Covid-19 : oui, on peut être infecté plusieurs fois par le virus

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Tandis que les chiffres de la contamination du Covid-19 atteignent des sommets ces dernières semaines, et que les différents variants se succèdent, certains anciens malades affirment avoir été contaminé plusieurs fois par le virus. On vous explique comment cela est possible.

Gestes barrières, vaccins et même médicaments : il existe aujourd’hui de nombreux outils pour lutter contre le Covid-19. Si certaines personnes ont pu échapper depuis deux ans au virus, des milliers de Français sont déclarés positifs chaque jour. Et pour certains, c'est même la seconde fois.

Encore rares il y a quelques mois, les cas de recontaminations - parfois multiples - ne semblent plus si exceptionnels, et ce, notamment depuis l’émergence du variant Omicron. Mais comment cela s’explique-t-il ?

"J'ai encore le Covid !" 

"J’ai eu le Covid deux fois à moins de trois mois d’intervalle ! J’avais survécu presque deux ans au raz-de-marée et puis ça ne m’a pas loupée", raconte Léonore, 25 ans. 

Et la jeune femme n’est pas la seule. Sur Twitter, plusieurs centaines d’utilisateurs du réseau social évoquent une réinfection.

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— Faline?? (@Falineelisabet1) February 2, 2022

Pourtant, il y encore quelques mois, les cas de réinfections étaient si rares qu’un seul pouvait donner lieu à une étude. En octobre 2020, le journal The Lancet en publiait une consacrée à un américain de 25 ans ayant été infecté par le Covid une première fois en avril 2020, puis une seconde en juin 2020. Il était le premier cas à présenter une nouvelle contamination sans être immunodéprimé

L’étude concluait que le patient avait bien été contaminé deux fois par le SARS-CoV-2, par deux versions du virus “génétiquement distinctes” et qu’une exposition au Covid “ne garantissait pas une immunité totale dans tous les cas”. 

Malgré tout, ces recontaminations restaient exceptionnelles et très peu de travaux se sont portés sur le phénomène avant l’arrivée des variants plus virulents. À l’époque, on évoquait d’ailleurs plus des “réactivations” que des recontaminations. 

Une immunité non durable

À l’inverse, nombreux sont les travaux prêtant une immunité aux anciens malades du Covid-19. Si la plupart des travaux s'accordent sur une immunité allant d’entre six à huit mois, rien ne peut formellement confirmer cette durée, tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux et changeants. 

“Nous ne savons pas”, avait déjà réagi Mike Ryan, directeur des programmes d'urgence de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), interrogé sur la question de la recontamination en avril 2020. “Nous pouvons seulement extrapoler à partir d'autres coronavirus et même pour eux, les données sont limitées”, avait-il alors confié. 

Et si les recherches scientifiques ont permis de belles avancées en moins de deux ans, le Covid-19 traîne encore son lot d’interrogations. 

Des anticorps variables selon les personnes

Ces recontaminations multiples et visiblement imprévisibles doivent-elles donc nous alerter d’un défaut de réponse de nos systèmes immunitaires ?

Interrogé par France Bleu, le Pr Pierre Tattevin répond : “Ce n'est pas parce que [nos] défenses immunitaires ne sont pas bonnes, mais parce que la protection contre le virus ne dure pas très longtemps”.

Pour lui, même si les personnes immunodéprimées sont plus à risque – c’est d’ailleurs pourquoi les doses de rappels et les traitements médicamenteux leur sont proposés en priorité – la ré-infection “peut arriver à n’importe qui”.

Des propos corroborés par une étude parue dans le journal Science en janvier 2021 et menée sur un échantillon de 200 patients. Les scientifiques y ont montré que “six mois après l’infection, 92 % des individus présentaient des lymphocytes T CD4+ impliqués dans la coordination de la réponse immunitaire, tandis que la moitié d’entre eux présentaient des lymphocytes T CD8+, qui tuent les cellules infectées par le virus”, reprend l’Inserm en précisant, de ce fait, que “la quantité de ces cellules variait beaucoup d’un individu à l’autre sans qu’aucun facteur explicatif ne se détache particulièrement”.

Le variant Omicron ou la redistribution des cartes

En plus de cette immunité qui semble intrinsèque à chaque personne, l’émergence de variants favorise grandement les réinfections.

