La confiance en soi se créé et se défait en nous au fil des événements que l’on traverse. Et le monde du travail n’y échappe pas.

Alors que le secteur de l’emploi traverse régulièrement des changements, perturbant parfois les salarié.e.s, et que les salaires stagnent, garder une certaine assurance est parfois difficile.

Comment la préserver, voire l’intensifier ?

Manque de confiance en soi : un sentiment enraciné depuis l’enfance ou qui surgit face aux épreuves

La confiance en soi au travail est d’abord tout simplement une histoire de confiance en soi. Et les doutes ressentis au cours d’une carrière peuvent survenir en raison d’éléments qui appartiennent à notre histoire.

"Les croyances en vos capacités à réussir ou à échouer s’enracinent dans vos expériences passées. Elles se développent dès la petite enfance dans les interactions familiales par exemple", explique Elsa Andron, psychologue du travail, à Welcome to the jungle.

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L’experte prend en exemple un souvenir d’école, lorsque l’on revenait avec une mauvaise note et qu’on lisait la déception sur le visage de nos parents. "Là on développe un discours qui sonne comme ‘je ne suis pas capable de…’ et ça empiète sur notre capacité à nous réaliser", ajoute-t-elle.

Pour Mélissa Pangny, aussi psychologue du travail, il existe deux profils. "Soit cela remonte à très longtemps, durant l’enfance, soit il y a eu de gros traumatismes au travail qui ont fait dégringoler la confiance en soi", nous détaille-t-elle.

En effet, lorsqu’un.e salarié.e a subi du harcèlement ou un burn out, il est courant qu’une dépression se déclare. Il est alors difficile de s’en remettre et de retrouver une confiance globale pour reprendre le travail.

Aussi, au quotidien, certaines tâches sont plus compliquées à gérer. "Souvent, les personnes remontent des situations nouvelles, comme un challenge en termes de délai, de nouvelles compétences à mettre en œuvre ou la prise de parole en public", énumère notre experte.

Et cela peut se traduire par le syndrome de l’imposteur, qui n’aide pas vraiment à trouver de l’assurance sur son lieu de travail. D’après Droit Travail France, entre 62 et 70% de la population a déjà subi une fois ce syndrome au cours de sa vie.

Un mal qui vit en nous

Au fil des jours, les personnes en manque de confiance sont particulièrement handicapées lorsqu’elles ne travaillent pas du tout sur elles.

"Cela les amène à beaucoup plus travailler que d’autres, en prenant par exemple plusieurs jours pour préparer une présentation orale. Cela nuit donc à leurs performances. Et si on ne travaille pas assez bien dessus, le travail peut être de moins bonne qualité et être moins valorisé par l’employeur", détaille Mélissa Pangny.

L’experte ajoute que la confiance en soi n’est pas nécessairement influencée par les autres. Si les lieux de travail toxiques existent bel et bien, la bienveillance est généralement de mise. "Les personnes arrivent très bien à se rabaisser toute seule et elles vont généralement beaucoup se comparer. Le manque de confiance émane d’elles", analyse la psychologue.

Ainsi, en dépit d’une bonne ambiance ou de bons retours de la hiérarchie, l’assurance peut toujours difficilement s'installer.

Quelles actions mettre en place pour prendre de l’assurance ?

Au quotidien, il convient d’abord d’opérer quelques changements sur nous-même. D’abord : écouter plus et parler moins. On a tendance à penser qu’être confiant se traduit par être bruyant et démonstratif. Il faut donc reconsidérer le silence et le voir comme une chose que l’on offre : une personne qui prend plus de pauses paraîtra plus sûre d’elle qu’une personne qui parle vite.

Il convient aussi d’accepter que l’on n’aime pas son quotidien, et d’être honnête avec soi-même là-dessus. "Les neurosciences révèlent que le fait d’étiqueter une émotion joue un rôle important dans la réduction de son impact émotionnel. Le simple fait de dire ‘j’ai peur’ réduit l’activation de l’amygdale, le centre de la peur dans le cerveau", détaille Sarah Taylor, coach en santé mentale, au Guardian.

C’est souvent un travail en profondeur, et cela peut passer par la thérapie pour comprendre les mécanismes sous-jacent.

Aussi, il est important de cesser de se comparer, de se rappeler qu’on possède des rythmes différents, des priorités différentes et des désirs différents. "La comparaison tue la joie, la confiance et la personnalité. Choisissez avec soin les personnes de votre entourage avec lesquelles vous pouvez discuter honnêtement de votre travail ou de votre entreprise", conseille Elizabeth Van Den Bergh, coach de conférenciers, au Guardian.

Bien qu’il existe de nombreux exercices à appliquer, Mélissa Pangny ajoute quant à elle qu’il est important de faire un véritable travail sur soi. "C’est souvent un travail en profondeur, et cela peut passer par la thérapie pour comprendre les mécanismes sous-jacent ", assure notre experte.

Elle appuie d’ailleurs sur l’importance d’effectuer un travail de nuance. "On peut aussi être très mauvais, on n’est pas parfait", rappelle la psychologue. Avant d’ajouter : "Les personnes qui manquent de confiance ont aussi du mal à nuancer. Évidemment que l’on n’est parfois pas compétent, mais il faut savoir le reconnaître, sans considérer que tout est mauvais".

Et avec les autres ?

En ce qui concerne les rapports entretenus avec les collègues de travail ou la hiérarchie, il convient de laisser les autres assumer leurs mauvais comportements, s’ils existent.

Si vous travaillez avec quelqu’un qui nuit à votre confiance, rappelez-vous que c’est probablement à cause d’une déficience chez lui et non chez vous. "Lorsque vous êtes attaqué.e ou pris.e pour cible sur votre lieu de travail, il est facile d’accepter le blâme et de supposer que le problème vient de vous", explique la psychothérapeute Naomi Shragai, auteure de Work Therapy, au Guardian. Il faut donc remettre ses sentiments à leur juste place.

Pour conclure, une action très simple peut aussi être salvatrice : prendre la totalité de ses jours de congés. Des études ont en effet établi un lien entre la fatigue et la confiance en soi. Car, pour avoir de l’assurance, il faut de l’énergie.

Une étude menée par les psychologues Shenhav et Randy Bucknerby a montré que l’on est plus susceptible de douter de nos décisions si on a ressenti de l’anxiété en les prenant : on est donc moins à même de faire des choix sûrs lorsque l’on est fatigué, stressé ou à cours de ressources. Le cerveau est alors désespéré et opte pour le choix le plus sûr et non le meilleur.