Le hashtag #mentalfitness dépasse les 390 000 posts sur Instagram - dont quelque 100,000 concentrés sur 2022. Sur TikTok, on note même une hausse de 575 % des occurrences sur le sujet entre 2021 et 2022 (58.5 millions de vues). 

Imaginez-vous en dernière étape d’une compétition. Si vous gagnez, vous décrochez la médaille d’or et un chèque de 100 000 euros. Sinon, à vous la déception et le retour à l’anonymat. En temps normal, vous pouvez raisonnablement réussir la performance exigée. Mais à l’instant T, avec toute cette pression ?

Selon le coach Shirzad Chamine, votre aptitude à surmonter la peur d’échouer dépend de votre niveau dans une qualité stratégique, identifiée par ce neuroscientifique de renom sous le nom de "mental fitness" - "fitness mental" en français. Ou la vitesse à laquelle vous êtes capable de basculer d’un état négatif à une réponse positive face à tout challenge, programmé ou non.

Vidéo du jour

Basculer du stress à la sérénité et la performance

Revenons à votre compétition : quand vient le moment-clé, peut-être êtes-vous effleuré par une seconde de peur, une pensée fugitive ("si je rate maintenant, tout le monde va me mépriser") ?

"Si votre mental fitness est élevé, vous êtes capable d’activer votre cerveau de manière à vous retrouver immédiatement dans un état d’esprit calme, clair et concentré", illustre Shirzad Chamine sur son blog Positive Intelligence.

Parce qu’elles n’ont plus envie de se laisser polluer par les pensées négatives et les schémas d’échec, de plus en plus de personnes s’engagent à suivre le programme Mental Fitness.

Développer notre Mental Fitness revient à déployer notre capacité à appréhender les événements de notre vie dans un état d'esprit positif plutôt que négatif.

"C’est un outil dérivé du modèle d'Intelligence Positive et son Quotient d'intelligence Positive (QP). Mises au point par Shirzad Chamine, ces notions puisent à la fois dans les théories de la psychologie positive et du coaching" décrit Peggy Tarillon, coach et auteure de S’envoler enfin (Éditions Dangles).

"Le QP est le pourcentage de temps durant lequel notre mental agit en tant qu'allié et non en tant qu'ennemi. Développer notre Mental Fitness revient à déployer notre capacité à appréhender les différents événements de notre vie dans un état d'esprit positif plutôt que négatif".

Faire le lien encore corps, émotions et pensée

Basé sur des recherches réalisées sur plus de 500 000 personnes, le QP peut désormais être mesuré via un simple test de deux minutes, comme l’affirme Shirzad Chamine. L'étude montre que vous pouvez booster ce score de manière significative en entraînant les 3 muscles (cérébraux) du mental fitness 15 min par jour, pendant 6 semaines.

C’est ce qu’a expérimenté Peggy Tarillon en 2020, quand elle signe pour le programme spécifique pour les coachs. "En moins de deux mois, mon score QP est passé de 42% à 86%".

Peggy Tarillon dispense ce programme en français et sur huit semaines, à des petits groupes de personnes "qui souhaitent franchir des étapes de vie". Selon elle, "muscler" nos ressources internes requiert de faire le lien entre les trois parties de notre être : corps, émotions et pensées.

Le fitness mental, pour "reprogrammer" son cerveau

"Prendre l’être dans sa globalité est le gage d’efficacité de cette approche. Les exercices recrutent autant nos émotions que notre sensorialité – comme le sens du toucher - pour créer un affect qui nous donne envie de changer les choses", précise-t-elle. "De nombreuses recherches montrent que de multiples petites actions du quotidien permettent de reprogrammer notre cerveau". À commencer par les études autour de la plasticité cérébrale.

Celle-ci fait référence à la capacité du système nerveux à se modifier en fonction de l'expérience, des stimuli externes mais aussi de nos attitudes. "Plus un comportement est répété, plus il devient notre réponse prédominante. Cette réalité s'applique aussi aux émotions. La neuroplasticité cérébrale nous enseigne que l'expérience régulière d'émotions positives peut modifier notre cerveau de manière à favoriser notre bien-être et notre santé mentale", analyse le psychologue italien Luca Mazzuchelli, auteur de La méthode 1%, une petite habitude peut changer votre vie, (Albin Michel).

Comme beaucoup d’outils de développement personnel, le Mental Fitness nécessite une pratique très régulière, au même titre que le sport. "Cela ressemble à des mini exercices de quelques minutes, à faire trois fois par jour", décrit Peggy Tarillon. "Cette fréquence permet d’ancrer profondément la compétence recherchée afin qu’il devienne un réflexe de vie". 

