« Aujourd’hui nous sommes unies », a déclaré l'actrice Anouska De Georgiou. D’après les informations de l’AFP, ce mardi 27 août, elles étaient 16 réunies au tribunal fédéral de Manhattan pour raconter l’enfer que le financier américain Jeffrey Epstein leur aurait fait vivre. 

Accusé par de nombreuses femmes de multiples agressions sexuelles sur mineure, le millionnaire s’est suicidé dans sa cellule le 10 août dernier. Si son procès n'aura donc pas lieu, ses victimes présumées ont été invitées par le juge Richard Berman à prendre la parole avant la clôture du dossier. 

Conscientes qu’elles ont perdu la guerre juridique face à leur bourreau, ses victimes présumées demandent désormais à la justice de traquer et punir ses complices. En effet, Jeffrey Epstein, ami des puissants, n’aurait pas agi seul.

Ghislaine Maxwell, son ancienne compagne, disparue des radars depuis 2015, est notamment soupçonnée de lui avoir servi de rabatteuse.

Un traumatisme indélébile 

L’Agence France Presse rend compte de cette audience lourde en émotion. L’une après l’autre, les victimes présumées du pédocriminel ont raconté leur histoire. 

Anouska De Georgiou, 42 ans, qui affirme avoir été agressée sexuellement par l’homme, résume un sentiment collectif : « Je ne vais pas être une victime ni rester silencieuse un jour de plus ». En larmes, certaines racontent la façon dont, très jeunes, elles ont été « recrutées » pour des « massages » avant d’être contraintes à avoir des relations sexuelles avec Jeffrey Epstein.

J'étais son esclave. Je me sentais désarmée et honteuse

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L'ex hôtesse de l'air Chauntea Davies en a vomi « à mort » pendant deux semaines à l’hôpital : « Toutes les humiliations publiques que j'ai subies, c'est moi qui ai souffert et lui (Epstein) qui a gagné. » Une autre, qui souhaitait rester anonyme, a affirmé qu’il l’avait menacée de la tuer si elle perdait sa virginité : « J'étais son esclave. Je me sentais désarmée et honteuse ». Elle déclare être « hantée à jamais » par son viol.

La colère d’un procès raté

« Le fait que je ne pourrai jamais confronter mon prédateur au tribunal me ronge l'âme », a déclaré Jennifer Araoz. 

La justice ne sera jamais rendue dans cette affaire

Courtney Wild, 30 ans, parle de la lâcheté du financier de s’être suicidé en prison et ne décolère pas : « Je suis très en colère et triste, car la justice ne sera jamais rendue dans cette affaire ». 

Mais ces accusatrices se concentrent désormais sur les vivants. Plusieurs d’entre elles affirment avoir été « recrutées » à l’époque par Ghislaine Maxwell, qui a toujours démenti ces accusations. 

Poursuivre l'enquête

Sarah Ransome, qui a remporté un procès au civil contre Jeffrey Epstein en 2018, a supplié les juges de poursuivre leurs recherches : « S'il vous plaît, s'il vous plaît, terminez ce que vous avez commencé. Les victimes américaines sont prêtes à dire la vérité. Il n'a pas agi seul ».

Il faut continuer à faire la vérité et ne pas s'arrêter là

Et Virginia Giuffre, 35 ans et mère de trois enfants, d’appuyer : « Il faut continuer à chercher la vérité et ne pas s'arrêter là. » Concernant ses accusations contre le prince Andrew, l'ex "esclave sexuelle personnelle" d'Epstein a déclaré aux journalistes qu’il savait « exactement ce qu’il a fait » et espère qu’il l’avouera, alors même que le fils d’Elisabeth II et du duc d’Édimbourg dément fortement toute implication dans cette affaire. 

Le juge Berman a salué le « courage » de ces femmes et la procureure fédérale Maurene Comey a promis que l’enquête se poursuivrait. 

Deux enquêtes sont ouvertes sur les circonstances entourant la mort d’Epstein. Jeffrey Epstein risquait 45 ans de prison sur le sol américain en cas de condamnation.