“Quand on parle de cancer du nez, ça peut laisser croire à des symptômes visuels à l’extérieur. Mais c’est tout le contraire”, explique d'emblée le Dr Oscar Berges, chef du service de radiothérapie de l’Institut de cancérologie de Seine-et-Marne.

Car le cancer du nez englobe plusieurs cancers des sinus, et non pas une maladie affectant l’aspect cutané du nez.

Ne représentant que 3% des cancers oto-rhino-laryngologiste (ORL), avec près de “800 cas par an”, estime le médecin, ce cancer reste rare, mais pas inexistant. 

Le cancer du nez, une tumeur qui touche les sinus

Médicalement, le terme cancer du nez se rapporte en fait au groupe de cancers des sinus de la face. Aussi appelé cancer des fosses nasales, cette tumeur maligne n’attaque pas le nez en lui-même, mais tous les sinus auxquels il donne accès. “C’est tout un monde”, précise le Dr Berges.  

Vidéo du jour

"Environ 70 % de tous les cancers des fosses nasales et des sinus paranasaux touchent les sinus maxillaires”, détaille le site de la Société canadienne du Cancer. Situées au niveau des pommettes de la joue, les sinus maxillaires produisent du mucus, et se bouchent en cas d’infection.

Dans les autres cas, le cancer des fosses nasales peut s’attaquer aux sinus frontaux, qui se trouvent de chaque côté du front ; aux sinus ethmoïdaux, entre les deux yeux ainsi qu’aux sinus sphénoïdaux, proches des deux oreilles.

Symptômes du cancer du nez : une maladie presque invisible

“Le problème c’est qu’on ne le voit pas, car tout se passe à l’intérieur, et que les cavités sont très vastes”, éclaire le médecin. Le cancer des fosses nasales peut être silencieux très longtemps. “S'il y a des symptômes, c’est probablement déjà inquiétant”, avertit-il. 

En fonction des sinus touchés, le cancer des fosses nasales peut se manifester par un nez bouché persistant sur un seul côté du visage, des saignements réguliers, des douleurs ou sensations de picotement sur le visage, des maux de tête ou encore une paralysie optique. 

Du fait de sa rareté, les médecins sont aussi “peu sensibilisés” sur le cancer du nez, ce qui le rend “difficile à détecter” pour les patient.e.s, qui ne prennent pas la mesure de la gravité des symptômes, informe le Dr Oscar Berges. 

Un cancer professionnel

"Cancer du menuisier, c’est le surnom qui est parfois donné au cancer du nez. Et pour cause : l’un des facteurs de risques majeurs du cancer des fosses nasales est l’exposition industrielle aux poussières de bois. Ce qui fait de lui un cancer d’origine professionnelle dans 7 à 40% des cas, d’après la Fondation ARC.

Classées cancérogènes avérés par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), les sciures de bois sont en tête de liste des facteurs exogènes d'origine professionnelle prédisposant aux cancers des sinus. “On peut également citer les poussières de cuir, le nickel et certains solvants dans les usines textiles”, énumère le médecin.

La vapoteuse, facteur de risque ?

Récemment, des articles publiés dans les médias pointaient l'impact des cigarettes électroniques sur ce cancer.  Ces articles réagissaient à une étude publiée le 28 février 2022 dans la revue Tobacco Use Insights. Cette dernière révèle que, afin de mieux sentir son odeur aromatisée, 63% des vapoteurs et 50% des fumeurs de narguilé (chicha) expirent leur fumée par le nez, contre 22% de fumeurs de tabac. Cette technique du “retrohaling” viendrait "augmenter leur risque de maladies des voies respiratoires supérieures", estime Emma Karey, principale auteure de l’étude.

Mais pour le Dr Berges, il est un peu tôt pour s’inquiéter. “Le phénomène est encore trop récent pour qu’on ait pu recenser des cas de cancers attribués aux cigarettes électroniques. D’autant que, la plupart du temps, les vapoteurs ont commencé par fumer du tabac”, tempère le médecin.

Comment le traiter le cancer du nez ?

À l’apparition des symptômes, le cancer des fosses nasales est d’abord diagnostiqué par une biopsie, qui permet d’identifier les cellules cancéreuses. S’il y a une tumeur, un bilan endoscopique des fosses nasales, un scanner et une IRM du nez, des sinus, des orbites, de la base du crâne et des ganglions du cou sont nécessaires pour connaître son stade et son emplacement.

Si la tumeur est opérable, alors le ou la patiente devra subir une chirurgie endo nasale afin de retirer la tumeur, en passant par les narines. Une opération qui ne laisse “pas de cicatrice sur le visage”, précise le Dr Berges. Puis la tumeur sera irradiée par radiothérapie. Dans de plus rares cas, les patient.e.s peuvent avoir recours à la chimiothérapie.

En France, l’incidence du cancer du nez est faible, conjointement au nombre de cas recensés qui l’est aussi. Pour ”200 nouveaux cas par an”, il y aurait “moins de 300” décès, indique Info Cancer. “La survie à 5 ans est de 48%, donc près d’1 patient sur 2 vit après le diagnostic”, précise l’oncologue.