Après des années de préparation, les Jeux olympiques de Paris seront lancés le vendredi 26 juillet 2024. Ces JO seront les premiers "normaux" depuis la pandémie de Covid-19 (et le report de ceux de Tokyo à 2021, avec athlètes isolés et public tenu à distance).

Cet été, 16 millions de visiteurs.euses sont attendus dans la capitale française. Alors, quatre ans après le début de la crise liée au coronavirus, les risques épidémiques interrogent.

D'autant que ces derniers mois, en Europe, plusieurs alertes ont été données : mi-juin, l’Agence de santé de l’Union Européenne a ainsi annoncé une "hausse significative" des cas de dengue et un retour des hausses de contamination au Covid-19 a été confirmé par Santé Publique France dans son bulletin d’information du 11 juin.

Mais existe-t-il un véritable risque épidémique ? Pourrait-il entraver la tenue de l'événement ? Anne Le Fleche-Mateos, responsable du pôle d’identification bactérienne de la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) – créée un an après les attentats du 11 septembre sous l’impulsion de la Direction Générale de la Santé -, se veut rassurante.

Une équipe de surveillance mobilisée pendant la durée des Jeux Olympiques

Son équipe composée d’une vingtaine de bactériologistes et de virologues est chargée de détecter tous les risques infectieux à la demande de la Direction générale de la santé, et a l’habitude de travailler dans ces conditions.

Après avoir analysé de près la Coupe du monde de rugby, en 2023, elle se prépare depuis un an aux Jeux olympiques. La CIBU sera mobilisée 24h/24 et 7j/7 pendant la compétition pour analyser les risques potentiels.

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"Notre rôle est de surveiller et détecter tous les risques infectieux pouvant menacer la sécurité sanitaire de la France : cela va d’une épidémie à un risque accidentel ou une utilisation potentielle d’arme biologique", explique la bactériologiste.

Des risques venant de l’hémisphère sud analysés par le CIBU

Certains virus et bactéries sont plus observés que d’autres.

Les équipes de la CIBU sont particulièrement attentives aux risques venant de l’hémisphère sud, où c’est actuellement l’hiver. "Il y a potentiellement des épidémies de grippe. Ces personnes peuvent donc contaminer les personnes de l’hémisphère nord. On craint donc des épidémies", précise la scientifique.

Toutefois, elle affirme que "personne n’est inquiet" : "on est prêts comme l’ensemble des partenaires, dont les hôpitaux, au niveau national".

Si les "Européens ne sont pas forcément immunisés contre les bactéries et les virus de l’hémisphère sud", la CIBU stocke "toutes sortes de bactéries et de virus les plus dangereux" - c’est le cas de la dengue dont les cas sont en hausse en France depuis début 2024 - et est habilitée à "les détecter rapidement".

Pour cela, la CIBU utilise des techniques bien précises. "Nous avons des tests PCR syndromiques de type : fièvre tropicale, infection respiratoire… Nous avons élargi notre panel de détections. Nous avons également développé des tests dits ‘PCR multiplex’ : à partir d’un seul échantillon, on peut détecter jusqu’à une quarantaine de virus et bactéries et poser un diagnostic en quelques heures", détaille Anne Le Fleche-Mateos.

Aucune consigne sanitaire donnée (pour l'heure)

À cinq semaines du lancement des JO de Paris 2024, son laboratoire n’a d’ailleurs pas reçu de consignes et recommandations de la Direction Générale de la Santé.

La bactériologiste préconise toutefois aux personnes malades qui présentent certains symptômes - comme la toux - de "mettre un masque pour protéger les autres" et de consulter un médecin en cas de fièvre.

"Dans ce cas, il faut consulter rapidement parce que si ces personnes arrivent de l’hémisphère sud, elles ont pu, par exemple, être contaminées par le virus de la dengue ou du chikungunya ou par le virus Ebola. Il y a des mesures particulières à mettre en place en fonction de la maladie", explicite la spécialiste, pour terminer.