En décembre 2021, une étude sud-africaine, publiée sur le site medRvix, alertait d’un risque accru de réinfection avec la montée du variant OmicronElle statuait sur l’idée qu’Omicron avait “une capacité substantielle d’échapper à l’immunité d’une infection préalable” de par sa grande contagiosité et son profil génétique particulier, comme le rapporte l’Express

Un rapport de l'Imperial College de Londres du 17 décembre 2021 confirme ces découvertes. Le document estime que le risque d'être réinfecté par Omicron est 5,4 fois plus élevé qu'avec le variant Delta.

Les recontaminations pourraient donc s’expliquer par l’évolution des profils génétiques des variants et non par une immunité déclinante. Des réinfections plus rapides qui viennent éteindre les espoirs d’atteindre une immunité collective. On pourrait avoir des vagues épidémiques tous les trois mois”, avance même Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Etienne, interrogé par Ouest-France

Attention tout de même, si ces deux études dessinent un constat similaire, il est important de nuancer les conclusions des travaux de recherche étrangers quand il s’agit de les appliquer à la France et de prendre en compte le fait que tous les pays n’ont pas les mêmes politiques sanitaires ou la même utilisation des vaccins. 

La période immunitaire propice à l'oubli des gestes barrières ? 

Si ces variants réduisent l'immunité post-infection et qu’aucune durée ne peut vraiment être donnée, est-il prudent d’informer les malades du Covid qu’ils sont immunisés pour au moins 6 semaines après l'infection ? Cela ne favorise-t-il pas la mise de côté des gestes barrières et donc une potentielle réinfection rapide ? 

“C’est vrai qu’une fois mon premier PCR négatif, je prenais les choses moins sérieusement. Je suis allée voir des proches qui avaient le Covid sans pour autant faire attention parce que ‘je ne pouvais pas l’attraper une nouvelle fois’, je suis sortie plus pour rattraper mes dix jours à l’isolement, j’ai oublié mon masque plusieurs fois… mais finalement on est sûrs de rien et ma seconde contamination m’a bien remis les idées en place”, confirme Léonore.  

Nouvelle contamination ou restes de la première infection ? 

Autre question, comment savoir si on souffre vraiment une nouvelle fois de la maladie ou si on est toujours positif de la première contamination ? Si un test positif le reste en moyenne entre 5 et 7 jours, chez certaines personnes, il peut en être ainsi pendant plusieurs semaines.

"Tout dépend des patients : certains vont en effet garder dans leur organisme une petite excrétion du virus. Et les techniques de détection via le test PCR sont tellement performantes qu'elles les détectent, quand bien même ces traces ne sont plus contagieuses”, éclairait le Dr Jimmy Mohamed au micro d’Europe 1 en mars 2021. 

Vaccin et contamination : une protection maximale ?

Ainsi, dans un contexte si évolutif et incertain, actualiser la réponse immunitaire de la population en passant par des rappels de vaccin paraît indispensable.

De fait, en février 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommandait déjà aux personnes infectées dans le passé de se faire administrer une dose de vaccin, agissant comme un rappel stimulant la mémoire immunitaire. 

En effet, les vaccins sont à l’origine d’une autre réponse immunitaire que celle qui se produit quand on attrape le virus. Comme l’explicite France Info, cette réponse “entraîne des cellules appelées lymphocytes T à reconnaître et détruire les cellules contaminées par le Sars-CoV-2”. 

Et selon les déclarations du responsable de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur, Olivier Schwartz, recueillies par France Info : "Une étude récemment publiée dans la revue Cell montre d'ailleurs que ces lymphocytes T sont capables de reconnaître tous les variants, depuis Alpha jusqu'à Omicron".

Ainsi, bien que le variant Omicron ait redistribué les cartes, il n’a peut-être pas apporté que de nouvelles inconnues à l’équation.

S’il est à l’heure actuelle impossible de statuer sur une durée d’immunité claire, son émergence a conforté l’efficacité des vaccins contre les formes graves, tout en démontrant que sa circulation intense ne pouvait être stoppée et qu'il était donc tout à fait possible d'attraper le Covid-19 plusieurs fois.

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