Qui peut affirmer n'avoir jamais aimé être complimenté.e par ses ami.es, sa famille, ses collègues, sur ses réalisations personnelles ou professionnelles ?

Mais quand certain.es apprécient seulement la douce mélodie des éloges, et continuent à vivre normalement sans en obtenir, d'autres sont, eux, complètement addicts à la validation d'autrui

Un besoin vital d'être "confirmé.e" par l'extérieur, qui a de nombreuses conséquences. Car alors que ces personnalités remettent en question leurs opinions, leurs projets pour plaire à autrui, ne cessant de se déprécier, elles fragilisent un peu plus leur confiance en elles et leur psyché.

Une dépendance dont il est possible de s'affranchir, d'après le psychologue et coach émotionnel Boris Charpentier

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Chercher constamment à être rassuré et validé par les autres

Si lorsque vous faites ou dites quelque chose, votre seule pensée est d'impressionner autrui, attendant d'être approuvé.e par votre prochain, vous pourriez être dépendant.e de la validation d'autrui. Un comportement intériorisé et destructeur, qui se manifeste dans toutes les sphères de votre vie, exacerbant certains traits de caractère

"Être dépendant de l’approbation des autres c’est faire face à des difficultés dans l’affirmation de soi. C’est avoir du mal à exprimer ses besoins quand on ne sait pas si ceux-ci vont correspondre à ceux des autres. Mais c'est aussi éprouver de grandes difficultés à dire quand quelque chose ne nous convient pas et éprouver encore plus de difficultés à dire 'non'", reprend Boris Charpentier.

Et cela peut particulièrement se ressentir dans le travail, où la compétition est souvent de mise entre les salarié.es.

"Quelqu’un qui est aux prises avec une dépendance à l’approbation est susceptible de chercher constamment à être rassuré et validé par les autres. Cela s’accompagne souvent d’une peur intense de la critique, ce qui alimente le désir de plaire aux gens et le perfectionnisme pour obtenir l’approbation et se sentir en sécurité. Cela […] peut finir par nuire à sa santé physique, mentale et émotionnelle à mesure que son besoin d’approbation d’un tiers devient incontrôlable", complète Abby Rawlinson, thérapeute, auprès de Stylist UK.

Les risques d'une telle dépendance

Au travail, le risque d'épuisement professionnel nous pend au nez. Et dans notre vie de tous les jours, un sentiment de désalignement entre nos envies, nos besoins et ce que nous nous permettons d'entreprendre - si c'est approuvé par autrui - peut se faire ressentir. Ainsi, cette dépendance vient influencer nos relations aux autres et notre bien-être.

D'abord, car "je peux me sentir frustré et en colère contre l’autre de n’avoir pas deviné quels étaient mes besoins ou mes limites", prévient Boris Charpentier. Ensuite car ma santé mentale se retrouve de plus en plus fragilisée par un besoin incessant de l'autre pour me sentir heureux.se. 

"Les conséquences sont désastreuses car si d’un côté la source peut être une faible estime de soi, les conséquences sont une estime de soi encore plus faible. Si je n’ose pas exprimer mes besoins de peur de ne pas obtenir l’approbation des autres le risque est de ne jamais vraiment obtenir ce que je souhaite, de finir par me dire que peut être, je ne le mérite pas et de perdre le sens de mon existence et ma confiance en soi", continue le psychologue et coach. 

Éducation, adaptation, personnalité : les multiples origines du besoin d'approbation

Et les réseaux sociaux ont exacerbé ce besoin d'être quotidiennement validé.e. "Les réseaux sociaux ont peut être favorisé cette tendance en offrant un espace où la quête de likes et de commentaires se rapprochent d’une recherche permanente de validation en ligne", précise Boris Charpentier.  

Une dépendance à l'approbation qui résulte aussi de notre éducation.

"Pour certains personnes, l'addiction à l'approbation résulte du fait que […] la validation se gagnait par les actes, ce qui leur donnait l'impression que leur valeur était liée à ce qu'ils faisaient, et non à ce qu'ils étaient. Pour d'autres, la dépendance à l'approbation vient du fait qu'ils ont grandi dans un foyer émotionnellement imprévisible, abandonnant ou maltraitant, ce qui les conduit à rechercher l'approbation comme moyen de compenser leurs sentiments d'inadéquation et d'éviter le rejet", détaille la thérapeute.

Mais d'après Boris Charpentier, cette addiction au regard d'autrui est aussi adaptatif : un réflexe évolutif qui s'est inscrit dans nos gènes. 

"Il y a des milliers d’années et pendant longtemps on vivait en groupe de 3 ou 4 membres. Il fallait tout faire pour être accepté au sein du groupe et ne pas être exclu. Car en cas d’exclusion, le risque de survie était très faible. Donc pendant longtemps, obtenir l’approbation des autres était synonyme d’intégration et le rejet était synonyme de mort. C’est comme si ce système de pensée qui nous avait sauvé la vie pendant des siècles était encore inscrit dans notre ADN. Bien qu'aujourd’hui il ne soit plus pertinent", précise l'expert.

Les clés pour se libérer de cette dépendance

Cette tendance à se mettre de côté pour valoriser l'opinion d'autrui peut sembler indétachable de notre personnalité. Mais il est possible de l'adoucir.

Pour cela, "commencez par identifier et reconnaître vos comportements de recherche d'approbation, ainsi que les situations dans lesquelles vous ressentez la plus grande peur de la désapprobation. Lorsque vous serez prêt, vous pourrez commencer à explorer les croyances sous-jacentes qui sous-tendent ces comportements, ce qui peut impliquer de réfléchir à des expériences passées, comme l'enfance, qui ont contribué à ces comportements", propose Abby Rawlinson à Stylist UK.

Enclenchez une introspection afin de booster vos pensées intérieures : "un travail sur l’estime de soi et la confiance en soi est souvent nécessaire. Un travail en psychothérapie permettra de mieux se connaître et de mieux identifier ses propres valeurs afin d’apprendre à se valoriser indépendamment du regard des autres", complète Boris Charpentier. 

Mais le secret reste l'empathie envers ces difficultés et fragilités dont nous ne sommes pas responsables. "Un élément clé pour se remettre de la dépendance à l’approbation est de remettre en question votre perfectionnisme et vos normes irréalistes. C’est là que vous avez besoin d’auto-compassion. Au lieu de vous concentrer uniquement sur le résultat, appréciez l’effort qui accompagne chaque pas en avant", conclut la thérapeute.