Une nouvelle femme accuse Tariq Ramadan, 57 ans, de viol. Les faits se seraient déroulés au Sofitel de Lyon, le 23 mai 2014. L'accusatrice, alors journaliste radio, rencontre l'islamologue pour une interview. Celui-ci l'aurait alors violée avec "un membre de son staff" à plusieurs reprises, pendant deux heures.

Fin juillet, le parquet de Paris a délivré un réquisitoire supplétif pour "viol commis en réunion" et "menace ou acte d'intimidation". C'est ce que révèlent Le Journal du dimanche et Europe 1, samedi 24 août, dévoilant des extraits de la plainte. 

Les juges d'instruction en charge de l'enquête doivent décider d'une nouvelle mise en examen, et éventuellement demander à un juge des libertés et de la détention la révocation de son contrôle judiciaire, ordonné en novembre.

Une vie brisée

"M. Tariq Ramadan m'avait contactée sur Facebook courant 2013 au prétexte que nous avions des amis en commun…", explique la plaignante, dont l'identité n'est pour l'instant pas connue. 

"Nous avons commencé à discuter puis c'est allé très vite, c'était d'une violence inouïe", explique-t-elle, précisant : "Il n'y avait aucun acte de séduction de ma part."

Le JDD et Europe 1 relatent que "plusieurs faits de viol" sont ensuite détaillés dans la déposition, et que "l'ami" de Tariq Ramadan aurait pris part à l'un d'entre eux.

On apprend ensuite que la vie de cette femme aujourd'hui âgée d'une cinquantaine d'années a été "brisée", causant un divorce, un déménagement, une dépression, et une tentative de suicide. 

Intimidation 

Lorsque la victime présumée menace de porter plainte, au moment de partir, Tariq Ramadan l'aurait menacée : "Tu ne sais pas à quel point je suis puissant."

Tu ne sais pas à quel point je suis puissant.

Il aurait ensuite "changé d'attitude" en lui disant qu'elle "lui plaisait vraiment", lui aurait proposé de se revoir pour finalement faire l'interview convenue, et l'aurait embrassée sur le pas de la porte.

Vidéo du jour

On apprend également que Tariq Ramadan l'a recontactée sur Messenger, la messagerie instantanée de Facebook, le 28 janvier 2019, soit deux mois après sa remise en liberté à la suite de dix mois en détention provisoire pour deux mises en examen pour viol. 

"J'ai une proposition à vous faire. Sur le plan professionnel, lui aurait-t-il avancé. Vous avez toujours le même numéro de téléphone ?" L'intéressée n'a pas répondu.

Elle a ensuite déclaré à la police que le lendemain en fin de journée, deux hommes se sont rendus à son domicile : "Ils m'ont dit que Tariq Ramadan avait essayé de me joindre et que si j'avais des idées mal intentionnées, ils pouvaient arranger ça…"

Déjà visé par quatre plaintes pour viol

Les accusations de viol s'accumulent pour Tariq Ramadan.

L'islamologue à la double nationalité suisse et égyptienne est déjà sous le coup, en France, d'une double mise en examen pour viol, depuis février 2018. Un viol qui aurait été commis contre une personne vulnérable en 2009, à Lyon, et un qui aurait été commis contre Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, en 2012 à Paris. 

À ce titre, Tariq Ramadan avait passé dix mois en prison, en détention provisoire, de février à novembre 2018. Il a été libéré contre une caution de 300.000 euros. L'islamologue a été placé sous contrôle judiciaire et a interdiction de quitter le territoire, ainsi que de contacter les deux victimes présumées.

En mai 2018, une troisième Française l'a accusé de viol, violences, menaces et chantages, témoignant anonymement sur BFMTV. Elle avait porté plainte, mais Tariq Ramadan n'avait pas été mis en examen. Il est actuellement placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, indique France 24.

En Suisse, Tariq Ramadan est également visé depuis avril 2018 par une plainte pour viol et séquestration, déposée à Genève en avril 2018. Après un an de procédures, un juge suisse se rendra à Paris pour l'interroger, à l'automne, et organiser une première confrontation avec la plaignante, révélaient Europe 1 et Libération début août 2019.