3 outils psy (et issus du coaching) pour prendre soin de notre santé mentale avec le fitness mental 

  • Outil numéro 1 : Faire taire nos auto-saboteurs. 

À quoi ça sert ? Le coach Shirzad Chamine décrit un système opérationnel de 10 saboteurs (juge, victime, hyper performant, contrôlant, perfectionniste etc.) et 5 pouvoirs de notre "sage intérieur" (empathie, exploration, innovation etc.) dont nous serions tous munis. Cette classification aiderait à repérer les voix intérieures qui nous sabotent. "Il n’est pas possible de faire disparaitre les saboteurs mais on peut minimiser leur pouvoir de nuisance, apprendre à les détecter, à vivre avec", observe Peggy Tarillon.

Ça consiste en quoi ? Ce volet du fitness mental nous invite à identifier, grâce à un test, nos auto-saboteurs dans notre relation à nous-mêmes et aux autres. On s’applique ensuite à visualiser ce saboteur (surtout en nous projetant émotionnellement). On débriefe ensuite ce qui a été vu, ressenti dans le corps, avant de convoquer le mode sage qui dort en nous. Celui qui maîtrise les comportements qu’on souhaite avoir. Les rouages du sabotage sont remplacés par des actions positives qui nous font progresser.

Les limites de l’exercice ? "Il faut le pratiquer régulièrement, sinon ça ne marche pas", affirme Peggy Tarillon. "Courir une fois par mois ne fera pas de vous un bon coureur". Cet exercice exige aussi de l’honnêteté avec soi-même. "Si l'on n’a pas envie de faire sincèrement l’exercice, il ne servira à rien. Rien ne sert de mettre un mouchoir dessus. Ce n’est peut-être tout simplement pas le bon moment pour nous, dans notre vie", dit la coach.

  • Outil numéro 2 : Sortir du oui

À quoi ça sert ? Accéder à une requête, accepter une invitation… Nous sommes nombreux à dire oui à tout ce qu’on nous demande, par peur de décevoir, par envie ou besoin d’être aimé. Savoir dire non s’apprend, comme faire du vélo ! C’est l’une des conditions indispensables pour fixer des limites et respecter nos besoins.

Ça consiste en quoi ? À s’exercer régulièrement, de différentes manières et par palier à s’autoriser à dire non. Une première approche peut être de dire "oui, et… ". On complète ensuite en proposant quelque chose de supplémentaire. Exemple : "Oui, et la prochaine fois, merci de demander à ma collègue Nathalie".

Les limites de l’exercice ? "Quand on réalise que l’on a dit trop de oui, on peut se sentir frustrée, comme quand on fait un écart quand on fait un régime", décrit Peggy Tarillon. La coach conseille d’observer combien de temps cela nous prend pour réaliser qu’on n’avait pas vraiment envie d’accepter, pour décider nous en rendre compte plus vite. "L’essentiel n’est pas de ne pas dire oui, mais de prendre conscience que l’on dit oui pour progressivement le faire en conscience", constate la pro. 

  • Outil numéro 3 : Identifier nos valeurs

À quoi ça sert ? Faire la démarche active de cerner clairement les principes, qualités ou caractéristiques de la vie que nous considérons comme très importants (et donc non négociables) nous aide à clarifier nos priorités. Selon Peggy Tarillon, être pleinement conscient de nos valeurs nous différencie, nous donne un sens plus fort de nous-mêmes, ce qui se traduit par plus de confiance en nous. Cela nous donne une direction et nous permet de concentrer notre énergie et nos ressources plus efficacement. Nous prenons des décisions plus vite aussi.

Ça consiste en quoi ? À lister toutes les valeurs qui nous semblent fondamentales, puis à les réduire à 5 valeurs ou 5 groupes de valeurs. On les ordonne ensuite par ordre et par priorité. Enfin, il s'agit de s'interroger sur la manière dont nous les honorons. Comment, aussi, leur consacrer plus d'énergie.

Les limites de l’exercice ? Il n’est pas toujours simple de comprendre ce qu'est une valeur. À ne pas confondre, par exemple, avec des qualités que nous souhaiterions avoir. Ce ne sont pas nécessairement nos forces, ni des choses et encore moins des personnes. Certaines valeurs supposées peuvent nous empêcher de voir l'essentiel. D'où l'intérêt d'être accompagné par un professionnel qui saura nous questionner afin d’approfondir notre exploration. Enfin, il faut régulièrement actualiser nos valeurs (idéalement à chaque changement de décennie), car certaines prennent plus d'importance que d'autres au fil de la vie.