Les céréales du petit-déjeuner pour enfants, les nuggets et autres cordons bleus élaborés en usine, sont montrés du doigt en raison de leur liste d’ingrédients plus que discutable.

"Un aliment ne se résume pas à sa composition nutritionnelle, assure Anthony Fardet, chercheur en alimentation préventive et auteur de Pourquoi tout compliquer ? Bien Manger est si simple (Éd. Thierry Souccar). Si sa matrice a été dénaturée et qu’il comporte beaucoup d’additifs, il se rapproche plus de la chimie comestible que d’un véritable aliment".

Les mettre régulièrement au menu est ainsi susceptible d’altérer à terme notre santé, comme l’ont montré plusieurs études scientifiques récentes.

"Les aliments ultra-transformés s’avèrent en outre souvent trop riches en gras, en sucre ajouté, ainsi qu’en sel, et trop pauvres en protéines, en fibres et en micronutriments essentiels", observe le Dr Mélissa Mialon, chargée de recherche à la Trinity Business School (Irlande) et auteure de Big food & Cie.

Leur consommation à haute dose est donc à prohiber.

Une prise de poids notable, due à la dérégulation de la satiété

Comme ces aliments sont généralement mous, prémâchés par des process industriels, leur ingestion réclame peu de mastication. On les avale beaucoup plus vite et en plus grande quantité avant que le cerveau n’envoie au corps un signal de rassasiement.

Une étude américaine, publiée en juillet 2019 dans la revue Cell Metabolism, a ainsi montré que les personnes dont les repas se composent d’aliments ultra-transformés avalent 50 Kcal par minute, contre seulement 32 Kcal pour les personnes qui ne mangent que des aliments peu transformés, à teneurs en glucides, en protéines, en graisses et en fibres strictement identiques.

Résultat : les premières absorbent 500 kcal environ de plus par jour (+20%), ce qui ne tarde pas à se voir sur la balance. 

"Modifier la matrice des aliments dérégule la satiété", confirme Anthony Fardet. Les sucres étant libres, et non emprisonnés dans la matrice, ils font grimper plus vite le taux de glucose dans le sang (glycémie), ce qui fait bondir le risque d’obésité et de diabète de type 2.

Aliments transformés : un risque accru de maladies cardiovasculaires

Les acides gras saturés contenus dans les aliments ultra-transformés sont eux aussi plus nocifs que ceux apportés par les aliments peu transformés, comme les fromages traditionnels. Malsains pour le cœur et les artères, ils favorisent l’apparition d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Ces aliments industriels regorgent également de sel caché. Or une surconsommation de sel favorise la hausse de la tension artérielle et rigidifie la paroi des artères, ce qui fragilise le cœur à moyen terme.

Les reins ne sont pas non plus épargnés car "l’hypertension artérielle est l’une des causes majeures de dégradation des reins", souligne le Pr Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière et auteur de Les pouvoirs extraordinaires du rein (éd. Fayard).

Le microbiote intestinal bouleversé

Des expériences menées sur des souris ont prouvé que les aliments ultra-transformés freinent la croissance des bonnes bactéries de la flore digestive, qui produisent des composés bénéfiques pour l’organisme. Il en résulte un déséquilibre du microbiote qui se répercute, par effet ricochet, sur la santé générale.

Des chercheurs norvégiens de l’université d’Oslo ont ainsi montré que ces aliments dégradés par l’industrie induisent une perméabilité de l’intestin et une inflammation chronique du corps. Ils altèrent aussi la communication entre l’intestin et le cerveau, d’où une augmentation possible de l’anxiété.

L’insuffisance de fibres et la présence de nombreux additifs dans ces aliments sont particulièrement incriminées. Des scientifiques français de l’Institut Cochin mettent notamment en cause les émulsifiants, principalement le carboxyméthylcellulose dissimulé sous le sigle E466 dans de nombreux plats industriels.

En contribuant à l’appauvrissement du microbiote, cet additif pourrait induire des ballonnements et des douleurs intestinales selon leur étude publiée en décembre 20218. Il serait également susceptible d’aggraver des pathologies inflammatoires chroniques, telle que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.

* Étude SIGA sur l'offre alimentaire, 2021