésence sur les podiums et dans les magazines.

La mannequin soudanaise âgée de 23 ans signe chez Elite en 2016 et a dès lors fait une entrée tonitruante dans le milieu. Pour ses débuts à la Fashion Week ? Elle défile pour la maison Saint Laurent. Deux ans plus tard elle marque l'histoire et devient la seconde mariée noire de Chanel succédant à son homologue sud-doudanaise Alek Wek.

Couronnée de succès elle est nommée mannequin de l'année en 2019 à seulement 20 ans. Plus qu'une magnifique silhouette et une carrière brillante, le parcours de la jeune femme qui a grandi dans des camps de réfugiés aux Kenya et qui aujourd'hui brille sur les podiums de la Fashion Week inspire.

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