Reporté jusqu’à nouvel ordre. Mardi 27 février 2024, le producteur Bruno Pésery a annoncé dans le média spécialisé Le Film Français que la sortie du film CE2, qui était prévue le 27 mars, a été repoussée.

Cette mise en retrait est directement liée à la plainte datée début février de Judith Godrèche à l’encontre du réalisateur Jacques Doillon. L'actrice qui a joué avec lui dans La Fille de 15 ans l’accuse de l’avoir violée alors qu’elle était mineure.

Le producteur fait marche arrière

Dans l’interview accordée au Film français, le producteur de CE2 précise qu’il "semble aujourd’hui ni possible, ni souhaitable de maintenir cette date de sortie".

"Lorsque nous avions décidé de maintenir cette date, nous espérions que la part soit faite entre les faits reprochés à Jacques Doillon, qui remontent à quarante ans, et un film qui est le fruit du travail d’une équipe. Nous nous sommes trompés", affirme-t-il.

L'interviewé avait pourtant déclaré à l’AFP (Agence France-Presse) quelques jours avant que la sortie ne pourrait être décalée. "Il nous importe que cette décision ne soit pas accueillie comme l’expression d’une surdité ou d’une indifférence à l’égard des accusations portées à l’encontre de son auteur : elles sont graves, nous en avons pris la mesure dès la première heure", disait-il. Dans le même temps, il nuançait et précisait que la sortie ne pouvait s’adapter à un "calendrier judiciaire".

Récemment, sur Instagram, la comédienne Nora Hamzawi qui tient un des rôles principaux, s’était opposée à la sortie du film : "Je ne soutiens pas cette décision qui, d’après moi, représente un mépris vis-à-vis de la parole des femmes. Ce qui se passe dans le milieu du cinéma et qui, je l’espère, s’étend à d’autres milieux, est essentiel et important. C’est la chose à soutenir en priorité aujourd’hui", avait-elle défendu.

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Rappel des autres accusations

Depuis la plainte de Judith Godrèche - elle a également porté plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot - les actrices Anna Mouglalis et Isild Le Besco ont également accusé Jacques Doillon de violences sexuelles. Dans un témoignage récolté par le Monde le 8 février, Anna Mouglalis révèle des faits qui se seraient déroulés en 2011, alors que l’actrice et son compagnon de l'époque, Samuel Benchetrit, auraient invité Jacques Doillon dans leur maison de famille à Uzès, dans le Gard.

"Un soir après le dîner, nous n’étions plus que deux dans la pièce, raconte l’actrice. C’était dans la cage d’escalier sur le palier qui donnait sur la chambre de ma fille et la mienne, dans laquelle j’allais rejoindre Samuel qui s’était couché plus tôt. Il m’a embrassée de force et je l’ai repoussé. C’est sidérant de tenter un truc pareil, dans ces conditions-là. Il y a un tel sentiment d’impunité, une telle réification", témoigne-t-elle.

Toujours dans Le Monde, Isild le Besco, qui a également accusé Benoît Jacquot de violences sexuelles, confie que Jacques Doillon l’aurait évincée du film Carrément à l’ouest, en 2000. La comédienne, alors âgée de 18 ans, avait effectué plusieurs essais au domicile du réalisateur. "Mais lorsque j’ai refusé de coucher avec lui, il m’a retiré du projet, et a donné le rôle à sa fille (Lou Doillon, ndlr), affirme-t-elle. C’était assez subtil, dans le non-dit."

Jacques Doillon conteste les faits qui lui sont reprochés. Le cinéaste de 79 ans a d’ailleurs décidé de porter plainte pour diffamation contre Judith Godrèche. "Oser affirmer publiquement, comme elle l’a encore fait le 21 février dernier, que celui-ci aurait ’couché avec des enfants’ qui tournaient dans ses films est ignoble et dépasse l’entendement", a déclaré son avocate Marie Dosé dans un communiqué.